• Géographie de la femme!

     

     

     

    Entre 18 et 25 ans!

    La femme est comme le Continent Africain :

    Une moitié a déjà été découverte

    et l’autre moitié cache une beauté encore sauvage et des terrains fertiles.

     

    Entre 26 et 35 ans

    La femme est comme l’Amérique du Nord :

    Moderne, développée, civilisée et ouverte aux négociations.

     

    Entre 36 et 40 ans

    Elle est comme l’Inde :

    Très chaude, relax et consciente de sa propre beauté.

     

    Entre 41 et 50 ans

    La femme est comme la France :

    Légèrement vieillie, mais on souhaite encore la visiter.

     

    Entre 51 et 60 ans

    Elle est comme l’ex-Yougoslavie :

    Elle a perdu la guerre, vit tourmentée par les fantômes du passé,

    mais s’engage dans sa reconstruction.

     

    Entre 61 et 70

    Elle est comme la Russie :

    Spacieuse, sans gardes frontières 

    et la couche de neige cache de grands trésors.

     

    Entre 71 et 80 ans

    La femme est comme la Mongolie :

    Elle possède un passé glorieux, 

    de nombreuses conquêtes,

    mais n’a plus d’espoir pour l’avenir .

     

    Après 81 ans

    Elle est comme l’Afghanistan :

    Tous savent où il se situe, mais personne ne veut y aller.

     

    Géographie de l’Homme :

     

    homme

     

    Entre les 15 et les 80 ans

     

    L’homme est comme CUBA :

    Il n’est gouverné que par un membre!

     

    hihahi


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  • Test d'urine Walmart

     

     

     

     

    Un jour, en ligne à la cafétéria, Joe dit à René :

    « Mon coude me fait mal à mourir ».

    Je crois que je vais devoir aller consulter mon médecin.

     

    Écoute, chez Wal-Mart, il y a un comptoir pour les diagnostics.

     

    Tu n'as qu'à fournir un échantillon d'urine, plus 10$, et le tour est joué.

    C'est pas mal plus vite et moins cher que chez le docteur.

     

    Alors, un bon jour, Joe se rend chez WalMart

    et dépose son échantillon d'urine, son argent dans la machine et il attend le résultat.

     

     

     

    Trente secondes plus tard, l'ordinateur imprime le résultat :

     

    1. Vous avez un « Tennis Elbow » : (Épicondylite).

    Trempez votre coude dans de l'eau tiède, et évitez les travaux lourds.

    Tout ira mieux dans environ deux semaines.

     

    Merci de magasiner chez WalMart.

     

    Joe se demande comment un ordinateur peut être aussi fort.

     

     

     

    Alors, il apporte un échantillon d'eau du robinet,

    il y mélange de l'urine de son chien, de sa femme et de sa fille,

    avec un peu de son sperme.

     

    Il se rend chez WalMart encore une fois, dépose l'échantillon,

    son argent, et attend le résultat.

     

    Au bout de trente secondes, l'ordinateur imprime ce qui suit :

     

    1. L'eau de votre robinet est trop dure.

    Achetez un adoucisseur d'eau. (Rangée 9)

     

    2. Votre chien a des puces. Lavez-le avec un shampooing 

    contre les puces. (Rangée 7)

     

    3. Votre fille a des problèmes avec la cocaïne.

    Faites-la entrer en désintoxication.

     

    4. Votre femme attend des jumeaux et vous n'êtes pas le père.

    Trouvez-vous un avocat.

     

    5. Si vous n'arrêtez pas de vous masturber, 

    votre coude ne guérira jamais.

     

    Merci de magasiner chez WalMart

     

     

     

    BONNE JOURNÉE!

     

     

     


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  • La vie d'une Femme en 3 photos!

    La vie d'un homme en 3 photos!

    BONNE JOURNÉE!


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     Image du Blog mycenes.centerblog.net

    La blague du jour...

    Le miracle :

    Un couple ne peut pas avoir d’enfant; la femme est à l’église, en pleurs. 

    Le curé lui demande :

    – Qu’est-ce qu’il y a, Maryvonne ?

    – Monsieur le curé, ça fait six ans qu’on essaie d’avoir un enfant et rien à faire, on n’y arrive pas !

    Le curé lui dit :

    - Il y a un car qui va à Lourdes la semaine prochaine ; On ne sait jamais, vas-y !  

    Au retour de Lourdes, miracle : Maryvonne se trouve enceinte.

    Deux ans plus tard, elle retourne à l’église, en pleurs.

    – Mais qu’est-ce que tu as encore, Maryvonne ?

    – On voudrait un deuxième enfant mais y’a rien à faire, on

    n’y arrive pas.

    – Il y a un car pour Lourdes la semaine prochaine, lui dit le curé. Vas-y, ça a bien marché la première fois.

    – Bien sûr, dit Maryvonne……. 

    Mais est-ce que ce sera le même chauffeur ?

     

     Image du Blog mycenes.centerblog.net

    Image du Blog mycenes.centerblog.net

    Source : mycenes.centerblog.net sur centerblog.

       


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  •  L'étoile du soir

     

    Pâle étoile du soir, messagère lointaine,

    Dont le front sort brillant des voiles du couchant,

    De ton palais d'azur, au sein du firmament,

    Que regardes-tu dans la plaine ?

     

    La tempête s'éloigne, et les vents sont calmés.

    La forêt, qui frémit, pleure sur la bruyère ;

    Le phalène doré, dans sa course légère,

    Traverse les prés embaumés.

     

    Que cherches-tu sur la terre endormie ?

    Mais déjà vers les monts je te vois t'abaisser ;

    Tu fuis, en souriant, mélancolique amie,

    Et ton tremblant regard est près de s'effacer.

     

    Étoile qui descends vers la verte colline,

    Triste larme d'argent du manteau de la Nuit,

    Toi que regarde au loin le pâtre qui chemine,

    Tandis que pas à pas son long troupeau le suit, -

     

    Étoile, où t'en vas-tu, dans cette nuit immense ?

    Cherches-tu sur la rive un lit dans les roseaux ?

    Où t'en vas-tu si belle, à l'heure du silence,

    Tomber comme une perle au sein profond des eaux ?

     

    Ah ! si tu dois mourir, bel astre, et si ta tête

    Va dans la vaste mer plonger ses blonds cheveux,

    Avant de nous quitter, un seul instant arrête ; -

    Étoile de l'amour, ne descends pas des cieux !

     

    Alfred de Musset

     

    J'ai retrouvé dans mon classeur d'adolescente ce poème que j'aimais beaucoup...

    J'avais oublié qu'il est en fait un extrait de son oeuvre Le Saule, partie II, vers 1830.

    Toujours aussi beau...

     

     

    L'étoile du soir   Alfred de Musset


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    Recueil : Le coeur innombrable

     

     

     

    Anna de NOAILLES   (1876-1933)

     

     

    Voix intérieure

     

    Mon ami, quels ennuis vous donnent de l'humeur ? 

