• Il faut que le poète...

     

    Il faut que le poète, épris d'ombre et d'azur,

     Esprit doux et splendide, au rayonnement pur,

     Qui marche devant tous, éclairant ceux qui doutent,

     Chanteur mystérieux qu'en tressaillant écoutent

     Les femmes, les songeurs, les sages, les amants,

     Devienne formidable à de certains moments.

     Parfois, lorsqu'on se met à rêver sur son livre,

     Où tout berce, éblouit, calme, caresse, enivre,

     Où l'âme à chaque pas trouve à faire son miel,

     Où les coins les plus noirs ont des lueurs du ciel,

     Au milieu de cette humble et haute poésie,

     Dans cette paix sacrée où croit la fleur choisie,

     Où l'on entend couler les sources et les pleurs,

     Où les strophes, oiseaux peints de mille couleurs,

     Volent chantant l'amour, l'espérance et la joie,

     Il faut que par instants on frissonne, et qu'on voie

     Tout à coup, sombre, grave et terrible au passant,

     Un vers fauve sortir de l'ombre en rugissant !

     Il faut que le poète aux semences fécondes

     Soit comme ces forêts vertes, fraîches, profondes,

     Pleines de chants, amour du vent et du rayon,

     Charmantes, où soudain l'on rencontre un lion.

     

    Victor Hugo, 1842

      


    3 commentaires
  • Février

     

    Aux pans du ciel l'hiver drape un nouveau décor;

     Au firmament l'azur de tons roses s'allume

     Sur nos trottoirs un vent plus doux enfle la plume

     Des petits moineaux gris qu'on y retrouve encore.

     

    Maint coup sec retentit dans la forêt qui dort

     Et, dans les ravins creux qui s'emplissent de brume,

     Aux franges du brouillard malsain qui nous enrhume

     L'orient plus vermeil met une épingle d'or.

     

    Folâtre, et secouant sa clochette argentine,

     Le bruyant Carnaval fait sonner sa bottine

     Sur le plancher rustique ou le tapis soyeux;

     

    Le spleen chassé s'en va chercher d'autres victimes;

     La gaîté vient s'asseoir à nos cercles intimes...

     C'est le mois le plus court: passons-le plus joyeux.

     

    Louis Honoré Fréchette

     

     

     

     

    Les proverbes de Février

     

    Quand février n'a pas de grand froid

     

    Le vent dominera tous les autres mois.

     

    Mieux vaut un loup dans son troupeau, qu'un mois de février beau.

     

    Il ne faut pas que février, laisse sans feuille le groseillier.

     

    Si février n'a ni pluie ni giboulées

     

    Tous les mois de l'année seront ennuyés.

     

    En février,les agneaux naissent plus beaux.

     

    Fleur de février ne va pas au pommier.

     

    Si février est sec et chaud garde du foin pour tes chevaux.

     

    Neige de février tient comme l'eau dans un panier.

     

    Mieux vaut un renard au poulailler qu'un homme en chemise en février.

     

    Février trop doux printemps en courroux.

     

    Quand il tonne en février, il faut monter les tonneaux au grenier.

     

    Si février est chargé d'eau, le temps n'en sera que plus beau.

     

    Février qui gèle et tonne, annonce un bel automne.

     

    En février, signe de beau, quand les pies bâtissent haut.

     


    5 commentaires
  •  Marie-Bleue.

     

    Poète : François Coppée (1842-1908)

     

    Recueil : Sonnets intimes et poèmes inédits (1911).

     

     

     

     

     

    En vain je cherche un mot charmant qui vous désigne, 

    Un mot qui réunisse en sa simplicité 

    Votre blanche jeunesse et votre pureté ; 

    Aucun ne me contente et ne m'en semble digne.

     

    Il en est de bien doux pourtant qui me font signe, 

    Des mots resplendissants de candide beauté ; 

    C'est la neige d'hiver, c'est le Paros vanté, 

    Et l'hostie, et l'ivoire, et le lys, et le cygne.

     

    Mais j'exprimerais mal, en un mot comme en cent, 

    Cette grâce ingénue et ce charme innocent 

    Qui vous font à mes yeux si touchante et si belle,

     

    Et ne trouverais rien de plus essentiel 

    Que ce nom qui vous sied si bien et qui rappelle 

    L'image de la Vierge et la couleur du ciel.

     

    François Coppée.            

     


    4 commentaires
  •  

     

     

     

     

     

     

     

     Ton souvenir est comme un livre

     

    Poète : Albert Samain (1858-1900)

     

    Recueil : Au jardin de l'infante (1893).

     

     

    Ton Souvenir est comme un livre bien aimé, 

    Qu'on lit sans cesse, et qui jamais n'est refermé, 

    Un livre où l'on vit mieux sa vie, et qui vous hante 

    D'un rêve nostalgique, où l'âme se tourmente.

     

    Je voudrais, convoitant l'impossible en mes vœux, 

    Enfermer dans un vers l'odeur de tes cheveux ; 

    Ciseler avec l'art patient des orfèvres 

    Une phrase infléchie au contour de tes lèvres ;

     

    Emprisonner ce trouble et ces ondes d'émoi 

    Qu'en tombant de ton âme, un mot propage en moi ; 

    Dire quelle mer chante en vagues d'élégie 

    Au golfe de tes seins où je me réfugie ; 

    Dire, oh surtout ! tes yeux doux et tièdes parfois 

    Comme une après-midi d'automne dans les bois ; 

    De l'heure la plus chère enchâsser la relique, 

    Et, sur le piano, tel soir mélancolique, 

    Ressusciter l'écho presque religieux 

    D'un ancien baiser attardé sur tes yeux.

     

    Albert Samain.           

     


    8 commentaires
  • Toi dont la voix est une musique, pourquoi écoutes-tu si mélancoliquement la musique ?

    Ce qui est doux ne heurte pas ce qui est doux ; la joie se plaît à la joie.

    Pourquoi aimes-tu ce que tu goûtes ainsi sans gaîté, ou du moins goûtes-tu avec plaisir ce qui t’attriste ?

