• La taupe et le lapin

     

     

     

     

     

    Jean-Pierre Claris de Florian (1755-1794).

     

    Recueil : Fables (1792).

     

     

     

     

     

    La taupe et le lapin.

    Fable XVIII, Livre I.

     

     Chacun de nous souvent connaît bien ses défauts ; 

    En convenir, c'est autre chose : 

    On aime mieux souffrir de véritables maux, 

    Que d'avouer qu'ils en sont cause. 

    Je me souviens, à ce sujet, 

    D'avoir été témoin d'un fait 

    Fort étonnant et difficile à croire : 

    Mais je l'ai vu ; voici l'histoire.

     

    Près d'un bois, le soir, à l'écart, 

    Dans une superbe prairie, 

    Des lapins s'amusaient, sur l'herbette fleurie, 

    A jouer au colin-maillard. 

    Des lapins ! direz-vous, la chose est impossible. 

    Rien n'est plus vrai pourtant : une feuille flexible 

    Sur les yeux de l'un d'eux en bandeau s'appliquait, 

    Et puis sous le cou se nouait : 

    Un instant en faisait l'affaire. 

    Celui que ce ruban privait de la lumière 

    Se plaçait au milieu ; les autres alentour 

    Sautaient, dansaient, faisaient merveilles, 

    S'éloignaient, venaient tour à tour 

    Tirer sa queue ou ses oreilles. 

    Le pauvre aveugle alors, se retournant soudain, 

    Sans craindre pot au noir, jette au hasard la patte : 

    Mais la troupe échappe à la hâte, 

    Il ne prend que du vent, il se tourmente en vain, 

    Il y sera jusqu'à demain. 

    Une taupe assez étourdie, 

    Qui sous terre entendit ce bruit, 

    Sort aussitôt de son réduit, 

    Et se mêle dans la partie. 

    Vous jugez que, n'y voyant pas, 

    Elle fut prise au premier pas. 

    Messieurs, dit un lapin, ce serait conscience, 

    Et la justice veut qu'à notre pauvre sœur 

    Nous fassions un peu de faveur ; 

    Elle est sans yeux et sans défense ; 

    Ainsi je suis d'avis... — Non, répond avec feu 

    La taupe, je suis prise, et prise de bon jeu ; 

    Mettez-moi le bandeau. — Très volontiers, ma chère ; 

    Le voici : mais je crois qu'il n'est pas nécessaire 

    Que nous serrions le nœud bien fort. 

    — Pardonnez-moi, monsieur, reprit-elle en colère, 

    Serrez bien, car j'y vois... Serrez, j'y vois encore.

     

     

     

    Jean-Pierre Claris de Florian. 

     

     

     

     

     

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  • Commentaires

    1
    Mercredi 13 Mai 2015 à 11:49

    bonjour Danielle , merci et heuruex que ça t'es plu  !!!   et la taupe  trop mignon  comme bébète  !!! gros bisous belle journée A+

     

    2
    Jeudi 14 Mai 2015 à 08:28

    bonjour madame de saint Mandé

    alors comme ca tu joues les taupes grrrrr pauvre lapin encore un qui va passer à la casserole mdr

    bon! ici il pleut, terminé le beau soleil de ces derniers jours, mais mimi ne va pas s'en plaindre car avec ses plantations pas besoin d'arroser.

    je te souhaite une bonne fête religieuse et un bon wee kend de l'ascension.

    gros bisou

    amitié

    mimi

    bon ti dèj.

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    3
    Jeudi 14 Mai 2015 à 11:58

    Très joli poème de Florian.

    Bonne fète de l'Ascension...

    il fait bien gris...il faut de la pluie a dit mon jardinier !!

    bisous

    Marielle.

     

    ~~ Magie jurassienne ~~ de Marielle

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