• La chanson du feuillage

    La Chanson du feuillage

     

      

     

     

     

    Gabriel Monavon — La Muse des familles (1857)

     

     

     

     

     

    Je suis la riante couronne,

     Le voile frais et parfumé

     Dont le front des bois s’environne

     Aux rayons du soleil de mai.

     

    Je suis la verte chevelure

     Qui, sur les branchages mouvants,

     Se joue, ondoyante parure,

     Aux caprices ailés des vents

     

    Avec moins de charme et de grâce

     Flottent, sur un cou virginal,

     Les longues tresses où s’enlace

     La fleur de l’hymen ou du bal

     

    Dans mes roseaux, lyre sonore

     Qui s’anime au souffle des airs

     Les voix du soir et de l’aurore

     S’exhalent en divins concerts

     

    Qu’ils sont enchanteurs les murmures

     Que je chuchote à petit bruit,

     Alors qu’à travers les ramures

     La brise voltige et s’enfuit !...

     

    Non, Philomèle qui soupire

     Sa romance au tomber du jour

     Et dont chaque note respire

     La mélancolie et l’amour,

     

    Ne fait pas, à sa voix touchante

     Vibrer de plus charmants échos

     Que le rameau touffu qui chante

     Au vent du soir avec les eaux.

     

    Tantôt ces rumeurs étouffées,

     Ces frémissements passagers

     Rappellent la ronde des fées,

     Ou le vol des sylphes légers ;

     

    Tantôt à l’oreille attentive,

     On dirait le faible soupir

     D’une ombre affligée et craintive

     Qui sollicite un souvenir

     

    Et quelle puissante harmonie

     Sort des chênes ou des sapins

     Balançant leur plainte infinie,

     Pareille au bruit des flots lointains !

     

    À ce roulis qui se prolonge

     Et résonne avec majesté,

     L’âme se recueille et se plonge

     Dans des rêves d’immensité

     

    Je suis le mobile feuillage

     Qui, sur l’onde au limpide azur,

     Jette ses mystères d’ombrage

     Comme un voile sur un front pur

     

    J’arrondis en voûtes discrètes

     Les berceaux gracieux et frais,

     Dômes riants, calmes retraites,

     Vertes alcôves des forêts...

     

    De ses pleurs l’aube printanière

     Me verse l’humide trésor,

     Perles d’argent que la lumière

     Métamorphose en perles d’or.

     

    Mol essaim, troupe blanche et douce,

     Les songes d’or, sous mes arceaux,

     Se bercent en des nids de mousse

     À côté du nid des oiseaux.

     

    De mes éventails de verdure

     Pleut une sereine douceur,

     Qui rend l’allégresse plus pure

     Et moins amère la douleur.....

     

    Et la divine poésie,

     Manne enchanteresse du ciel,

     En pures gouttes d’ambroisie,

     Pend aux rameaux avec le miel !...

     

    Au printemps, je suis d’un vert tendre ;

     L’été vient hâler ma couleur ;

     La pâle automne me fait prendre

     Les mille tons de sa pâleur.....

     

    Et l’hiver, de sa froide haleine,

     Bien loin des bois découronnés,

     Disperse et chasse dans la plaine

     Mes débris errants et fanés.

     

    Homme ! en moi tu trouves l’image

     De ton éphémère destin.....

     Ainsi qu’une oasis d’ombrage,

     Ta vie est belle à son matin ;

     

    Elle rit aux saisons fertiles.....

     Puis viennent l’automne et l’hiver

     Effeuillant ses rameaux débiles

     Au sentier de débris couvert.....

     

    Et la dernière feuille tombe

     De la couronne de tes jours.....

     C’en est fait !... le vent de la tombe

     Te touche et t’abat pour toujours !.....

     

    Ainsi l’homme, ainsi le feuillage

     Jonchent ensemble le chemin,

     Emportés au souffle de l’âge,

     Hélas ! entre hier et demain !

     

    Mais bientôt avril, à la terre,

     Va rendre ses verts ornements,

     Aux bois leurs tranquilles mystères,

     Aux doux nids leurs abris charmants.....

     

    Et de nouveau, sur la feuillée,

     Mille reflets vont resplendir.....

     Tandis que ta vie effeuillée,

     Ô mortel ! ne peut reverdir !.....

     

    « SolitudeLa rose »

  • Commentaires

    1
    Jeudi 16 Juin 2016 à 18:49

    coucou Danielle,

    Une chanson un peu longue pour moi car j'ai beaucoup de mal à me concentrer ce qui fait qu'une fois ma lecture terminée, je suis obligée de relire le titre car je ne sais plus de quoi l'auteur parle!!! rires

    Le feuillage reste le plus bel apparat de notre nature car elle dissimule derrière lui toute une vie intime qui finira par éclore pour le plus grand plaisir de nos 5 sens.  

    Gros bisous Danielle et douce soirée à toi

    2
    Mardi 21 Juin 2016 à 19:11
    bonsoir Danielle je passe enfin te lire j"espere que tu vas un peu mieux que ces temps passé je suis revenu sur ce blog car blogospot est pour moi trop compliqué j'essaierai de repasser plus régulièrement et les vacances c'est vrai il me semble que cette année tu ne part pas avec tes travaux prens soin de toi je t'embrasse de tout mon cœur et bien sincèrement monette
    3
    Mercredi 22 Juin 2016 à 11:27

    Bonjour Danielle... C'est un cycle qui tourne au gré des saisons et de la vie. Le feuillage, tantôt vert, tantôt brun, tantôt absent, raconte les humeurs de la nature et nous décrit la mode portée par elle. Eh oui. 

    Encore un écrit que je ne connaissais pas. Grâce à toi, j'étoffe le feuillage de mes connaissances poétiques !!! Merci.

    Belle journée à toi, tu as vu ? Le soleil est là ! BISES.

    FP

      • Mercredi 22 Juin 2016 à 11:52

        oui le soleil est là Fabrice........on va pouvoir aller sur le lac Daumesnil.......

        .. ,g

 

lo

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        mais vu mon poids.....ya des risques que la barque chavire.....hihihi

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