    Si le juste accord des notes assorties, mariées par la mesure, blesse ton oreille, ce n’est que parce qu’elles te grondent mélodieusement de perdre dans un solo la partie que tu dois au concert.

    Remarque comme les cordes, ces suaves épousées, vibrent l’une contre l’autre par une mutuelle harmonie ; on dirait le père et l’enfant et la mère heureuse, qui, tous ne faisant qu’un, chantent une même note charmante :Voix sans parole dont le chant, multiple quoique semblant unique, te murmure ceci :« Solitaire, tu t’anéantis. »


    4 commentaires
  •  

     

    Les caresses des yeux

     

     

     

    Les caresses des yeux sont les plus adorables ;

     

    Elles apportent l'âme aux limites de l'être,

     

    Et livrent des secrets autrement ineffables, 

     

    Dans lesquels seul le fond du coeur peut apparaître.

     

     

     

     

    Les baisers les plus purs sont grossiers auprès d'elles ;

     

    Leur langage est plus fort que toutes les paroles ;

     

    Rien n'exprime que lui les choses immortelles

     

    Qui passent par instants dans nos êtres frivoles.

     

      

     

     

    Lorsque l'âge a vieilli la bouche et le sourire

     

    Dont le pli lentement s'est comblé de tristesses,

     

    Elles gardent encor leur limpide tendresse ;

     

     

     

     

    Faites pour consoler, enivrer et séduire,

     

    Elles ont les douceurs, les ardeurs et les charmes !

     

    Et quelle autre caresse a traversé des larmes ? 

     

      

     

    Auguste Angellier

     


    6 commentaires
  •  

     

     

     

     

     

     

    L'origine de la saint Valentin

    L'origine de cette fête demeure un mystère, comme l'amour ! le 14 février, c'est la saint Valentin, comme chaque jour du calendrier catholique, on fête un saint. Et les saints sont toujours patrons de quelque chose. Patron d'un lieu, d'une corporation ou d'une organisation. Ainsi, saint Roch est le patron des bergers... Et l'Église a fait de saint Valentin le patron des fiancés. 

     

    Pourquoi Valentin ? Il n'y a pas de Valentin martyr ou autre qui a quelque chose à voir avec les amoureux... 

     

    Dans la Rome antique, on fêtait certes le 15 février les Lupercales, célébration un brin paillarde du dieu Faune mais on ne peut affirmer que la saint Valentin a été instaurée pour remplacer cette fête païenne, d'autant plus qu'elle ne fut guère célébrée par l'église. 

     

     

    C'est au Moyen Âge, en Angleterre, que sont apparus les premiers mots d'amour liés à l'occasion de la saint Valentin. Une tradition raconte que les oiseaux s'accouplaient à la mi-février... C'est la fin de l'hiver : les premières fleurs apparaissent avec les premiers gazouillis des oiseaux... 

     

     

    Mais c'est surtout au XVIIe siècle, que Valentine devient populaire. William Shakespeare, dans Hamlet, fait chanter Orphelia :

     

     

     

    texte de William Shakespeare :

     

    To-morrow is Saint Valentine's day.

    All in the morning betime,

    And I a maid at your window,

    To be your Valentine.

    Then up he rose and donned his clo'es

    And dupped the chamber door,

    Let in the maid, that out a maid,

    Never departed more. traduction de Victor Hugo : 

     

    Bonjour ! c'est la Saint-Valentin.

    Tous sont levés de grand matin. 

    Me voici, vierge, à votre fenêtre,

    Pour être votre Valentine.

    Alors, il se leva et mit ses habits,

    Et ouvrit la porte de sa chambre ; 

    Et vierge elle y entra, 

    et puis jamais vierge elle n'en sortit. 

     

    Valentin & Valentine

    Valentin est un prénom d'origine latine. Il s'écrit en latin Valentinus et provient de valens,-tis : fort, robuste, vigoureux. Ce nom n'a apparemment rien à voir avec l'amour... mais l'amour ne rend-il pas ceux qui s'aiment plus forts ? 

     

    En anglais, Valentin se dit Valentine (le i se prononce [aï]) et ce nom est aussi bien valable pour l'homme que pour la femme... Valentine désigne un amoureux (homme ou femme) c'est la personne à qui on souhaite la saint Valentin, on lui dit alors :

    Be my Valentine! sois mon Valentin ! sois ma Valentine ! 

     

     

    Valentine, c'est aussi une carte d'amour que l'on s'envoie le Valentine's Day comme on s'envoie des cartes de vœux pour le nouvel an... 

     

     

    lvo_imagesia-com_15c1y.gif

     


    2 commentaires
  •  

     

     

    Illustration pour l'Isolement de Lamartine par Victor Adam

     

     

     

    L'isolement, poème de Lamartine 

     

     

     

     

    Souvent sur la montagne, à l'ombre du vieux chêne,

     

     Au coucher du soleil, tristement je m'assieds ;

     

     Je promène au hasard mes regards sur la plaine,

     

     Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds. 

     

     

     

    Ici gronde le fleuve aux vagues écumantes ;

     

     Il serpente, et s'enfonce en un lointain obscur ;

     

     Là le lac immobile étend ses eaux dormantes

     

     Où l'étoile du soir se lève dans l'azur.

     

     

     

    Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres,

     

     Le crépuscule encor jette un dernier rayon ;

     

     Et le char vaporeux de la reine des ombres

     

     Monte, et blanchit déjà les bords de l'horizon.

     

     

     

    Cependant, s'élançant de la flèche gothique,

     

     Un son religieux se répand dans les airs :

     

     Le voyageur s'arrête, et la cloche rustique

     

     Aux derniers bruits du jour mêle de saints concerts.

     

     

     

    Mais à ces doux tableaux mon âme indifférente

     

     N'éprouve devant eux ni charme ni transports ;

     

     Je contemple la terre ainsi qu'une ombre errante

     

     Le soleil des vivants n'échauffe plus les morts.

     

     

     

    De colline en colline en vain portant ma vue,

     

     Du sud à l'aquilon, de l'aurore au couchant,

     

     Je parcours tous les points de l'immense étendue,

     

     Et je dis : " Nulle part le bonheur ne m'attend. "

     

     

     

    Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières,

     

     Vains objets dont pour moi le charme est envolé ?