    Le vivre vous chagrine et le mourir vous fâche. 

    Pourtant, vous n'aurez point au monde d'autre tâche 

    Que d'être objet qui vit, qui jouit et qui meurt.

     

    Mon âme, aimez la vie, auguste, âpre ou facile, 

    Aimez tout le labeur et tout l'effort humains, 

    Que la vérité soit, vivace entre vos mains, 

    Une lampe toujours par vos soins pleine d'huile.

     

    Aimez l'oiseau, la fleur, l'odeur de la forêt, 

    Le gai bourdonnement de la cité qui chante, 

    Le plaisir de n'avoir pas de haine méchante, 

    Pas de malicieux et ténébreux secret,

     

    Aimez la mort aussi, votre bonne patronne, 

    Par qui votre désir de toutes. choses croît, 

    Et, comme un beau jardin qui s'éveille du froid, 

    Remonte dans l'azur, reverdit et fleuronne ;

     

    - L'hospitalière mort aux genoux reposants 

    Dans la douceur desquels notre néant se pâme, 

    Et qui vous bercera d'un geste, ma chère âme, 

    Inconcevablement éternel et plaisant...

     


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    Le visage de ceux qu’on n’aime pas encor

     Apparaît quelquefois aux fenêtres des rêves,

     Et va s’illuminant sur de pâles décors

     Dans un argentement de lune qui se lève.

     

    Il flotte du divin aux grâces de leur corps,

     Leur regard est intense et leur bouche attentive ;

     Il semble qu’ils aient vu les jardins de la mort

     Et que plus rien en eux de réel ne survive.

     

    La furtive douceur de leur avènement

     Enjôle nos désirs à leurs vouloirs propices,

     Nous pressentons en eux d’impérieux amants

     Venus pour nous afin que le sort s’accomplisse ;

     

    Ils ont des gestes lents, doux et silencieux,

     Notre vie uniment vers leur attente afflue :

     Il semble que les corps s’unissent par les yeux

     Et que les âmes sont des pages qu’on a lues.

     

    Le mystère s’exalte aux sourdines des voix,

     A l’énigme des yeux, au trouble du sourire,

     A la grande pitié qui nous vient quelquefois

     De leur regard, qui s’imprécise et se retire…

     

    Ce sont des frôlements dont on ne peut guérir,

     Où l’on se sent le coeur trop las pour se défendre,

     Où l’âme est triste ainsi qu’au moment de mourir ;

     Ce sont des unions lamentables et tendres…

     

    Et ceux-là resteront, quand le rêve aura fui,

     Mystérieusement les élus du mensonge,

     Ceux à qui nous aurons, dans le secret des nuits,

     Offert nos lèvres d’ombre, ouvert nos bras de songe.

     

    Anna de Noailles, Le coeur innombrable

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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    Rire ou pleurer, mais que le coeur

     Soit plein de parfums comme un vase,

     Et contienne jusqu’à l’extase

     La force vive ou la langueur.

     

    Avoir la douleur ou la joie,

     Pourvu que le coeur soit profond

     Comme un arbre où des ailes font

     Trembler le feuillage qui ploie ;

     

    S’en aller pensant ou rêvant,

     Mais que le coeur donne sa sève

     Et que l’âme chante et se lève

     Comme une vague dans le vent.

     

    Que le coeur s’éclaire ou se voile,

     Qu’il soit sombre ou vif tour à tour,

     Mais que son ombre et que son jour

     Aient le soleil ou les étoiles…

     

    Anna de Noailles, Le coeur innombrable

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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    I

     

    Un lourd soleil tombait d’aplomb sur le lavoir ;

     Les canards engourdis s’endormaient dans la vase,

     Et l’air brûlait si fort qu’on s’attendait à voir

     Les arbres s’enflammer du sommet à la base.

     J’étais couché sur l’herbe auprès du vieux bateau

     Où des femmes lavaient leur linge. Des eaux grasses,

     Des bulles de savon qui se crevaient bientôt

     S’en allaient au courant, laissant de longues traces.

     Et je m’assoupissais lorsque je vis venir,

     Sous la grande lumière et la chaleur torride,

     Une fille marchant d’un pas ferme et rapide,

     Avec ses bras levés en l’air, pour maintenir

     Un fort paquet de linge au-dessus de sa tête.

     La hanche large avec la taille mince, faite

     Ainsi qu’une Vénus de marbre, elle avançait

     Très droite, et sur ses reins, un peu, se balançait.

     Je la suivis, prenant l’étroite passerelle

     Jusqu’au seuil du lavoir, où j’entrai derrière elle.

     

    Elle choisit sa place, et dans un baquet d’eau,

     D’un geste souple et fort abattit son fardeau.

     Elle avait tout au plus la toilette permise ;

     Elle lavait son linge ; et chaque mouvement

     Des bras et de la hanche accusait nettement,

     Sous le jupon collant et la mince chemise,

     Les rondeurs de la croupe et les rondeurs des seins.

     Elle travaillait dur ; puis, quand elle était lasse,

     Elle élevait les bras, et, superbe de grâce,

     Tendait son corps flexible en renversant ses reins.

     Mais le puissant soleil faisait craquer les planches ;

     Le bateau s’entr’ouvrait comme pour respirer.

     Les femmes haletaient ; on voyait sous leurs manches

     La moiteur de leurs bras par place transpirer

     Une rougeur montait à sa gorge sanguine.

     Elle fixa sur moi son regard effronté,

     Dégrafa sa chemise, et sa ronde poitrine

     Surgit, double et luisante, en pleine liberté,

     Écartée aux sommets et d’une ampleur solide.

     Elle battait alors son linge, et chaque coup

     Agitait par moment d’un soubresaut rapide

     Les roses fleurs de chair qui se dressent au bout.

     

    Un air chaud me frappait, comme un souffle de forge,

     A chacun des soupirs qui soulevaient sa gorge.

     Les coups de son battoir me tombaient sur le coeur !

     Elle me regardait d’un air un peu moqueur ;

     J’approchai, l’oeil tendu sur sa poitrine humide

     De gouttes d’eau, si blanche et tentante au baiser.

     Elle eut pitié de moi, me voyant très timide,

     M’aborda la première et se mit à causer.

     Comme des sons perdus m’arrivaient ses paroles.

     Je ne l’entendais pas, tant je la regardais.

     Par sa robe entr’ouverte, au loin, je me perdais,

     Devinant les dessous et brûlé d’ardeurs folles ;

     Puis, comme elle partait, elle me dit tout bas

     De me trouver le soir au bout de la prairie.

     

    Tout ce qui m’emplissait s’éloigna sur ses pas ;

     Mon passé disparut ainsi qu’une eau tarie :

     Pourtant j’étais joyeux, car en moi j’entendais

     Les ivresses chanter avec leur voix sonore.

     Vers le ciel obscurci toujours je regardais,

     Et la nuit qui tombait me semblait une aurore !

