• L'hirondelle

     

    L'hirondelle.

     

     

     

     Ô petite hirondelle 

     Qui bats de l'aile, 

     Et viens contre mon mur, 

     Comme abri sûr, 

     Bâtir d'un bec agile 

     Un nid fragile, 

     Dis-moi, pour vivre ainsi 

     Sans nul souci, 

     Comment fait l'hirondelle 

     Qui bat de l'aile ?

     

    Moi, sous le même toit, je trouve tour à tour 

    Trop prompt, trop long, le temps que peut durer un jour. 

    J'ai l'heure des regrets et l'heure du sourire, 

    J'ai des rêves divers que je ne puis redire ; 

    Et, roseau qui se courbe aux caprices du vent, 

    L'esprit calme ou troublé, je marche en hésitant. 

    Mais, du chemin je prends moins la fleur que l'épine, 

    Mon front se lève moins, hélas ! qu'il ne s'incline ; 

    Mon cœur, pesant la vie à des poids différents, 

    Souffre plus des hivers qu'il ne rit des printemps.

     

     Ô petite hirondelle 

     Qui bats de l'aile, 

     Et viens contre mon mur, 

     Comme abri sûr, 

     Bâtir d'un bec agile 

     Un nid fragile, 

     Dis-moi, pour vivre ainsi 

     Sans nul souci, 

     Comment fait l'hirondelle 

     Qui bat de l'aile ?

     

    J'évoque du passé le lointain souvenir ; 

    Aux jours qui ne sont plus je voudrais revenir. 

    De mes bonheurs enfuis, il me semble au jeune agi 

    N'avoir pas à loisir savouré le passage, 

    Car la jeunesse croit qu'elle est un long trésor, 

    Et, si l'on a reçu, l'on attend plus encor. 

    L'avenir nous parait l'espérance éternelle, 

    Promettant, et restant aux promesses fidèle ; 

    On gaspille des biens que l'on rêve sans fin... 

    Mais, qu'on voudrait, le soir, revenir au matin !

     

     Ô petite hirondelle 

     Qui bats de l'aile, 

     Et viens contre mon mur, 

     Comme abri sûr, 

     Bâtir d'un bec agile 

     Un nid fragile, 

     Dis-moi, pour vivre ainsi 

     Sans nul souci, 

     Comment fait l'hirondelle 

     Qui bat de l'aile ?

     

    De mes jours les plus doux je crains le lendemain, 

    Je pose sur mes yeux une tremblante main. 

    L'avenir est pour nous un mensonge, un mystère ; 

    N'y jetons pas trop tôt un regard téméraire. 

    Quand le soleil est pur, sur les épis fauchés 

    Dormons, et reposons longtemps nos fronts penchés ; 

    Et ne demandons pas si les moissons futures 

    Auront des champs féconds, des gerbes aussi mûres. 

    Bornons notre horizon.... Mais l'esprit insoumis 

    Repousse et rompt le frein que lui-même avait mis.

     

     Ô petite hirondelle 

     Qui bats de l'aile, 

     Et viens contre mon mur, 

     Comme abri sûr, 

     Bâtir d'un bec agile 

     Un nid fragile, 

     Dis-moi, pour vivre ainsi 

     Sans nul souci, 

     Comment fait l'hirondelle 

     Qui bat de l'aile ?

     

    Souvent de mes amis j'imagine l'oubli : 

    C'est le soir, au printemps, quand le jour affaibli 

    Jette l'ombre en mon cœur ainsi que sur la terre ; 

    Emportant avec lui l'espoir et la lumière ; 

    Rêveuse, je me dis : « Pourquoi m'aimeraient-ils ? 