     

     Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,

     

     Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé !

     

     

     

    Que le tour du soleil ou commence ou s'achève,

     

     D'un oeil indifférent je le suis dans son cours ;

     

     En un ciel sombre ou pur qu'il se couche ou se lève,

     

     Qu'importe le soleil ? je n'attends rien des jours. 

     

     

       

    Alphonse de Lamartine (publié en 1820)  


    5 commentaires
  •  

     

    A propos du pouvoir des mots

     

    Afficher l'image d'origine 

     

    Quand il y a le silence des mots,

    se réveille trop souvent la violence des maux.

     

    --------------------------------------------------------------------------------

    Mais il ne suffit pas de rompre le silence,

    et de sortir du mutisme,

    encore faut-il se sentir reçu, entendu et amplifié

    lors de ses tâtonnements à mettre en mots.

    Il y a des mots vibrants de vie,

    des mots ferveur pour l’amour,

    des mots patience ou enthousiastes pour la compassion,

    des mots de tolérances pour la liberté d’être.

    Il y a des mots porteurs de mort et de violence,

    chargés de haine et d’inimitié.

    Il y a les mots simples et nécessaires du quotidien

    et les mots rares de l’exceptionnel,

    les mots familiers de la banalité

    et les mots précieux de l’extraordinaire.

    Il y a les mots économes de la survie

    et ceux dont la richesse

    qui nous transporte vers le meilleur

    de l’autre et de nous mêmes.

    Il y a des mots obscurs, hésitants, torturés

    des mots balbutiant et aussi des mots posés

    et confiants déjà plus mâtures,

    pleins de sagesse et de sérénité,

    lourds de tout leur poids d’espoir

    et du sens profond qu’ils portent.

    Il faut déjà du temps pour qu’un ressenti,

    une émotion, un vécu trouvent le chemin des mots.

    Pour qu’ils migrent des lieux du corps

    où ils naissent et s’inscrivent,

    jusque sur la scène symbolique de la représentation.

    Pour qu’ils accèdent ainsi au registre de la pensée,

    par un subtil travail de transformation

    qui mène de l’irreprésenté au figurable, de l’informulé au dicible.

    Il faut parfois bien plus de temps encore,

    pour qu’un mot devienne parole,

    pour qu’il sorte des limbes de l’imaginaire

    où il a été conçu et vienne ainsi au monde

    dans le passage étroit et délicat

    qui va de l’impression à l’expression,

    de l’ouverture de soi à la transmission à l’autre.

    Au début était le Verbe

    et donc l’énergie du souffle vital.

    Notre existence est tissée

    de toutes les tentatives d’échanges et de partages

    qui ont jalonné les différentes étapes de notre vie.

    Notre bien être se nourrit ainsi de la qualité

    des relations significatives amorcées, acceptées,

    nouées et entretenues dans la durée,

    avec des êtres que nous avons côtoyés.

    Et notre état de santé est exactement proportionnel

    à notre capacité à nous respecter face à autrui.

    Il y a des mots toxiques et des mots blessants,

    des mots qui distillent leur venin ou leur aigreur,

    bien au delà du temps où ils ont été prononcés.

    Je peux imaginer que beaucoup ont déjà appris

    à ne pas les garder, à ne pas laisser trop longtemps fermenter

    en eux les disqualifications, les humiliations,

    les propos destructeurs

    ou simplement négatifs et néfastes qui leur ont été adressés.

    Il y a bien sûr, des mots cadeaux,

    des mots de grâce, des mots bénis et des mots magiques

    que nous pouvons accueillir et amplifier en nous.

    J’en ai tout au long de ma vie recueillis

    et rassemblés, je les ai déposés

    en des livres légers ou plus serieux.

    Des mots graves et des mots plaisirs,

    des mots éveil et des mots envols,

    des mots rires et des mots tendres,

    des mots si féconds et si lumineux,

    qu’ils restent longtemps en nous,

    tels des germes qui fleuriront

    aux instants les plus inattendus

    de nos jours.

    Une parole pleine a des vertus curatives

    et une puissance thérapeutique,

    elle possède un fort pouvoir de vie,

    quand elle ne juge pas,

    quand elle ne dicte pas, quand elle n’enferme

    ou ne dépossède pas.

    Une parole soigne quand elle permet de penser

    les douleurs et les souffrances intimes,

    un penser qui peut s’écrire aussi avec un a,

    quand il panse les blessures et les mutilations anciennes

    jusqu’à la cicatrisation.

    Et je trouve beau de faire mémoire

    en son vivant

    de mots, qui ont en nous assez d’énergie

    pour nous faire avancer et croître.

    Une parole guérit lorsqu’elle nous invite

    à reconnaître le sens,

    et à trouver l’enjeu caché

    d’une mise en maux.

    Une parole libère lorsqu’elle stimule

    une mise en lien, qu’elle devient

    un pont, une passerelle

    entre deux événements,

    entre deux moments de notre histoire

    et qu’elle nous amène, non seulement

    à rendre plus conscient un peu de notre inconscient,

    mais à regarder et à voir autrement

    tout ce que nous savons déjà.

    Une parole nous conduit à sortir

    de nos pièges et de nos répétitions,

    elle nous déloge de notre tendance à la victimisation,

    lorsqu’elle suscite des échos et des résonances

    suffisamment profondes pour pouvoir enfin être entendue

    par celui-là même qui l’énonce.

    Ma grand mère se plaisait à rappeler

    que la véritable écoute, est une écoute dense (danse)

    tissée de silence et d’acceptation,

    prolongée par des regards,

    soutenue par une respiration et une présence.

    Une qualité d’écoute qui permet

    justement à celui qui parle

    d’entendre enfin ce qu’il dit.

     

     Puis-je rappeler qu’un livre a toujours deux auteurs

    celui qui l’écrit et celui qui le lit.

    Et poursuivre cette invitation

    en vous conviant à inventer et à offrir à votre tour,

    aux moments clés de votre vie

    des paroles à grandir.

     

     Ce texte est l’introduction de l’ouvrage publié chez Albin Michel: Paroles à guérir. 1999.