     

    II

     

    Elle était la première au lieu du rendez-vous.

     J’accourus auprès d’elle et me mis à genoux,

     Et promenant mes mains tout autour de sa taille

     Je l’attirais. Mais elle, aussitôt, se leva

     Et par les prés baignés de lune se sauva.

     Enfin je l’atteignis, car dans une broussaille

     Qu’elle ne voyait point son pied fut arrêté.

     

    Alors, fermant mes bras sur sa hanche arrondie,

     Auprès d’un arbre, au bord de l’eau, je l’emportai.

     Elle, que j’avais vue impudique et hardie,

     Était pâle et troublée et pleurait lentement,

     Tandis que je sentais comme un enivrement

     De force qui montait de sa faiblesse émue.

     

    Quel est donc et d’où vient ce ferment qui remue

     Les entrailles de l’homme à l’heure de l’amour ?

     

     

     Grouillant dans les roseaux, la bruyante peuplade

    La lune illuminait les champs comme en plein jour.

     Des grenouilles faisaient un grand charivari ;

     Une caille très loin jetait son double cri,

     Et, comme préludant à quelque sérénade,

     Des oiseaux réveillés commençaient leurs chansons.

     Le vent me paraissait chargé d’amours lointaines,

     Alourdi de baisers, plein des chaudes haleines

     Que l’on entend venir avec de longs frissons,

     Et qui passent roulant des ardeurs d’incendies.

     Un rut puissant tombait des brises attiédies.

     Et je pensai : “Combien, sous le ciel infini,

     Par cette douce nuit d’été, combien nous sommes

     Qu’une angoisse soulève et que l’instinct unit

     Parmi les animaux comme parmi les hommes.”

     Et moi j’aurais voulu, seul, être tous ceux-là !

     

    Je pris et je baisai ses doigts ; elle trembla.

     Ses mains fraîches sentaient une odeur de lavande

     Et de thym, dont son linge était tout embaumé.

     Sous ma bouche ses seins avaient un goût d’amande

     Comme un laurier sauvage ou le lait parfumé

     Qu’on boit dans la montagne aux mamelles des chèvres.

     Elle se débattait ; mais je trouvai ses lèvres :

     Ce fut un baiser long comme une éternité

     Qui tendit nos deux corps dans l’immobilité.

     Elle se renversa, râlant sous ma caresse ;

     Sa poitrine oppressée et dure de tendresse,

     Haletait fortement avec de longs sanglots ;

     Sa joue était brûlante et ses yeux demi-clos,

     Et nos bouches, nos sens, nos soupirs se mêlèrent.

     Puis, dans la nuit tranquille où la campagne dort,

     Un cri d’amour monta, si terrible et si fort

     Que des oiseaux dans l’ombre effarés s’envolèrent.

     Les grenouilles, la caille, et les bruits et les voix

     Se turent ; un silence énorme emplit l’espace.

     Soudain, jetant aux vents sa lugubre menace,

     Très loin derrière nous un chien hurla trois fois.

     

    Mais quand le jour parut, comme elle était restée,

     Elle s’enfuit. J’errai dans les champs au hasard.

     La senteur de sa peau me hantait ; son regard

     M’attachait comme une ancre au fond du coeur jetée.

     Ainsi que deux forçats rivés aux mêmes fers,

     Un lien nous tenait, l’affinité des chairs.

     

    III

     

    Pendant cinq mois entiers, chaque soir, sur la rive,

     Plein d’un emportement qui jamais ne faiblit,

     J’ai caressé sur l’herbe ainsi que dans un lit

     Cette fille superbe, ignorante et lascive.

     Et le matin, mordus encor du souvenir,

     Quoique tout alanguis des baisers de la veille,

     Dès l’heure où, dans la plaine, un chant d’oiseau s’éveille,

     Nous trouvions que la nuit tardait bien à venir.

     

    Quelquefois, oubliant que le jour dût éclore,

     Nous nous laissions surprendre embrassés, par l’aurore.

     Vite, nous revenions le long des clairs chemins,

     Mes deux yeux dans ses yeux, ses deux mains dans mes mains.

     Je voyais s’allumer des lueurs dans les haies,

     Des troncs d’arbre soudain rougir comme des plaies,

     Sans songer qu’un soleil se levait quelque part,

     Et je croyais, sentant mon front baigné de flammes,

     Que toutes ces clartés tombaient de son regard.

     Elle allait au lavoir avec les autres femmes ;

     Je la suivais, rempli d’attente et de désir.

     La regarder sans fin était mon seul plaisir,

     Et je restais debout dans la même posture,

     Muré dans mon amour comme en une prison.

     Les lignes de son corps fermaient mon horizon ;

     Mon espoir se bornait aux noeuds de sa ceinture.

     Je demeurais près d’elle, épiant le moment

     Où quelque autre attirait la gaieté toujours prête ;

     Je me penchais bien vite, elle tournait la tête,

     Nos bouches se touchaient, puis fuyaient brusquement.

     Parfois elle sortait en m’appelant d’un signe ;

     J’allais la retrouver dans quelque champ de vigne

     Ou sous quelque buisson qui nous cachait aux yeux.

     Nous regardions s’aimer les bêtes accouplées,

     Quatre ailes qui portaient deux papillons joyeux,

     Un double insecte noir qui passait les allées.

     Grave, elle ramassait ces petits amoureux

     Et les baisait. Souvent des oiseaux sur nos têtes

     Se becquetaient sans peur, et les couples des bêtes

     Ne nous redoutaient point, car nous faisions comme eux.

     

    Puis le coeur tout plein d’elle, à cette heure tardive

     Où j’attendais, guettant les détours de la rive,

     Quand elle apparaissait sous les hauts peupliers,

     Le désir allumé dans sa prunelle brune,

     Sa jupe balayant tous les rayons de Lune

     Couchés entre chaque arbre au travers des sentiers,

     Je songeais à l’amour de ces filles bibliques,

     Si belles qu’en ces temps lointains on a pu voir,

     Éperdus et suivant leurs formes impudiques,

     Des anges qui passaient dans les ombres du soir.

     

    IV

     

    Un jour que le patron dormait devant la porte,

     Vers midi, le lavoir se trouva dépeuplé.

     Le sol brûlant fumait comme un boeuf essoufflé

     Qui peine en plein soleil ; mais je trouvais moins forte

     Cette chaleur du ciel que celle de mes sens.

     Aucun bruit ne venait que des lambeaux de chants

     Et des rires d’ivrogne, au loin, sortant des bouges,

     Puis la chute parfois de quelque goutte d’eau

     Tombant on ne sait d’où, sueur du vieux bateau.

     Or ses lèvres brillaient comme des charbons rouges

     D’où jaillirent soudain des crises de baisers,

     Ainsi que d’un brasier partent des étincelles,

     Jusqu’à l’affaissement de nos deux corps brisés.