    De nos affections les invisibles fils 

    Se brisent chaque jour au moindre vent qui passe, 

    Comme on voit que la brise enlève au loin et casse 

    Ces fils blancs de la Vierge, errants au sein des cieux ; 

    Tout amour sur la terre est incertain comme eux ! »

     

     Ô petite hirondelle 

     Qui bats de l'aile, 

     Et viens contre mon mur, 

     Comme abri sûr, 

     Bâtir d'un bec agile 

     Un nid fragile, 

     Dis-moi, pour vivre ainsi 

     Sans nul souci, 

     Comment fait l'hirondelle 

     Qui bat de l'aile ?

     

    C'est que, petit oiseau, tu voles loin de nous ; 

    L'air qu'on respire au ciel est plus pur et plus doux. 

    Ce n'est qu'avec regret que ton aile légère, 

    Lorsque les cieux sont noirs, vient effleurer la terre. 

    Ah ! que ne pouvons-nous, te suivant dans ton vol, 

    Oubliant que nos pieds sont attachés au sol, 

    Élever notre cœur vers la voûte éternelle, 

    Y chercher le printemps comme fait l'hirondelle, 

    Détourner nos regards d'un monde malheureux, 

    Et, vivant ici-bas, donner notre âme aux cieux !

     

     Ô petite hirondelle 

     Qui bats de l'aile, 

     Et viens contre mon mur, 

     Comme abri sûr, 

     Bâtir d'un bec agile 

     Un nid fragile, 

     Dis-moi, pour vivre ainsi 

     Sans nul souci, 

     Comment fait l'hirondelle 

     Qui bat de l'aile ?

      

     

     

    Sophie d'Arbouville.

     

     

    « L'orchidéeLe jardin précieux. »

  • Commentaires

    1
    Mardi 24 Mai 2016 à 19:11

    coucou Danielle,

    Je ne sais pas ce qu'elles font cette année! Elles vont régulièrement dans l'ancien bâtiment où, tous les ans, elles nichent mais est-ce que le temps trop froid les stoppe dans leur ébats amoureux car le nid n'avance à rien!!!!

    Je trouve qu'il y en a peu cette année de nos très chères hirondelles. 

    J'espère que tes travaux avancent bien,

    Gros bisous à toi Danielle et à très bientôt

    2
    Mercredi 25 Mai 2016 à 10:38

    coucou Patricia

    merci de passer me voir

    mes travaux avancent doucement car c'est mon mari qui en fait une grosse partie et il a 72 ans....alors il est comme moi , il lambine un peu mais heureusement car je ne suivrais pas le rythme ........hihihi

    avant, je nous appelais le lièvre et la tortue......mais maintenant, le lièvre court moins vite........... 

    moi, à l'endroit où j'habite, je ne vois plus les hirondelles, mais dans le jardin de notre résidence des pigeons principalement....grrrrrrr

    rose anglaise (Austin) James Galway (c'est son année)

    3
    Jeudi 26 Mai 2016 à 12:17

    Un bel épanchement. Ah, si nous pouvions, en effet... Chris

    4
    Vendredi 27 Mai 2016 à 08:04

    Bonjour Danielle... Un très joli poème que tu partages avec nous là ! 

    Les hirondelles sont arrivées, je l'atteste, bien qu'étant en plein Paris. Tous les nids suspendus sous le bord du toit de mon immeuble, côté cour, sont habités. Après, il y a aussi des pigeons qui traînent, parfois un merle ou un corbeau, et... des mouettes ! Je ne m'y fais toujours pas, il y en a de plus en plus, par ici, je trouve, alors que la mer ne s'est toujours pas rapprochée, elle.

    Si les travaux avancent, c'est l'essentiel. J'espère que ça ne te fatigue pas trop. De toute façon, même lentement, ça ne sera jamais que l'affaire d'une saison. Et l'été passe vite, tu sais, alors, ça sera vite fini (autant positiver !!!)... yes

    Des bisous ensoleillés, en ce vendredi. Belle journée à toi.

    FP

    Suivre le flux RSS des commentaires

    Vous devez être connecté pour commenter