     

     

     

     


    5 commentaires
  • GGGrrrr !

     

    C'en est trop ! hier j'apprends qu'il est prévu une réforme de l'orthographe ??? ! je suis effarée, indignée et triste à la fois ...

     

    Du coup (et c'est très rare!) j'ai signé diverses pétitions et si le sujet vous attriste comme moi, n'hésitez pas à faire entendre votre voix avant qu'on lui enlève son "x" !!!!

     

    Texte (d'Emilie Moulin) trouvé sur le net et qui résume parfaitement ma pensée ...

     

    VHugo

     

    "Je suis scandalisée d'apprendre ce jour, 29 janvier 2016, que la réforme de l'orthographe de 1990 fait son grand retour.

     

    Amoureuses et amoureux de la Langue Française, dans toutes ses singularités, ses particularités ainsi que ses curiosités, je vous demande de me rejoindre contre l'aberration de la perte définitive de la sémantique, de la richesse d'une des plus belles langues du monde et de l'étymologie pleine de sens, d'Histoire et de marqueurs fondateurs.

     

    Notre orthographe est intellectuelle et dégage des caractéristiques essentielles. Étonnant que ce projet soit probablement entériné par nos "immortels" de l'Académie Française !

     

    Étymologiquement elle conserve les traces de ses origines latine/romane, grecque, francique et ancien français ou françois.

     

    Pauvre Charlemagne, pauvre Matière De France, pauvre Roman de la Rose, pauvres Boileau, Ronsard et Hugo et tant d'autres.

     

    Esthétiquement notre orthographe est ornementale et sa beauté singulière, ainsi que sa physionomie se révèlent par ses signes particuliers, ses lettres en sus et son idéographie. 

     

    La langue française est difficile. Plus particulièrement à l'écrit. Est-ce une raison pour scarifier son orthographe afin de la rendre plus accessible ? 

     

    Je pense aux Hindous de Pondichery, aux Cajuns Louisianais, aux Québécois et à tous ceux qui se disent fièrement appartenir à la Francophonie et qui éprouvent moins de difficultés que nos jeunes adeptes du SMS et de l'abrégé à respecter notre langue et ses subtilités magiques.

     

    J'ai conscience de prendre le parti du traditionalisme contre le réformisme. Mais l'on ne soigne jamais une affection sans traiter la cause et LE NIVELLEMENT PAR LE BAS sera la conséquence de cette réforme.

     

    Je tiens à mon accent circonflexe, je tiens à mon "i" d'oignon, nénufar sans son "ph" ne me fait plus rêver et quantités d'autres éraflures que vous proposez ...

     

    Vous avez sans doute voulu pallier la non application de la réforme de 1990 dans les manuels scolaires et les écrits administratifs ? 

     

    Conscientes et conscients de la richesse étymologique du français écrit, nous n'avons pas eu notre mot à dire.

     

    Nous n'avons pourtant pas moins de valeur que les académiciens et pourtant, ils ne nous écoutent ni ne nous parlent."

     

     

     

    Merci de m'avoir lu ... 


    13 commentaires
  • Titre : La fleur renvoyée

     

    Poète : Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859)

     

    Recueil : Romances (1830).

     

     

    Adieu, douce pensée, 

    Image du plaisir ! 

    Mon âme est trop blessée, 

    Tu ne peux la guérir. 

    L'espérance légère 

    De mon bonheur 

    Fut douce et passagère, 

    Comme ta fleur.

     

    Rien ne me fait envie, 

    Je ne veux plus te voir. 

    Je n'aime plus la vie, 

    Qu'ai-je besoin d'espoir ? 

    En ce moment d'alarme 

    Pourquoi t'offrir ? 

    Il ne faut qu'une larme 

    Pour te flétrir.

     

    Par toi, ce que j'adore 

    Avait surpris mon cœur ; 

    Par toi, veut-il encore 

    Égarer ma candeur ? 

    Son ivresse est passée ; 

    Mais, en retour, 

    Qu'est-ce qu'une pensée 

    Pour tant d'amour ?

     

    Marceline Desbordes-Valmore.            


    2 commentaires
  • La Chandeleur

     

     

    Publié le 9 septembre 2009 par Vette de Fonclare

     

     

     

     

     

    Dehors le mistral devient fou,

     Cogne à la porte et la secoue ;

     Mais chez nous l’on est vraiment bien

     A perpétrer un rite ancien !

     

    Car l’on est à la Chandeleur,

     Jour familial haut en couleurs.

     Dans la cuisine il fait très bon …

     La crêpe d’Anna fait un bond

     

    Et retombe bien dans la poêle.

     Il faut voir le regard des mâles

     Déjà prêts à la dévorer !

     Mais halte ! Il faut continuer …

     

    A la crêpe du vieil Arthur !

     Elle s’aplatit sur le mur ;

     Celle de grand-père Raymond

     Est restée collée au plafond ;

     

    Quand à celle d’oncle Lucien,

     Elle est retombée sur le chien :

     Stupéfait il reste coiffé

     D’un chaud et odorant bonnet …

     

    Tout le monde est tordu de rire.

     Le bon vieux chien pousse un soupir,

     Puis fataliste et résigné

     Se laisse aller à le manger ! 

     

    La chandeleur, ou fête des chandelles, est célébrée chaque année 40 jours après Noël, soit le 2 février. Dans la tradition chrétienne, elle est le jour de la présentation de Jésus au Temple.

     

    Retour de la lumière

    Comme beaucoup de fêtes religieuses, il s'agit d'une fête païenne plus ancienne récupérée par le pape Gélase 1er au Ve siècle, qui institua chaque 2 février une procession avec des chandelles. On raconte que ce pape faisait distribuer des crêpes aux pèlerins arrivant ce jour-là à Rome.

     

    À l'origine, la chandeleur marque le moment où les jours commencent à s'allonger plus rapidement. On fêtait alors le retour à la lumière en marchant aux flambeaux, puis en disposant des chandelles dans sa maison, et enfin... en mangeant des crêpes !

     

    Pourquoi des crêpes ?