     On n’entendait plus rien hormis les sauterelles,

     Ce peuple du soleil aux éternels cris-cris

     Crépitant comme un feu parmi les prés flétris.

     Et nous nous regardions, étonnés, immobiles,

     Si pâles tous les deux que nous nous faisions peur ;

     Lisant aux traits creusés, noirs, sous nos yeux fébriles,

     Que nous étions frappés de l’amour dont on meurt,

     Et que par tous nos sens s’écoulait notre vie.

     

    Nous nous sommes quittés en nous disant tout bas

     Qu’au bord de l’eau, le soir, nous ne viendrions pas.

     

    Mais, à l’heure ordinaire, une invincible envie

     Me prit d’aller tout seul à l’arbre accoutumé

     Rêver aux voluptés de ce corps tant aimé,

     Promener mon esprit par toutes nos caresses,

     Me coucher sur cette herbe et sur son souvenir.

     

    Quand j’approchai, grisé des anciennes ivresses,

     Elle était là, debout, me regardant venir.

     

    Depuis lors, envahis par une fièvre étrange,

     Nous hâtons sans répit cet amour qui nous mange

     Bien que la mort nous gagne, un besoin plus puissant

     Nous travaille et nous force à mêler notre sang.

     Nos ardeurs ne sont point prudentes ni peureuses ;

     L’effroi ne trouble pas nos regards embrasés ;

     Nous mourons l’un par l’autre, et nos poitrines creuses

     Changent nos jours futurs comme autant de baisers.

     Nous ne parlons jamais. Auprès de cette femme

     Il n’est qu’un cri d’amour, celui du cerf qui brame.

     Ma peau garde sans fin le frisson de sa peau

     Qui m’emplit d’un désir toujours âpre et nouveau,

     Et si ma bouche a soif, ce n’est que de sa bouche !

     Mon ardeur s’exaspère et ma force s’abat

     Dans cet accouplement mortel comme un combat.

     Le gazon est brûlé qui nous servait de couche,

     Et désignant l’endroit du retour continu,

     La marque de nos corps est entrée au sol nu.

     

    Quelque matin, sous l’arbre où nous nous rencontrâmes,

     On nous ramassera tous deux au bord de l’eau.

     Nous serons rapportés au fond d’un lourd bateau,

     Nous embrassant encore aux secousses des rames.

     Puis, on nous jettera dans quelque trou caché,

     Comme on fait aux gens morts en état de péché.

     

    Mais alors, s’il est vrai que les ombres reviennent,

     Nous reviendrons, le soir, sous les hauts peupliers,

     Et les gens du pays, qui longtemps se souviennent,

     En nous voyant passer, l’un à l’autre liés,

     Diront, en se signant, et l’esprit en prière :

     “Voilà le mort d’amour avec sa lavandière.”

     

    Guy de Maupassant, Des vers

     

     

     

     

     

     

     


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    Quand à peine un nuage,

     Flocon de laine, nage

     Dans les champs du ciel bleu,

     Et que la moisson mûre,

     Sans vagues ni murmure,

     Dort sous le ciel en feu ;

     

    Quand les couleuvres souples

     Se promènent par couples

     Dans les fossés taris ;

     Quand les grenouilles vertes,

     Par les roseaux couvertes,

     Troublent l’air de leurs cris ;

     

    Aux fentes des murailles

     Quand luisent les écailles

     Et les yeux du lézard,

     Et que les taupes fouillent

     Les prés, où s’agenouillent

     Les grands bœufs à l’écart,

     

    Qu’il fait bon ne rien faire,

     Libre de toute affaire,

     Libre de tous soucis,

     Et sur la mousse tendre

     Nonchalamment s’étendre,

     Ou demeurer assis ;

     

    Et suivre l’araignée,

     De lumière baignée,

     Allant au bout d’un fil

     À la branche d’un chêne

     Nouer la double chaîne

     De son réseau subtil,

     

    Ou le duvet qui flotte,

     Et qu’un souffle ballotte

     Comme un grand ouragan,

     Et la fourmi qui passe

     Dans l’herbe, et se ramasse

     Des vivres pour un an,

     

    Le papillon frivole,

     Qui de fleurs en fleurs vole

     Tel qu’un page galant,

     Le puceron qui grimpe

     À l’odorant olympe

     D’un brin d’herbe tremblant ;

     

    Et puis s’écouter vivre,

     Et feuilleter un livre,

     Et rêver au passé

     En évoquant les ombres,

     Ou riantes ou sombres,

     D’un long rêve effacé,

     

    Et battre la campagne,

     Et bâtir en Espagne

     De magiques châteaux,

     Créer un nouveau monde

     Et jeter à la ronde

     Pittoresques coteaux,

     

    Vastes amphithéâtres

     De montagnes bleuâtres,

     Mers aux lames d’azur,

     Villes monumentales,

     Splendeurs orientales,

     Ciel éclatant et pur,

     

    Jaillissantes cascades,

     Lumineuses arcades

     Du palais d’Obéron,

     Gigantesques portiques,

     Colonnades antiques,

     Manoir de vieux baron

     

    Avec sa châtelaine,

     Qui regarde la plaine

     Du sommet des donjons,

     Avec son nain difforme,

     Son pont-levis énorme,

     Ses fossés pleins de joncs,

     

    Et sa chapelle grise,

     Dont l’hirondelle frise

     Au printemps les vitraux,

     Ses mille cheminées

     De corbeaux couronnées,

     Et ses larges créneaux,

     

    Et sur les hallebardes

     Et les dagues des gardes

     Un éclair de soleil,

     Et dans la forêt sombre

     Lévriers eu grand nombre

     Et joyeux appareil,

     

    Chevaliers, damoiselles,

     Beaux habits, riches selles

     Et fringants palefrois,

     Varlets qui sur la hanche

     Ont un poignard au manche

     Taillé comme une croix !

     

    Voici le cerf rapide,

     Et la meute intrépide !

     Hallali, hallali !

     Les cors bruyants résonnent,

     Les pieds des chevaux tonnent,

     Et le cerf affaibli

     

    Sort de l’étang qu’il trouble ;

     L’ardeur des chiens redouble :

     Il chancelle, il s’abat.

     Pauvre cerf ! son corps saigne,

     La sueur à flots baigne

     Son flanc meurtri qui bat ;

     

    Son œil plein de sang roule

     Une larme, qui coule

     Sans toucher ses vainqueurs ;

     Ses membres froids s’allongent ;

     Et dans son col se plongent

     Les couteaux des piqueurs.

     

    Et lorsque de ce rêve

     Qui jamais ne s’achève

     Mon esprit est lassé,

     J’écoute de la source

     Arrêtée en sa course

     Gémir le flot glacé,

     

    Gazouiller la fauvette

     Et chanter l’alouette

     Au milieu d’un ciel pur ;

     Puis je m’endors tranquille

     Sous l’ondoyant asile

     De quelque ombrage obscur.

