• Quand tu me plaisais tant.

     
     
     
    Quand tu me plaisais tant que j'en pouvais mourir,
    Quand je mettais l'ardeur et la paix sous ton toit,
    Quand je riais sans joie et souffrais sans gémir,
    Afin d'être un climat constant autour de toi ;

    Quand ma calme, obstinée et fière déraison
    Te confondait avec le puissant univers,
    Si bien que mon esprit te voyait sombre ou clair
    Selon les ciels d'azur ou les froides saisons,

    Je pressentais déjà qu'il me faudrait guérir
    Du choix suave et dur de ton être sans feu,
    J'attendais cet instant où l'on voit dépérir
    L'enchantement sacré d'avoir eu ce qu'on veut :

    Instant éblouissant et qui vaut d'expier,
    Où, rusé, résolu, puissant, ingénieux,
    L'invincible désir s'empare des beaux pieds,
    Et comme un thyrse en fleur s'enroule jusqu'aux yeux !

    Peut-être ton esprit à mon âme lié
    Se plaisait-il parmi nos contraintes sans fin,
    Tu n'avais pas ma soif, tu n'avais pas ma faim,
    Mais moi, je travaillais au désir d'oublier !

    — Certes tu garderas de m'avoir fait rêver
    Un prestige divin qui hantera ton cœur,
    Mais moi, l'esprit toujours par l'ardeur soulevé,
    Et qu'aurait fait souffrir même un constant bonheur,

    Je ne cesserai pas de contempler sur toi,
    Qui me fus imposant plus qu'un temple et qu'un dieu,
    L'arbitraire déclin du soleil de tes yeux
    Et la cessation paisible de ma foi !


    Anna de Noailles.
    « La broderie est une récréation de l'esprit.La conscience »

  • Commentaires

    1
    Mardi 30 Septembre 2014 à 12:57

    Ah !   Anna elle savait dire les mots...à celui qu'elle aimait...!!

    Bisous.

    Marielle.

    2
    Mercredi 1er Octobre 2014 à 08:43

    Quand l'amour est passion, il ne dure que le temps d'un frisson, les racines de l'amour sont bien plus profondes

    amicalement

    Claude

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