    Pourquoi des crêpes le jour de la chandeleur ? Tout d'abord, leur forme ronde et leur couleur symbolisent le disque solaire, et le retour de la lumière.

     

    Ensuite, elles demandent peu d'ingrédients et sont réalisées avec l'excédent de farine de l'année précédente. On les tourne en espérant prospérité et abondance dans les prochaines récoltes.

     

    Ranger sa crèche...

    Certains les font sauter de la main droite, en tenant une monnaie dans la main gauche. D'autres conservent la première crêpe en haut d'une armoire.

     

    C'est aussi le jour de la chandeleur qui clôt le cycle de Noël. Et, si ce n'est pas déjà fait, c'est le 2 février que l'on range sa crèche.

     

    Le jour de la marmotte

    Aux États-Unis et au Canada, la chandeleur est concurrencée le 2 février par le jour de la marmotte (Groundhog Day). On doit se tenir ce jour-là devant le terrier de la marmotte de son choix, et attendre patiemment.

     

    Si l'animal sort de son abri et ne voit pas son ombre à cause du temps nuageux, l'hiver s'achèvera bientôt. Si par contre, le temps est lumineux, l'animal retournera dans sa tanière et on reprendra pour six semaines d'hiver supplémentaires...

     

    Le jour de la marmotte est au centre de la comédie américaine Un jour sans fin, où Bill Murray revit chaque jour la même journée dans une petite bourgade où il est venu faire un reportage :

    Publié dans papotage

     


    2 commentaires
  •  

     

     

    Alfred de MUSSET   (1810-1857)

     

     

    A une fleur

     

    Que me veux-tu, chère fleurette,

    Aimable et charmant souvenir ?

    Demi-morte et demi-coquette,

    Jusqu'à moi qui te fait venir ?

     

    Sous ce cachet enveloppée,

    Tu viens de faire un long chemin.

    Qu'as-tu vu ? que t'a dit la main

    Qui sur le buisson t'a coupée ?

     

    N'es-tu qu'une herbe desséchée

    Qui vient achever de mourir ?

    Ou ton sein, prêt à refleurir,

    Renferme-t-il une pensée ?

     

    Ta fleur, hélas ! a la blancheur

    De la désolante innocence ;

    Mais de la craintive espérance

    Ta feuille porte la couleur.

     

    As-tu pour moi quelque message ?

    Tu peux parler, je suis discret.

    Ta verdure est-elle un secret ?

    Ton parfum est-il un langage ?

     

    S'il en est ainsi, parle bas,

    Mystérieuse messagère ;

    S'il n'en est rien, ne réponds pas ;

    Dors sur mon coeur, fraîche et légère.

     

    Je connais trop bien cette main,

    Pleine de grâce et de caprice,

    Qui d'un brin de fil souple et fin

    A noué ton pâle calice.

     

    Cette main-là, petite fleur,

    Ni Phidias ni Praxitèle

    N'en auraient pu trouver la soeur

    Qu'en prenant Vénus pour modèle.

     

    Elle est blanche, elle est douce et belle,

    Franche, dit-on, et plus encor ;

    A qui saurait s'emparer d'elle

    Elle peut ouvrir un trésor.

     

    Mais elle est sage, elle est sévère ;

    Quelque mal pourrait m'arriver.

    Fleurette, craignons sa colère.

    Ne dis rien, laisse-moi rêver.

     

    Afficher l'image d'origine

     

     

     

     

     

     

     

     


    2 commentaires
  •  

    Afficher l'image d'origine 

    Pluie

     

    Théophile Gautier

     

     

    Ce nuage est bien noir : – sur le ciel il se roule,

     Comme sur les galets de la côte une houle.

     L’ouragan l’éperonne, il s’avance à grands pas.

     – A le voir ainsi fait, on dirait, n’est-ce pas ?

     Un beau cheval arabe, à la crinière brune,

     Qui court et fait voler les sables de la dune.

     Je crois qu’il va pleuvoir : – la bise ouvre ses flancs,

     Et par la déchirure il sort des éclairs blancs.

     Rentrons. – Au bord des toits la frêle girouette

     D’une minute à l’autre en grinçant pirouette,

     Le martinet, sentant l’orage, près du sol

     Afin de l’éviter rabat son léger vol ;

     – Des arbres du jardin les cimes tremblent toutes.

     La pluie ! – Oh ! voyez donc comme les larges gouttes

     Glissent de feuille en feuille et passent à travers

     La tonnelle fleurie et les frais arceaux verts !

     Des marches du perron en longues cascatelles,

     Voyez comme l’eau tombe, et de blanches dentelles

     Borde les frontons gris ! – Dans les chemins sablés,

     Les ruisseaux en torrents subitement gonflés

     Avec leurs flots boueux mêlés de coquillages

     Entraînent sans pitié les fleurs et les feuillages ;

     Tout est perdu : – Jasmins aux pétales nacrés,

     Belles-de-nuit fuyant l’astre aux rayons dorés,

     Volubilis chargés de cloches et de vrilles,

     Roses de tous pays et de toutes famines,

     Douces filles de Juin, frais et riant trésor !

     La mouche que l’orage arrête en son essor,

     Le faucheux aux longs pieds et la fourmi se noient

     Dans cet autre océan dont les vagues tournoient.

     – Que faire de soi-même et du temps, quand il pleut

     Comme pour un nouveau déluge, et qu’on ne peut

     Aller voir ses amis et qu’il faut qu’on demeure ?

     Les uns prennent un livre en main afin que l’heure

     Hâte son pas boiteux, et dans l’éternité

     Plonge sans peser trop sur leur oisiveté ;

     Les autres gravement font de la politique,

     Sur l’ouvrage du jour exercent leur critique ;

     Ceux-ci causent entre eux de chiens et de chevaux,

     De femmes à la mode et d’opéras nouveaux ;

     Ceux-là du coin de l’oeil se mirent dans la glace,

     Débitent des fadeurs, des bons mots à la glace,

     Ou, du binocle armés, regardent un tableau.

     – Moi, j’écoute le son de l’eau tombant dans l’eau.