     

    Théophile Gautier, Premières Poésies

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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     Tristesse d'Olympio

     

    Poète : Victor Hugo (1802-1885)

     

    Recueil : Les rayons et les ombres (1840).

     

     

    Les champs n'étaient point noirs, les cieux n'étaient pas mornes. 

    Non, le jour rayonnait dans un azur sans bornes 

    Sur la terre étendu, 

    L'air était plein d'encens et les prés de verdures 

    Quand il revit ces lieux où par tant de blessures 

    Son cœur s'est répandu !

     

    L'automne souriait ; les coteaux vers la plaine 

    Penchaient leurs bois charmants qui jaunissaient à peine ; 

    Le ciel était doré ; 

    Et les oiseaux, tournés vers celui que tout nomme, 

    Disant peut-être à Dieu quelque chose de l'homme, 

    Chantaient leur chant sacré !

     

    Il voulut tout revoir, l'étang près de la source, 

    La masure où l'aumône avait vidé leur bourse, 

    Le vieux frêne plié, 

    Les retraites d'amour au fond des bois perdues, 

    L'arbre où dans les baisers leurs âmes confondues 

    Avaient tout oublié !

     

    Il chercha le jardin, la maison isolée, 

    La grille d'où l'œil plonge en une oblique allée, 

    Les vergers en talus. 

    Pâle, il marchait. – Au bruit de son pas grave et sombre, 

    Il voyait à chaque arbre, hélas ! se dresser l'ombre 

    Des jours qui ne sont plus !

     

    Il entendait frémir dans la forêt qu'il aime 

    Ce doux vent qui, faisant tout vibrer en nous-même, 

    Y réveille l'amour, 

    Et, remuant le chêne ou balançant la rose, 

    Semble l'âme de tout qui va sur chaque chose 

    Se poser tour à tour !

     

    Les feuilles qui gisaient dans le bois solitaire, 

    S'efforçant sous ses pas de s'élever de terre, 

    Couraient dans le jardin ; 

    Ainsi, parfois, quand l'âme est triste, nos pensées 

    S'envolent un moment sur leurs ailes blessées, 

    Puis retombent soudain.

     

    Il contempla longtemps les formes magnifiques 

    Que la nature prend dans les champs pacifiques ; 

    Il rêva jusqu'au soir ; 

    Tout le jour il erra le long de la ravine, 

    Admirant tour à tour le ciel, face divine, 

    Le lac, divin miroir !

     

    Hélas ! se rappelant ses douces aventures, 

    Regardant, sans entrer, par-dessus les clôtures, 

    Ainsi qu'un paria, 

    Il erra tout le jour. Vers l'heure où la nuit tombe, 

    Il se sentit le cœur triste comme une tombe, 

    Alors il s'écria :

     

    « Ô douleur ! j'ai voulu, moi dont l'âme est troublée, 

    Savoir si l'urne encor conservait la liqueur, 

    Et voir ce qu'avait fait cette heureuse vallée 

    De tout ce que j'avais laissé là de mon cœur !

     

    « Que peu de temps suffit pour changer toutes choses ! 

    Nature au front serein, comme vous oubliez ! 

    Et comme vous brisez dans vos métamorphoses 

    Les fils mystérieux où nos cœurs sont liés !

     

    « Nos chambres de feuillage en halliers sont changées ! 

    L'arbre où fut notre chiffre est mort ou renversé ; 

    Nos roses dans l'enclos ont été ravagées 

    Par les petits enfants qui sautent le fossé !

     

    « Un mur clôt la fontaine où, par l'heure échauffée, 

    Folâtre, elle buvait en descendant des bois ; 

    Elle prenait de l'eau dans sa main, douce fée, 

    Et laissait retomber des perles de ses doigts !

     

    « On a pavé la route âpre et mal aplanie, 

    Où, dans le sable pur se dessinant si bien, 

    Et de sa petitesse étalant l'ironie, 

    Son pied charmant semblait rire à côté du mien !

     

    « La borne du chemin, qui vit des jours sans nombre, 

    Où jadis pour m'attendre elle aimait à s'asseoir, 

    S'est usée en heurtant, lorsque la route est sombre, 

    Les grands chars gémissants qui reviennent le soir.

     

    « La forêt ici manque et là s'est agrandie. 

    De tout ce qui fut nous presque rien n'est vivant ; 

    Et, comme un tas de cendre éteinte et refroidie, 

    L'amas des souvenirs se disperse à tout vent !

     

    « N'existons-nous donc plus ? Avons-nous eu notre heure ? 

    Rien ne la rendra-t-il à nos cris superflus ? 

    L'air joue avec la branche au moment où je pleure ; 

    Ma maison me regarde et ne me connaît plus.

     

    « D'autres vont maintenant passer où nous passâmes. 

    Nous y sommes venus, d'autres vont y venir ; 

    Et le songe qu'avaient ébauché nos deux âmes, 

    Ils le continueront sans pouvoir le finir !

     

    « Car personne ici-bas ne termine et n'achève ; 

    Les pires des humains sont comme les meilleurs ; 

    Nous nous réveillons tous au même endroit du rêve. 

    Tout commence en ce monde et tout finit ailleurs.

     

    « Oui, d'autres à leur tour viendront, couples sans tache, 

    Puiser dans cet asile heureux, calme, enchanté, 

    Tout ce que la nature à l'amour qui se cache 

    Mêle de rêverie et de solennité !

     

    « D'autres auront nos champs, nos sentiers, nos retraites ; 

    Ton bois, ma bien-aimée, est à des inconnus. 

    D'autres femmes viendront, baigneuses indiscrètes, 

    Troubler le flot sacré qu'ont touché tes pieds nus !

     

    « Quoi donc ! c'est vainement qu'ici nous nous aimâmes ! 

    Rien ne nous restera de ces coteaux fleuris 

    Où nous fondions notre être en y mêlant nos flammes ! 

    L'impassible nature a déjà tout repris.

     

    « Oh ! dites-moi, ravins, frais ruisseaux, treilles mûres, 

    Rameaux chargés de nids, grottes, forêts, buissons, 

    Est-ce que vous ferez pour d'autres vos murmures ? 

    Est-ce que vous direz à d'autres vos chansons ?

     

    « Nous vous comprenions tant ! doux, attentifs, austères, 

    Tous nos échos s'ouvraient si bien à votre voix ! 

    Et nous prêtions si bien, sans troubler vos mystères, 

    L'oreille aux mots profonds que vous dites parfois !

     

    « Répondez, vallon pur, répondez, solitude, 

    Ô nature abritée en ce désert si beau, 

    Lorsque nous dormirons tous deux dans l'attitude 

    Que donne aux morts pensifs la forme du tombeau ;

     

    « Est-ce que vous serez à ce point insensible 

    De nous savoir couchés, morts avec nos amours, 

    Et de continuer votre fête paisible, 

    Et de toujours sourire et de chanter toujours ?

