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Ce dossier a été réalisé par Marie-Odile Mergnac, auteur du livre "Les Noëls d'autrefois".
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La tombée de la nuit donne le signal de la veillée de Noël, temps d’attente de la messe de minuit. C’est à ce moment-là qu’on allume la fameuse bûche de Noël, qui n’est pas un gâteau mais le plus gros morceau de bois du bûcher, destiné à brûler au moins trois jours.
Un rite qui va se poursuivre jusqu’au début du XXème siècle dans toutes les régions : on appelle cette fameuse bûche capsaou en Aquitaine, bocque dans les Ardennes, terfoux dans le Berry, kerstblock en Flandre, tronche en Franche-Comté, soca de nadal en Languedoc, cosse nadalle en Limousin, chuquet en Normandie, cosse de Nô en Poitou, cacho fio en Provence, cachefioc dans le Roussillon, trefeu en Touraine… |
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Détail de la Nativite Philippe de Champaigne |
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Le sapin de Noël n’existe alors qu’en Alsace, mais cet "arbre de Paradis" y a un tel succès que les forestiers doivent parcourir les forêts le mois qui précède Noël pour éviter les abattages abusifs !
Depuis plus d’un siècle (1605), les Alsaciens ont pris l’habitude de décorer les sapins rapportés dans leurs maisons : roses en papier, hosties coloriées, noix peintes et surtout pommes rouges… Vers 1750, on commence aussi à y accrocher de petits présents comme des gâteaux secs en forme d’étoile, d’ange ou de cœur… à grignoter tout au long de la fête. |
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On les appelle alors "chapelles" ces petites crèches familiales qui commencent à apparaître dans les maisons. Les familles les plus riches ont de petits personnages en verre ou en porcelaine, souvent protégés par une vitrine. Les foyers plus modestes peuvent trouver de petits personnages en mie de pain (les santons en argile ne seront inventés que quelques décennies plus tard en Provence). |
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Temps d’attente de la messe de minuit, la veillée se vit en famille ou entre voisins avec des jeux, des chants et un repas (frugal car le repas de fête aura lieu après la messe ou le lendemain) pris en commun dans la joie : brioches, gaufres, pain de Noël, crêpes, galettes... Les chants de Noël connaissent un essor considérable à travers des recueils appelés Bibles de Noëls, apportés par les colporteurs, et que ceux qui savent lire chantent aux autres. On allume trois bougies pendant cette veillée : une pour les morts, une pour les vivants, une pour ceux à naître, dit-on dans certaines régions, tandis qu’on évoque à travers elle la Trinité dans d’autres. Enfin, on donne double ration de fourrage au bétail qui aurait, paraît-il, le don de la parole cette nuit-là. |
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Détail du nouveau-né Georges Dumesnil "la tour" |
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Quand l’heure de la messe de minuit arrive, toutes les familles se mettent en route à travers les chemins, les champs, les bois pour gagner l’église. Chacun porte une torche, pour s’éclairer bien sûr mais aussi parce que Noël est la fête de la lumière de Dieu donnée au monde. Ce sont ainsi des centaines de petites lueurs qui progressent dans la nuit au rythme des chants. Personne ne manque, même ceux qui ne viennent pas d’habitude à la messe. Les musiciens et les bergers sont aux premières places, les animaux y ont parfois aussi leurs entrées, comme au Moyen ge : moutons, petits ânes, oiseaux que l’on libère dans l’église… |
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Les enfants passent quêter de maison en maison, la veille de Noël ou le jour des Rois selon la région. Ils chantent devant chaque porte et reçoivent en échange de menus cadeaux : gâteaux, fruits secs… Les pauvres et les domestiques quêtent aussi. Ce n’est qu’un siècle plus tard qu’on dissociera les cadeaux de Noël, plus spécifiquement destinés aux enfants, de ceux qu’on offre aux autres et qu’on appellera étrennes.
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Texte : Marie-Odile Mergnac |
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Il ne reste plus grand chose de ces coutumes qui ne manquaient pas de charme
amicalement
Claude