     

    Théophile Gautier, Premières poésies

     


    3 commentaires
  •  

     

     

     

     

    L'hiver

     

    Poète : Anna de Noailles (1876-1933)

     

    Recueil : Le cœur innombrable (1901).

     

     

    C'est l'hiver sans parfum ni chants... 

    Dans le pré, les brins de verdure 

    Percent de leurs jets fléchissants 

    La neige étincelante et dure.

     

    Quelques buissons gardent encor 

    Des feuilles jaunes et cassantes 

    Que le vent âpre et rude mord 

    Comme font les chèvres grimpantes.

     

    Et les arbres silencieux 

    Que toute cette neige isole 

    Ont cessé de se faire entre eux 

    Leurs confidences bénévoles...

     

    — Bois feuillus qui, pendant l'été, 

    Au chaud des feuilles cotonneuses 

    Avez connu les voluptés 

    Et les cris des huppes chanteuses,

     

    Vous qui, dans la douce saison, 

    Respiriez la senteur des gommes, 

    Vous frissonnez à l'horizon 

    Avec des gestes qu'ont les hommes.

     

    Vous êtes las, vous êtes nus, 

    Plus rien dans l'air ne vous protège, 

    Et vos coeurs tendres ou chenus 

    Se désespèrent sur la neige.

     

    — Et près de vous, frère orgueilleux, 

    Le sapin où le soleil brille 

    Balance les fruits écailleux 

    Qui luisent entre ses aiguilles...

     

    Anna de Noailles.           

     


    6 commentaires
  •  

     

     

     

     

     

     

     

    (broderie faite par moi) 

     

    La broderie laisse libre cours à l'imaginaire

     

    Derrière le geste appliqué, la tête vagabonde

     

    Alors que les mains interprètent une histoire,

     

    Cultivent un jardin secret,

     

    La patience porte ses fruits !

     


    6 commentaires
  •  

     

    Une de mes broderies....blog en pause.

     

    Une de mes broderies....blog en pause.

     

     


    6 commentaires
  • Afficher l'image d'origine

     

    "Arracheur de dents" ?

     

    Cette expression du XVIIe siècle fait référence aux dentistes qui, autrefois, offraient leurs services sur les places publiques et dans les foires, affirmant que le patient ne souffrirait pas. On l'utilise donc maintenant pour parler d'une personne qui ment sans aucun scrupule.

     

    Si le mal de dent est aussi ancien que l'homme, il semble que  les gens chargés d'y porter remède n'ont occupé pendant longtemps qu'un rôle bien modeste. Il faut attendre l'oeuvre magistrale de Pline l'Ancien pour trouver dans la littérature médicale la pathologie et la thérapeutique des dents. L'étendue de son savoir va ouvrir aux médecins un domaine nouveau et capital : la connaissance des plantes et de leurs vertus contre la douleur. Les textes médicaux du premier siècle évoquent les traitements de la douleur dentaire, mais il ne semble pas pour autant qu'une "chirurgie" dentaire ait existé à cette époque. Le Moyen Âge connaîtra quelques progrès, avec l'apparition d'une activité plus magique que médicale, pratiquée par des charlatans ou des arracheurs de dents. La naissance d'une thérapeutique essentiellement dentaire, pratiquée par des gens dont c'était le métier, ne remonte, en France, qu'à 1699 où les textes royaux établissent le dentiste dans un cadre législatif sous l'autorité du Chirurgien du Roi.

     

    "Il sera fait défenses à tous bailleurs, renoueurs d'os, aux experts pour les dents, aux oculistes, lithotomistes et tous autres, exerçant telle partie de la chirurgie, que ce soit d'avoir aucun étalage, n'y d'exercer dans la ville et faubourgs de Paris, s'ils n'ont été jugés capables par le Premier Chirurgien du Roi en faisant la légère expérience et en payant les droits... les uns, ni les autres ne pourront prendre d'autre qualité que celle d'expert pour la partie de la chirurgie sur laquelle ils ont été reçus."

     

    Par cet édit, on exige des connaissances, une reconnaissance de la capacité et un titre donné par le Premier Chirurgien et des règles à suivre.

     

     

     

     

    Pourtant, les "charlatans", dont le Grand Thomas fut un des plus illustres représentants, ne disparaissent comment l'attestent de nombreux écrits.

     

    Le "Grand Thomas", qui opérait sur le Pont Neuf à Paris, atteint le sommet de sa gloire entre 1710 et 1730. Il avait été précédemment chirurgien dans le régiment des gardes françaises, puis garçon chirurgien...

     

    "Approchez, venez tous, je m'en vais vous guérir

     

    Personne là-dessus ne peut me démentir

     

    La vertu de mon bras opère des merveilles

     

    Jamais dessus la terre n'y aura mon pareil"

     

    Après avoir "soulagé" ses patients, il les envoyait chez la "Mère Ragonne" qui leur vendait de l'eau de vie. On sait de lui qu'il était tellement aimé et admiré qu'il rendait jaloux tous les autres arracheurs de dents et même les médecins. A sa mort, le 19 mars 1757, il laissait à ses héritiers 50 000 livres sonnantes, une maison, des meubles et ... un bonnet d'argent. En 1760 parut une complainte qui s'achevait par ces vers :

     

    "Grand Thomas avec son panache

     

    Est la perle des charlatans

     

    Il vous guérit le mal de dents

     

    Quand il vous les arrache."

     

    Sur les marchés et foires, la journée commençait par les achats indispensables puis on allait ensuite voir les saltimbanques, les vendeurs de médicaments miracles et autres montreurs de foire, le montreur d'ours et l'acrobate ou bien encore on se faisait aussi tirer la bonne aventure, pour deux sous dans la roulotte, où la voyante extra-lucide annonçait toujours le bonheur en amour et parfois la fortune. Les femmes surtout, s'arrêtaient devant les tréteaux des marchands forains, palpaient les étoffes aux couleurs vives, lorgnaient les bijoux et les parures.