     

    « Est-ce que, nous sentant errer dans vos retraites, 

    Fantômes reconnus par vos monts et vos bois, 

    Vous ne nous direz pas de ces choses secrètes 

    Qu'on dit en revoyant des amis d'autrefois ?

     

    « Est-ce que vous pourriez, sans tristesse et sans plainte, 

    Voir nos ombres flotter où marchèrent nos pas, 

    Et la voir m'entraîner, dans une morne étreinte, 

    Vers quelque source en pleurs qui sanglote tout bas ?

     

    « Et s'il est quelque part, dans l'ombre où rien ne veille, 

    Deux amants sous vos fleurs abritant leurs transports, 

    Ne leur irez-vous pas murmurer à l'oreille : 

    – Vous qui vivez, donnez une pensée aux morts !

     

    « Dieu nous prête un moment les prés et les fontaines, 

    Les grands bois frissonnants, les rocs profonds et sourds 

    Et les cieux azurés et les lacs et les plaines, 

    Pour y mettre nos cœurs, nos rêves, nos amours !

     

    « Puis il nous les retire. Il souffle notre flamme ; 

    Il plonge dans la nuit l'antre où nous rayonnons ; 

    Et dit à la vallée, où s'imprima notre âme, 

    D'effacer notre trace et d'oublier nos noms.

     

    « Eh bien ! oubliez-nous, maison, jardin, ombrages ! 

    Herbe, use notre seuil ! ronce, cache nos pas ! 

    Chantez, oiseaux ! ruisseaux, coulez ! croissez, feuillages ! 

    Ceux que vous oubliez ne vous oublieront pas.

     

    « Car vous êtes pour nous l'ombre de l'amour même ! 

    Vous êtes l'oasis qu'on rencontre en chemin ! 

    Vous êtes, ô vallon, la retraite suprême 

    Où nous avons pleuré nous tenant par la main !

     

    « Toutes les passions s'éloignent avec l'âge, 

    L'une emportant son masque et l'autre son couteau, 

    Comme un essaim chantant d'histrions en voyage 

    Dont le groupe décroît derrière le coteau.

     

    « Mais toi, rien ne t'efface, amour ! toi qui nous charmes, 

    Toi qui, torche ou flambeau, luis dans notre brouillard ! 

    Tu nous tiens par la joie, et surtout par les larmes ; 

    Jeune homme on te maudit, on t'adore vieillard.

     

    « Dans ces jours où la tête au poids des ans s'incline, 

    Où l'homme, sans projets, sans but, sans visions, 

    Sent qu'il n'est déjà plus qu'une tombe en ruine 

    Où gisent ses vertus et ses illusions ;

     

    « Quand notre âme en rêvant descend dans nos entrailles, 

    Comptant dans notre cœur, qu'enfin la glace atteint, 

    Comme on compte les morts sur un champ de batailles, 

    Chaque douleur tombée et chaque songe éteint,

     

    « Comme quelqu'un qui cherche en tenant une lampe, 

    Loin des objets réels, loin du monde rieur, 

    Elle arrive à pas lents par une obscure rampe 

    Jusqu'au fond désolé du gouffre intérieur ;

     

    « Et là, dans cette nuit qu'aucun rayon n'étoile, 

    L'âme, en un repli sombre où tout semble finir, 

    Sent quelque chose encor palpiter sous un voile… 

    C'est toi qui dors dans l'ombre, ô sacré souvenir ! »

     

    Le 21 octobre 1837.

    Victor Hugo. 

     

     


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  • L’été, lorsque le jour a fui, de fleurs couverte

     La plaine verse au loin un parfum enivrant ;

     Les yeux fermés, l’oreille aux rumeurs entrouverte,

     On ne dort qu’à demi d’un sommeil transparent.

     

    Les astres sont plus purs, l’ombre paraît meilleure ;

     Un vague demi-jour teint le dôme éternel ;

     Et l’aube douce et pâle, en attendant son heure,

     Semble toute la nuit errer au bas du ciel.

     

    Victor Hugo, Les rayons et les ombres

     


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  • Rien n'est plus beau,
    Rien n'est plus précieux,
    Que ce doux cadeau :
    Un enfant dont les yeux
    Vous regardent,
    Miroir d'eau,
    Attendant l'aubade
    De votre coeur,
    Tellement gros
    Qu'il a peur
    De ce sentiment
    Qui jamais ne ment.

    Tendez lui la main,
    Offrez lui des lendemains,
    Montrez lui la route,
    Loin de vos déroutes,
    Un nouveau monde,
    Où la paix abonde,
    Jusqu'aux cieux
    Du miroir de ses yeux.

    Caroline FRANCOIS

    Tous les enfants sont merveilleux, anges ou démons ils sont notre miroir !

    Bonne fête à toutes les mamans.


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    Michèle CORTI

     

     

     

    Les pivoines

     

    Elle avait une robe où fleurissait, candide

    La pivoine en bouquets, et je riais alors

    De la voir si jolie. Ma main étreint le vide

    Aujourd’hui, et mes yeux la cherchent au-dehors

     

    Mais ils ne trouvent plus sa démarche légère

    Qui faisait s’envoler les papillons soyeux

    Dans l’azur délicat d’un matin de lumière

    Où s’épanouissait son beau rire joyeux.

     

    La pivoine languit au jardin délaissé

    Et ses pétales lourds s’effeuillent sur la terre

    Rien ne saura guérir mon âme solitaire…

     

    Quand je pense à ce jour où elle m’a laissé,

    Je revois le rosier où brillait la cétoine

    Et, au jardin d’été, la splendeur des pivoines.

     

    Marcek

     

     

     

    P1020261 

     

     

     

     

     

     

     


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    Un nom de fleur… Pour vous, ce n’est peut-être

    Qu’un nom charmant, sans plus. Il en est tant!

    Pour d’autres, c’est peut-être, à la fin du printemps,

    Dans l’air tendre, un parfum qu’ils pensent reconnaître.

     

    La fleur même… ils l’ont vue un jour; ils savent bien

    Qu’elle est blanche et petite et rit aux heures chaudes

    En la fraîcheur de retombantes palmes d’émeraude.

    Mais, pour moi… de tout ce qu’elle est pour moi, nul ne sait rien.

     

    Nul, s’il n’a, comme moi, contre sa joue,

    Senti les fins petits doigts caressants

    D’un arbuste penché dans le soir qui descend,

    Et senti comment des étoiles se dénouent

     

    Quand le vent joue avec des branches – nul, ailleurs,

    Ou sous un ciel pareil, s’il n’a, pour une branche,

    Pour une branche d’où glisse un bouquet d’étoiles blanches,

    Connu la grâce d’un jardin sauvage et sa douceur,

     

    Nul ne sait… Ô bijoux vivants, pétales

    Faits de neige et de lait, de jeune émail,

    De nacre ou d’ivoire si blanc, de blanc corail,

    D’une chair de jacinthe ou d’ixaura si pâle,

     

    Blancheur qu’à sa mantille, entre un œillet de sang

    Et le jaune pompon d’une rose, l’Espagne,

    La brune Espagne, veut comme au front blanc de ses montagnes –

    Blancheur qui semble un talisman, blancheur en qui l’on sent

     

    Quelque chose du cygne, des colombes,

    De l’hermine – et qui vient, comme l’encens,

    D’un sol qui brûle sous des cieux éblouissants.

