• Le mot de Victor Hugo

     

     

    Braves gens, prenez garde aux choses que vous dites !

     

    Tout peut sortir d'un mot qu'en passant vous perdîtes.

     

    TOUT, la haine et le deuil ! Et ne m'objectez pas

     

    Que vos amis sont sûrs et que vous parlez bas.

     

    Écoutez bien ceci :

     

    Tête-à-tête, en pantoufle,

     

    Portes closes, chez vous, sans un témoin qui souffle,

     

    Vous dites à l'oreille du plus mystérieux

     

    De vos amis de coeur ou si vous aimez mieux,

     

    Vous murmurez tout seul, croyant presque vous taire,

     

    Dans le fond d'une cave à trente pieds sous terre,

     

    Un mot désagréable à quelque individu.

     

    Ce MOT - que vous croyez que l'on n'a pas entendu,

     

    Que vous disiez si bas dans un lieu sourd et sombre -

     

    Court à peine lâché, part, bondit, sort de l'ombre ;

     

    Tenez, il est dehors ! Il connaît son chemin,

     

    Il marche, il a deux pieds, un bâton à la main,

     

    De bons souliers ferrés, un passeport en règle ;

     

    Au besoin, il prendrait des ailes, comme l'aigle !

     

    Il vous échappe, il fuit, rien ne l'arrêtera ;

     

    Il suit le quai, franchit la place, et cætera

     

    Passe l'eau sans bateau dans la saison des crues,

     

    Et va, tout à travers un dédale de rues,

     

    Droit chez le citoyen dont vous avez parlé.

     

    Il sait le numéro, l'étage ; il a la clé,

     

    Il monte l'escalier, ouvre la porte, passe, entre, arrive

     

    Et railleur, regardant l'homme en face dit :

     

    « Me voilà ! Je sors de la bouche d'un tel. »

     

    Et c'est fait. Vous avez un ennemi mortel.

     

    Victor Hugo, Toute la Lyre.

     

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  • Commentaires

    1
    Lundi 29 Février 2016 à 07:37

    Il ne faut jamais médire de quiconque, ni même trop se confier, car les mots sont souvent détournés et deviennent des armes pour vous faire tomber

    Amicalement

    Claude

    2
    Lundi 29 Février 2016 à 10:32

    Bonjour Danielle...

    J'adore ce poème de Victor Hugo ! Comme bien d'autres de lui, d'ailleurs. Il avait l'art et la manière de dire les choses. Et cette satanée médisance qui ne sait étrangement pas garder le fond de sa tanière, qui suit les routes de la rumeur, finit tôt ou tard par arriver à l'oreille du critiqué. Et encore, Hugo ne connaissait ni les avions, ni...Internet ! De nos jours, mieux vaut vraiment se taire, parfois. Enfin, je dis ça, mais l'Homme est l'Homme, et la médisance a de beaux jours, que dis-je, de beaux millénaires devant elle !!! En tout cas, merci de m'avoir permis de relire ce poème, aujourd'hui. Je tâcherai de ne médire sur le dos de personne... he

    Très bon lundi à toi. Bises (promenade au soleil, aujourd'hui ?) ...

    FP

      • Lundi 29 Février 2016 à 12:07

        coucou Fabrice,

        il fait soleil, je vais essayer après le repas de prendre le temps d'aller faire le tour du lac de Saint Mandé.....hier il y avait du soleil mais il fait très froid

        sur ton article du jour, je te fais un ti peu enrager, mais je sais que tu aimes plaisanter.............

        bisous

    3
    Mardi 1er Mars 2016 à 18:44

    J'ai vu le grand Victor et je n'ai pas résisté

    BIZZZZ

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