     

    L'arracheur de dents était aussi par là, sur une estrade de fortune. un bonimenteur, généralement un musicien, était chargé d'attirer le chaland. Lorsqu'un patient se présentait, compère du dentiste ou client sérieux, on l'invitait avec forces discours à prendre place sur la chaise qui lui était réservée. Et la musique reprenait de plus belle. Le "chirurgien" ouvrait alors la bouche du patient, lui introduisait sa pince, le "pélican", et si c'était un compère, en un tournemain, extirpait une grosse molaire qu'il brandissait triomphalement pendant que son client se réjouissait de cette formidable opération sans douleur. Naïvement un vrai malade le remplaçait sur l'estrade. Et en avant la musique, car l'opération était bien sûr plus douloureuse et c'est alors que tout le bruit fait par l'orchestre n'était pas trop fort pour couvrir les cris du malheureux.

     

     

     

    Mais peut être ne furent-ils pas tous des "menteurs", mis à part un certain Cormier, qui, contre deniers, arracha des dents à un poète affamé sous promesse qu'il jurerait n'avoir ressenti aucune douleur.

     

     

     

    Mais une "histoire de dent" sert aussi à Fontenelle à dénoncer la propension au merveilleux, qui a puissamment contribué à faire naître des superstitions, et l'exploitation de ces superstitions par les idéologues religieux. Curieux, cultivé et d'une grande intelligence, passionné de sciences et animé d'une grande foi dans le progrès, ennemi de l'obscurantisme, tenant d'un rationalisme critique, Fontenelle apparaît surtout aujourd'hui comme le premier des philosophes des Lumières. En 1687, sa Digression sur les Anciens et les Modernes, référence à la fameuse querelle, lui vaut d'être élu à l'Académie française en 1691. Il prend naturellement fait et cause pour les Modernes, raillant l'esprit borné et passéiste des tenants de la tradition classique, ce qui lui vaudra d'être attaqué par les dévots qui entourent Louis XIV. L'histoire célèbre de "la dent d'or" est un bon exemple de son propos.

     

     Silésie, âgé de sept ans, il lui en était venu une d'or, à la place d'une de ses grosses dents. Horatius, professeur en médecine à l'université de Helmstad, écrivit, en 1595, l'histoire de cette dent, et prétendit qu'elle était en partie naturelle, en partie miraculeuse, et qu'elle avait été envoyée de Dieu à cet enfant pour consoler les chrétiens affligés par les Turcs. Figurez-vous quelle consolation, et quel rapport de cette dent aux chrétiens, et aux Turcs. En la même année, afin que cette dent d'or ne manquât pas d'historiens, Rullandus en écrit encore l'histoire. Deux ans après, Ingolsteterus, autre savant, écrit contre le sentiment que Rullandus avait de la dent d'or, et Rullandus fait aussitôt une belle et docte réplique. Un autre grand homme, nommé Libavius, ramasse tout ce qui avait été dit sur la dent, et y ajoute son sentiment particulier. Il ne manquait autre chose à tant de beaux ouvrages, sinon qu'il fût vrai que la dent était d'or. Quand un orfèvre l'eût examinée, il se trouva que c'était une feuille d'or appliquée à la dent avec beaucoup d'adresse; mais on commença par faire des livres, et puis on consulta l'orfèvre.

    "Assurons-nous bien du fait, avant de nous inquiéter de la cause. Il est vrai que cette méthode est bien lente pour la plupart des gens, qui courent naturellement à la cause, et passent par-dessus la vérité du fait; mais enfin nous éviterons le ridicule d'avoir trouvé la cause de ce qui n'est point.

     

    Ce malheur arriva si plaisamment sur la fin du siècle passé à quelques savants d'Allemagne, que je ne puis m'empêcher d'en parler ici.

     

    En 1593, le bruit courut que les dents étant tombées à un enfant de

     

    Rien n'est plus naturel que d'en faire autant sur toutes sortes de matières. Je ne suis pas si convaincu de notre ignorance par les choses qui sont, et dont la raison nous est inconnue, que par celles qui ne sont point, et dont nous trouvons la raison. Cela veut dire que non seulement nous n'avons pas les principes qui mènent au vrai, mais que nous en avons d'autres qui s'accommodent très bien avec le faux.

     

    Fontenelle - extrait de l'Histoire des oracles (1687) - Première dissertation, IV.

     

     

     

    Dans la littérature plus récente Primo Levi brosse une satire sociale et politique contre les "arracheurs de dents" qui, pour dominer le monde, érigent le mensonge en art. Dans Un testament adressé à son fils bien-aimé, publié dans son recueil de nouvelles Lilith, parodiant le style ampoulé des petits notables, il feint de faire l'éloge des charlatans, du le mensonge qui en fait la force et la noblesse, ce qui devrait les conduire à conquérir le monde.

     

    "Je ne doute pas que tu ne suives mes traces, et ne deviennes arracheur de dents comme je l'ai été, et comme avant moi l'ont été tes aïeux. Il faut donc que tu saches que la musique est nécessaire à l'exercice de nos fonctions : un bon arracheur de dents doit avoir à sa suite au moins deux trompettes et deux tambours, ou mieux deux joueurs de grosse caisse. Plus la fanfare déploiera de vigueur et d'entrain sur le lieu des opérations, plus tu seras respecté et plus la douleur de ton patient s'atténuera. Tu l'auras toi-même remarqué, lorsque enfant tu assistais à ma tâche quotidienne : on n'entend plus les cris du patient, le public nous admire et nous révère, et les clients qui attendent leur tour oublient leurs craintes secrètes. Un arracheur de dents qui travaillerait sans fanfare serait aussi malséant que le corps d'un homme nu. En aucun cas tu n'avoueras avoir extrait une dent saine ; au contraire, tu profiteras du vacarme de l'orchestre et de l'étourdissement du patient, de sa douleur même, de ses cris et de son agitation convulsive, pour extraire séance tenante la dent malade. Rappelle-toi qu'un coup rapide et franc sur l'occiput tranquillise le patient le plus récalcitrant sans en étouffer les esprits animaux et sans que le public s'en aperçoive. Rappelle-toi encore que dans ce cas comme dans d'autres, un bon arracheur de dents a soin d'avoir près de son estrade une voiture prête et les chevaux attelés.