    Mon jasmin d’Orient! mon jasmin qui retombe

     

    Du vieux mur que je sais dans un jardin gascon,

    N’êtes-vous pas vraiment tout ce que j’imagine?

    L’âme des citronniers, des lauriers-roses, des glycines,

    Je la respire en vous comme sur un balcon

     

    Tourné vers les pays des caravanes…

    Je suis à la terrasse où des fleurs se défont

    Comme des glands de perles sur vos fronts,

    Graves petites filles musulmanes!

     

    J’en tresse comme vous des colliers à sept rangs –

    Et c’est un vieux marchand couleur de datte sèche

    Qui me vendit hier ses flacons odorants

    Pour asperger d’ardentes gouttes la nuit fraîche…

     

    Et vous pouvez être là-bas, mon doux jasmin,

    Rose comme la rose ou blond comme l’abeille.

    - Le mimosa d’Égypte a des touffes pareilles,

    Les roses d’Ispahan ont ces tons de carmin –

     

    Mais vous restez pour moi du blanc des coquillages,

    Minuscules cornets d’albâtre, cire en pleurs,

    Miettes de clair de lune aux trous noirs du feuillage,

    Fleurs de mon beau jasmin sauvage, dont le cœur

     

    Semble caché dans l’étui blanc d’une veilleuse.

     

    C’est blanc que vous voyait, le long de nos chemins,

    Dans l’ensorcellement d’une journée heureuse,

    Le grand poète  de chez nous, qui, brin par brin,

    Vous cueillait, rameaux de Gascogne, pour sa Muse!

     

    Tout blanc, vous vous tendez aux papillons qui musent

    Autour de l’Ermitage , entre les espaliers.

    Au chapeau du vieux puits vous mettez une aigrette;

    Vous couronnez le toit penchant de Françonnette

    Et, pour l’Aveugle, parfumez Castelculier .

     

    C’est pourquoi, le Poète et vous, portez sans doute

    Le même nom qu’une fée a choisi.

    C’est pourquoi l’on vous veut, parant la route

    De ceux qui vont, chantant les fleurs de leur pays.

     

    Jasmin, jasmin d’argent, n’êtes-vous pas l’image

    De l’étoile que les bergers suivaient avec les Mages?

    La nuit a pris sa cape grise… Conduisez

    À travers les jardins le long pèlerinage!

    Qui donc verra jamais votre petit visage,

    Si menu, si menu, sous les rameaux entrecroisés,

    Tel que, moi, je le vois, sans même ouvrir la porte,

    Sans même avoir besoin de regarder dehors,

    Si c’est le temps du premier scarabée aux ailes d’or?

     

    Vous êtes là… si c’est l’hiver, qu’importe!

    Puisque, à mes yeux, vous ne vous fanez pas,

    Mystérieux jasmin qui me parlez tout bas,

    Puisque vous ne pouvez avoir pour moi de feuilles mortes.

     

     

    (Sabine Sicaud, Poèmes d’enfant, 1926)

     

     

     

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  • Juin (La ronde des mois)

     

    Ce sacré petit mois de Juin

    Couvert des couleurs d'arlequin,

    Nous conduit vers l'été, doucement,

    Allongeant les jours discrètement.

     

    Les averses, fréquentes, nettoient la nature

    Et laissent, derrière elles, un ciel d'azur.

    Exaltant, des parfums enivrants

    Dans un univers transparent.

     

    Et, pourtant l'on sait sans aucun doute

    Que, quand Saint Barnabé, sous la céleste voûte

    Coupe le pied de ce pauvre Saint Médard

    L'été somnolent n'est jamais en retard.

     

    Et sous un soleil chaud et éclatant

    En ce dernier mois du printemps

    S'épanouie, la fête de la musique

    Nous entraînant, dans une ronde magnifique.

     

    Dominique Sagne


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  • Dans cette vie ou nous ne sommes

     Que pour un temps si tôt fini,

     L’instinct des oiseaux et des hommes

     Sera toujours de faire un nid ;

     

    Et d’un peu de paille ou d’argile

     Tous veulent se construire, un jour,

     Un humble toit, chaud et fragile,

     Pour la famille et pour l’amour.

     

    Par les yeux d’une fille d’Ève

     Mon coeur profondément touché

     Avait fait aussi ce doux rêve

     D’un bonheur étroit et caché.

     

    Rempli de joie et de courage,

     A fonder mon nid je songeais ;

     Mais un furieux vent d’orage

     Vient d’emporter tous mes projets ;

     

    Et sur mon chemin solitaire

     Je vois, triste et le front courbé,

     Tous mes espoirs brisés à terre

     Comme les oeufs d’un nid tombé.

     

    François Coppée, Les mois

     


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  • Poème de Delcau Roinos

     

    L'abeille, la vache et la guêpe

     

    Une abeille virevoltant et butinant

    De pâquerettes en pissenlits de prairies en champs

    Se gorge de doux sucs pour son grand bonheur

    L'été offrant mille parfums et tant de saveurs

    Au détour d'une pâture elle vit une vache bien grasse

    Délaissant pour un instant les fleurs, se pose pleine de grâce

    Sur le dos du mastodonte, qui d'un violent coup de queue l'envoie paître

    Me prendrais tu pour une vulgaire mouche ? Moi qu'une reine a fait naître

    Certes je ne suis qu'ouvrière dans la ruche mais utile

    La vache la contemple et ruminant son dédain la trouve bien futile

    Pauvre bestiole si je veux je te noie dans un torrent de lait pour ton outrecuidance

    Mais l'abeille lui rétorque qu'elle ne le peut sans assistance

    Du miel qui régale les hommes par contre elle seule fabrique

    Écoutes petite chose ridicule si tu savais tout ce que j'offre cela est unique

    De mon lait on tire plusieurs produits, on mange ma viande, de ma peau le cuir

    Alors serais tu reine pour les humains et ton époux appelé sir

    Bien sur nous sommes les mamelles de la France

    Une guêpe passant par la vient se mêler à la conversation de toute urgence

    Que se passe-t-il chère cousine demanda-t-elle à l'abeille

    L'abeille lui dit que la vache dans le mensonge n'avait pas son pareil

    Madame prétend être la reine et être fêté par les humains

    La guêpe se mit à rire, écoutes comme il parle de toi pauvre bovin

    Peau de vache, grosse vache, morts aux vaches tu n'inspires que mépris et insultes

    Alors que ma cousine présente, est vouée aux cultes

    Empereurs et roi l'ont honore, on la trouve aussi sur les bijoux

    Leur miel n'est il pas un rare nectar, même les frelons sont jaloux

    Moi qui ne suis qu'une guêpe quand j'entends des choses pareils cela me donne le bourdon

    Car une vache qui meugle devant un train n'est pas vraiment de bon ton

    La vache qui ne manque pas d'estomac prétend être sacrée et le pense

    Car pour elle les hommes la traite avec déférence

    Souvent d'ailleurs fait elle remarquer ils nous donnent un nom

    L'abeille lui fit comprendre que sans les insectes fini la végétation

    Puisque sans elles le pollen resterait en place

    Donc plus de nourriture pour les vaches et tous ceux de sa race

    Agacée, à son tour la guêpe dit à la vache vous avec vos idées vous devenez folle

    Pas folle, elle la guêpe invite sa cousine à reprendre leur vol.

    Moralité quand on devient vache

    Il faut savoir pour faire son beurre être tout miel.

     

     

     


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    Les Frelons et les mouches à miel

     

    A l'œuvre on connaît l'Artisan.

    Quelques rayons de miel sans maître se trouvèrent :

    Des Frelons les réclamèrent ;

    Des Abeilles s'opposant,

    Devant certaine Guêpe on traduisit la cause.

    Il était malaisé de décider la chose.

    Les témoins déposaient qu'autour de ces rayons

    Des animaux ailés, bourdonnants, un peu longs,

    De couleur fort tannée, et tels que les Abeilles,

    Avaient longtemps paru. Mais quoi ! dans les Frelons

    Ces enseignes étaient pareilles.

    La Guêpe, ne sachant que dire à ces raisons,

    Fit enquête nouvelle, et pour plus de lumière

    Entendit une fourmilière.

    Le point n'en put être éclairci.

    " De grâce, à quoi bon tout ceci ?

    Dit une Abeille fort prudente,

    Depuis tantôt six mois que la cause est pendante,

    Nous voici comme aux premiers jours.

    Pendant cela le miel se gâte.

    Il est temps désormais que le juge se hâte :

    N'a-t-il point assez léché l'Ours ?

    Sans tant de contredits, et d'interlocutoires,

    Et de fatras, et de grimoires,

    Travaillons, les Frelons et nous :

    On verra qui sait faire, avec un suc si doux,

    Des cellules si bien bâties. "

    Le refus des Frelons fit voir

    Que cet art passait leur savoir ;

    Et la Guêpe adjugea le miel à leurs parties.

    Plût à Dieu qu'on réglât ainsi tous les procès !

    Que des Turcs en cela l'on suivît la méthode !

    Le simple sens commun nous tiendrait lieu de Code ;

    Il ne faudrait point tant de frais ;

    Au lieu qu'on nous mange, on nous gruge,

    On nous mine par des longueurs ;

    On fait tant, à la fin, que l'huître est pour le juge,

    Les écailles pour les plaideurs.

     

     

     

     

    Jean de La Fontaine (1621 -1695)  

     

     

     


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    L’Abeille et le Frêlon

     

    Une Abeille, dans la prairie,

    Se promenait sur mille fleurs.

    Elle respirait leurs odeurs ,

    De toutes elle était chérie

    Et recevait quelques faveurs. 

    Un Frelon l'observait, & sa jalouse rage 

    Ne put long-tems se contenir;

    II s'approche, il fait grand tapage

    Et se prépare à la punir.

    Ah ! Frelon, quelle jalousie,

    Ou plutôt quelle cruauté, 

    Dit l'Abeille en tremblant, calmez Votre Furie ;

    Mon travail appartient à la société, 

    Et le peu de ces fleurs dont je me suis nourrie, 

    Je le rends à l'humanité. 

    J'en compose le miel ; je n'ai point d'autre envie, 

    Et si je suis de quelque utilité,

    C’est tout le bonheur de ma vie,

    Et c'est ma seule vanité.

    A ce discours, le Frelon en colère 

    Menace, il veut l'anéantir ; 

    Et sous sa rage meurtrière 

    L'Abeille étoit prête à périr, 

    Lorsqu'un oiseau, témoin de la querelle, 

    Vint la soustraire au barbare Frelon. 

    O vous, dont la fureur toujours se renouvelle,

    Retenez bien cette leçon ; 

    Dans les trésors du goût laissés puiser l'Abeille : 

    Zoïles insensés, vous bourdonnez en vain ! 

    Le Public seul est juge souverain ; 

    Arbitre des talens, il est l'oiseau qui veille, 

    Et pour vous écraser il a le foudre en main. 

     

    M. Dusausoir.

    Mercure de France, 1771.

     

     

     

     

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    L'Abeille et le Frelon

     

    Une abeille dès le matin 

    Après avoir sucé mille fleurs d’un parterre,

    Revolait vers sa ruche avec force butin.

    Un frelon la rencontre, et, lui faisant la guerre,

    Lui dit : Insensée ! Où vas-tu ? 

    Au travail, n’est-ce pas ? Te vaut-il un fétu ?

    A quoi bon prendre tant de peine 

    Pour les menus plaisirs d’une indolente reine ?

    Travaille pour toi seule, et ce sera tout gain.

    Voilà ce que je te conseille.

    L’autre lui répondit :Tu me prêches en vain :

    Ce qui ne tourne pas au profit de l’essaim

    Ne peut être utile à l’Abeille.

     

     

    Antoine François Le Bailly

    1756, publié par J.L.J. Brière, 1823.

     

     

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    L'Éphémère et le frelon

     

    Né le matin , le soir près du tombeau, 

    Un Ephémère(a) avoit changé deux fois de peau ; 

    Pondu des œufs, couvé, fait le tout à la hâte, 

    Et chez Pluton descendoit bien & beau. 

    Vous êtes d'une bonne pâte, 

    Lui dit un Frelon(b) étonné; 

    Vous voilà décrépit qu'à peine êtes-vous né. 

    Qui vous pressoit ? pourquoi faire aussi tant d'ouvrage ?

    Vous auriez vécu davantage,

    En vous reposant comme moi.

    L'Ephémère lui dit : Tais-toi.

    Ton exemple est honteux à suivre. J'ai travaillé ; je laisse après moi des enfans : Quand dans l'oisiveté j'aurois vécu cent ans,

    Dis-moi donc, auroit-ce été vivre?

     

    Jean-Louis Aubert

    Fables et oeuvres diverses

    Publié par Moutard, 1774

     

     

    Notes :

    (a) Ephémère, petit insecte volant, qui ne vit, dit-on, qu'un seul jour, & qui dans cet espace, change deux fois de peau , fait des œufs & jette des semences. Les Pêcheurs s'en fervent pour amorcer leurs hameçons. On prétend qu’avant que d'être insecte aîlé , il vit trois ans sous la forme de Ver.

    (b) Frelon , espèce de Mouche inutile , qui ressemblc à la Guêpe , mais qui est plus grosse du double. Si l'on coupe un Frelon en deux , il ne laisse pas de manger.

     

     


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