     

    Nos adversaires nous narguent en disant que nous nous entendons à transformer la douleur en argent : les sots ! C'est là le meilleur éloge de notre magistère. Selon l'humeur que tu flaireras dans l'assistance, ton discours pourra tour à tour être plaisant ou austère, noble ou vulgaire, prolixe ou concis, subtil ou grossier. Il est bon en tout cas qu'il soit obscur, car l'homme redoute la clarté. Rappelle-toi que moins tes auditeurs te comprendront, plus ils auront confiance dans ta science et prêteront de mélodieux accents à tes paroles : le peuple est ainsi fait... et ne crains pas qu'on t'en vienne demander l'explication, car cela ne se produit jamais, personne ne trouvera le courage de t'interroger, pas même celui qui montera d'un pied ferme sur ton estrade pour se faire arracher une molaire. Et jamais, dans tes propos, tu n'appelleras les choses par leurs noms. Tu ne diras point dents, mais protubérances mandibulaires, ou tout autre bizarrerie qui te viendrait à l'esprit ; non point douleur, mais éréthisme. Tu n'appelleras pas l'argent, argent, et moins encore les tenailles, tenailles, tu ne les nommeras point, pas même par allusion, et tu les déroberas à la vue du public et particulièrement à la vue du patient, en les tenant cachées dans ta manche jusqu'au dernier instant.

     

    De tout ce que tu viens de lire, tu pourras déduire que le mensonge est un péché pour les autres, et pour nous une vertu. Le mensonge ne fait qu'un avec notre métier : il convient que nous mentions par la parole, par les yeux, par le sourire, par l'habit. Non pas seulement pour tromper les patients, tu le sais, notre propos est plus élevé, et le mensonge, et non le tour de poignet, fait notre véritable force. Avec le mensonge, patiemment appris et pieusement exercé, si Dieu nous assiste, nous arriverons à dominer ce pays et peut-être le monde : mais cela ne pourra se faire qu'à la condition d'avoir su mentir mieux et plus longtemps que nos adversaires. Je ne le verrai pas, mais toi tu le verras : ce sera un nouvel âge d'or. Il nous suffira, pour gouverner l'État et administrer la chose publique, de prodiguer les pieux mensonges que nous aurons su, entre-temps, porter à leur perfection. Si nous nous révélons capables de cela, l'empire des arracheurs de dents s'étendra de l'Orient à l'Occident jusqu'aux îles les plus lointaines, et n'aura pas de fin.

     

    Primo Levi

     

    Dans Un testament adressé à son fils bien-aimé", publié dans "Lilith" (coll. Le Livre de Poche),

     

     

     Afficher l'image d'origine

     

     

    Le site de l'Association de Sauvegarde du Patrimoine de l'Art Dentaire (ASPAD) présente le patrimoine historique exceptionnel, et particulièrement en France : documents, livres, petite instrumentation, meubles, équipements, etc ... de la profession dentaire.

     

    Autres sites :

     

    Regards sur l'histoire de l'art dentaire, de l'époque romaine à nos jours : http://www.academiedentaire.fr/attachments/0000/0095/CH_V...

     

    L'art dentaire à travers les âges : http://www.homeoint.org/seror/odonto/lalanneart.htm

     

     

     

     


    3 commentaires
  •  Regardez-moi dans les yeux

    Et dites-moi que vous n'êtes pas un peu heureux

    Avant de répondre, prenez le temps de penser

    À ce que la vie vous a donné.

    Pas aux choses que vous n'avez pas eues

    Mais, ce qu'avec plaisir vous avez reçu.

    Tout le monde dans sa vie a eu des moments merveilleux

    Et certainement aussi des malheureux.

    Oubliez vite les mauvais moments

    Vous serez beaucoup plus heureux dans le présent.

    Ne pensez pas à vous venger

    Il vaut bien mieux tout oublier

    Car si de la rancune vous gardez

    C'est vous seul qui en souffrirez.

    La vie ne peut nous donner

    Que ce que l'on veut bien accepter

    Si c'est le bonheur parfait que vous désirez,

    Ce n'est pas sur la terre que vous le trouverez.

    Acceptez donc, tout simplement,

    Les petites joies  que vous avez maintenant.

     

    Sophie

     

    Chezmaya.com


    7 commentaires
  •  Suis ton destin où il te mène

     

     

    Il y a des moments dans la vie où tu prends conscience que si tu ne bouges pas tu resteras toujours au même point. 

    Tu te rends comptes que si tu tombes et que tu restes à terre, la vie continuera sans toi.

     

    Les circonstances de la vie ne sont pas toujours ce que tu souhaiterais qu’elles soient. La direction de la vie ne va pas nécessairement dans celle que tu escomptais. 

    Sans pouvoir la comprendre, tu peux parfois être mené dans différentes directions que tu n’avais jamais imaginées, rêvées ou prévues. 

    Toutefois, si tu ne t’étais jamais efforcé de choisir une voie…ni essayé de réaliser tes rêves, tu n’aurais alors peut-être aucune direction du tout.

     

    Plutôt que de te demander quelle direction a pris ta vie ou te poser des questions à ce sujet, accepte le fait qu’une voie s’ouvre maintenant…devant toi. 

    Débarrasse-toi des « pourquoi » et des « si seulement » pour éliminer toute confusion. 

    Ce qui est arrivé, c’est du passé. 

    Ce qui est, voilà ce qui est important. Le passé n’est qu’un bref instant. 

    L’avenir ne s’est pas encore réalisé, mais le présent est là.

     

    Poursuis ton chemin pas à pas avec courage, foi et détermination. 

    Garde ta tête haute et cible tes rêves vers les étoiles. Bientôt, tes pas deviendront fermes et ta position redeviendra solide. 

    Une voie que tu n’avais jamais imaginée deviendra la direction la plus agréable que tu aies jamais espéré suivre.

    Garde confiance en toi-même et engage-toi dans ta nouvelle voie.

    Tu la trouveras magnifique, spectaculaire et t’apercevras qu’elle dépasse ton imagination la plus extraordinaire.

     

                                                 Vicki Silvers

     

    Un de ces textes à mettre sous cadre dans son lieu de vie et à relire souvent.

     

    Suis ton destin où qu'il te mène  Vicki Silvers


    5 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique