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    Poète : Albert Samain (1858-1900)

     

    Recueil : Au jardin de l'infante (1893).

     

     

    Ton Souvenir est comme un livre bien aimé, 

    Qu'on lit sans cesse, et qui jamais n'est refermé, 

    Un livre où l'on vit mieux sa vie, et qui vous hante 

    D'un rêve nostalgique, où l'âme se tourmente.

     

    Je voudrais, convoitant l'impossible en mes vœux, 

    Enfermer dans un vers l'odeur de tes cheveux ; 

    Ciseler avec l'art patient des orfèvres 

    Une phrase infléchie au contour de tes lèvres ;

     

    Emprisonner ce trouble et ces ondes d'émoi 

    Qu'en tombant de ton âme, un mot propage en moi ; 

    Dire quelle mer chante en vagues d'élégie 

    Au golfe de tes seins où je me réfugie ; 

    Dire, oh surtout ! tes yeux doux et tièdes parfois 

    Comme une après-midi d'automne dans les bois ; 

    De l'heure la plus chère enchâsser la relique, 

    Et, sur le piano, tel soir mélancolique, 

    Ressusciter l'écho presque religieux 

    D'un ancien baiser attardé sur tes yeux.

    Albert Samain.           

     


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  •  Ayant poussé la porte étroite qui chancelle,

     Je me suis promené dans le petit jardin

     Qu’éclairait doucement le soleil du matin,

     Pailletant chaque fleur d’une humide étincelle.

     

    Rien n’a changé. J’ai tout revu : l’humble tonnelle

     De vigne folle avec les chaises de rotin…

     Le jet d’eau fait toujours son murmure argentin

     Et le vieux tremble sa plainte sempiternelle.

     

    Les roses comme avant palpitent ; comme avant,

     Les grands lys orgueilleux se balancent au vent,

     Chaque alouette qui va et vient m’est connue.

     

    Même j’ai retrouvé debout la Velléda,

     Dont le plâtre s’écaille au bout de l’avenue,

     – Grêle, parmi l’odeur fade du réséda.

     

    Paul Verlaine, Poèmes saturniens

     

     

     

     


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    Sainte Geneviève, patronne de Paris priez pour nous

     

     

      

     

     

     

     

     

    Pleure mon coeur sur ma vie en noire et blanc ce soir....

    Tout ce bruit dans mon coeur,ses battements sont comme des notes d'une musique tragique ..

    Ils viennent me crier les peines et éteindre l'espoir d'amour qu'il y avait en moi....celui que j'imaginais retrouvé....

    De ces moments fous le terrorisme a dominé .....

    Ne trouvant pas le sommeil je me perd sur la toile de cette vie en priant a ne plus savoir compter....

    Toutes ces vies sacrifiées au nom d'un dieu .....

    Ces fous venus pour tuer la liberté ...mais jamais...non jamais....

    Fous de Dieu...

    Vous ne tuerez l'amour...

    Ni notre liberté.....

    LOU 14/11

     

     

     

     

     

     

     


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    Dans tes pas, je deviens toi

    Dans un chemin que tes pas foulaient autrefois

    Enfin aujourd'hui, je suis un peu avec toi

    M'imprégner de ton passé en ce bel endroit

    Lieu que je découvre pour la première fois

    Ecouter le vent me conter l'histoire de toi

    Tes pensées, ou tes idées je les entrevoie

    Et sur les rives du halage cette fois

    Je suis venue aussi marcher, comme avant toi

    Oh non, tu n'avais guère point vraiment le choix

    Qu'importait la saison, début ou fin de mois

    Partir glaner dans les champs, affronter le froid

    Pêcher les anguilles avec le bâton de bois

    Nourrir une famille était d'abord ta loi

    Le cresson sauvage, bonne soupe ma foi 

    Les fagots ramassés que tes mains froides broient

    Réchauffaient bien les âmes sous ton propre toit

    Les bienfaits de la nature devenaient tes proies

    Aux abords des pâtures ou du petit sous bois

    J'ai fait le trajet en boucle, l'esprit en joie

    Main dans ta main, il aurait fallu que ce soit

    Et j'aurai sautillé oui, et un, deux et trois

    Tu aurais pu me raconter avec ta voix

    Sûre Papa que j'aurais compris ton patois

    Et même que les joues rosies sur mon minois

    Trahiraient mon émoi par un regard sournois

    Fière, courir chercher les œufs de poule et d'oie

    J'aurais voulu vivre ces années près de toi

    Tant pis je ferme les yeux... et là je te vois

    « Les écrits de Valérie »

    Valérie Gosselin

     


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    Albert SAMAIN (1858-1900)

     

    Recueil : Au jardin de l'infante

     

     

      

     

    Albert SAMAIN   (1858-1900)

     

     

    Il est d'étranges soirs ...

     

    Il est d'étranges soirs où les fleurs ont une âme,

    Où dans l'air énervé flotte du repentir,

    Où sur la vague lente et lourde d'un soupir

    Le coeur le plus secret aux lèvres vient mourir.

    Il est d'étranges soirs, où les fleurs ont une âme,

    Et, ces soirs-là, je vais tendre comme une femme.

     

    Il est de clairs matins, de roses se coiffant,

    Où l'âme a des gaietés d'eaux vives dans les roches,

    Où le coeur est un ciel de Pâques plein de cloches,

    Où la chair est sans tache et l'esprit sans reproches.

    Il est de clairs matins, de roses se coiffant,

    Ces matins-là, je vais joyeux comme un enfant.

     

    Il est de mornes jours, où las de se connaître

    Le coeur, vieux de mille ans, s'assied sur son butin,

    Où le plus cher passé semble un décor déteint,

    Où s'agite un minable et vague cabotin.

    Il est de mornes jours las du poids de connaître,

    Et, ces jours-là, je vais courbé comme un ancêtre.

     

    Il est des nuits de doute, où l'angoisse vous tord,

    Où l'âme, au bout de la spirale descendue,

    Pâle et sur l'infini terrible suspendue,

    Sent le vent de l'abîme, et recule éperdue !

    Il est des nuits de doute, où l'angoisse vous tord,

    Et, ces nuits-là, je suis dans l'ombre comme un mort.

     

     

     

     

     


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  •  Nous sommes le 10 novembre 2015. Un certain 10 novembre 1891, Arthur Rimbaud mourrait à Marseille à 37 ans. Bien que brève, la densité de son oeuvre poétique fait d'Arthur Rimbaud, une des figures premières de la littérature française. C'est à 15 ans qu'il écrit ses premiers poèmes. Ses idées marginales, anti-bourgeoises et libertaires le poussent à choisir une vie aventureuse.

    Exemple d'un poème : "Les corbeaux".

    Seigneur, quand froide est la prairie,

    Quand dans les hameaux abattus,

    Les longs angélus se sont tus...

    Sur la nature défleuris

    Faites s'abattre des grands cieux

    Les chers corbeaux délicieux.

    Armée étrange aux cris sévères,

    Les vents froids attaquent vos nids !

    Vous, le long des fleuves jaunis,

    Sur les routes aux vieux calvaires,

    Sur les fossés et sur les trous

    Dispersez-vous, ralliez-vous !

    Par milliers, sur les champs de France,

    Où dorment des morts d'avant-hier,

    Tournoyez, n'est-ce pas, l'hiver,

    pour que chaque passant repense !

    Sois donc le crieur du devoir,

    O notre funèbre oiseau noir !

    Mais, saints du ciel, en haut du chêne,

    Mât perdu dans le soir charmé,

    laissez les fauvettes de mai

    Pour ceux qu'au fond du bois enchaîne,

    dans l'herbe d'où l'on ne peut fuir,

    La défaite sans avenir.

    Arthur Rimbaud

     

     


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  • Un rêve

     

     

    Je dormais d'un sommeil hanté d'étranges rêves

    Le corps las du combat, secoué de frissons,

    Je rêvais d'une femme et ses paroles brèves

    Restent dans mon esprit gravées comme des sons.

     

     

    Elle était jeune et belle et ses yeux d'émeraude

    Laissaient tomber sur moi un regard attendri,

    Je sentais dans ma main sa main superbe et chaude,

    Elle me dit : Je suis la Vie et j'ai souri. 

     

     

    Plus tard je la revis sur un champ de bataille

    Qui maintenant mon bras me montrait l'ennemi,

    Des palmes de lauriers enguirlandaient sa taille,

    Elle me dit : Je suis la Gloire et j'ai frémi.

     

     

    Et puis je l'ai revue inhumaine et farouche,

    Les yeux étincelant d'un triomphant mépris,

    Elle a glacé mon sang d'un baiser sur la bouche,

    Elle m'a dit : Je suis la Mort et j'ai compris.

     

     

    Octobre 1914

     

     

    Y. Chodzko

     


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    Sabine SICAUD (1913-1928)

     

    Recueil : Douleur, je vous déteste

     

     

     

    Douleur, je vous déteste

     

     

     

    Douleur, je vous déteste ! Ah ! que je vous déteste !

    Souffrance, je vous hais, je vous crains, j'ai l'horreur 

    De votre guet sournois, de ce frisson qui reste 

    Derrière vous, dans la chair, dans le coeur...

     

    Derrière vous, parfois vous précédant, 

    J'ai senti cette chose inexprimable, affreuse :

    Une bête invisible aux minuscules dents 

    Qui vient comme la taupe et fouille et mord et creuse 

    Dans la belle santé confiante - pendant 

    Que l'air est bleu, le soleil calme, l'eau si fraîche !

     

    Ah ! " l'Honneur de souffrir " ?... Souffrance aux lèvres sèches, 

    Souffrance laide, quoi qu'on dise, quel que soit 

    Votre déguisement - Souffrance 

    Foudroyante ou tenace ou les deux à la fois -

     

    Moi je vous vois comme un péché, comme une offense 

    A l'allègre douceur de vivre, d'être sain 

    Parmi des fruits luisants, des feuilles vertes, 

    Des jardins faisant signe aux fenêtres ouvertes...

     

    De gais canards courent vers les bassins, 

    Des pigeons nagent sur la ville, fous d'espace. 

    Nager, courir, lutter avec le vent qui passe, 

    N'est-ce donc pas mon droit puisque la vie est là 

    Si simple en apparence... en apparence !

     

    Faut-il être ces corps vaincus, ces esprits las, 

    Parce qu'on vous rencontre un jour, Souffrance, 

    Ou croire à cet Honneur de vous appartenir 

    Et dire qu'il est grand, peut-être, de souffrir ?

     

    Grand ? Qui donc en est sûr et que m'importe ! 

    Que m'importe le nom du mal, grand ou petit, 

    Si je n'ai plus en moi, candide et forte, 

    La Joie au clair visage ? Il s'est menti, 

    Il se ment à lui-même, le poète 

    Qui, pour vous ennoblir, vous chante... Je vous hais.

     

    Vous êtes lâche, injuste, criminelle, prête 

    Aux pires trahisons ! Je sais 

    Que vous serez mon ennemie infatigable 

    Désormais... Désormais, puisqu'il ne se peut pas 

    Que le plus tendre parc embaumé de lilas, 

    Le plus secret chemin d'herbe folle ou de sable, 

    Permettent de vous fuir ou de vous oublier !

     

    Chère ignorance en petit tablier, 

    Ignorance aux pieds nus, aux bras nus, tête nue 

    A travers les saisons, ignorance ingénue 

    Dont le rire tintait si haut. Mon Ignorance, 

    Celle d'Avant, quand vous m'étiez une inconnue, 

    Qu'en a-t-on fait, qu'en faites-vous, vieille Souffrance ?

     

    Vous pardonner cela qui me change le monde ? 

    Je vous hais trop ! Je vous hais trop d'avoir tué 

    Cette petite fille blonde 

    Que je vois comme au fond d'un miroir embué... 

    Une Autre est là, pâle, si différente !

     

    Je ne peux pas, je ne veux pas m'habituer 

    A vous savoir entre nous deux, toujours présente, 

    Sinistre Carabosse à qui les jeunes fées 

    Opposent vainement des Pouvoirs secourables !

     

    Il était une fois... 

    Il était une fois - pauvres voix étouffées !

    Qui les ranimera, qui me rendra la voix 

    De cette Source, fée entre toutes les fées, 

    Où tous les maux sont guérissables ?

     

     

     


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    Les oies sauvages

     

    Guy de Maupassant

     

     

     

     

    Tout est muet, l’oiseau ne jette plus ses cris.

     

    La morne plaine est blanche au loin sous le ciel gris.

     

    Seuls, les grands corbeaux noirs, qui vont cherchant leurs proies,

     

    Fouillent du bec la neige et tachent sa pâleur.

     

     

    Voilà qu’à l’horizon s’élève une clameur ;

     

    Elle approche, elle vient, c’est la tribu des oies.

     

    Ainsi qu’un trait lancé, toutes, le cou tendu,

     

    Allant toujours plus vite, en leur vol éperdu,

     

    Passent, fouettant le vent de leur aile sifflante.

     

     

     

     

    Le guide qui conduit ces pèlerins des airs

     

    Delà les océans, les bois et les déserts,

     

    Comme pour exciter leur allure trop lente,

     

    De moment en moment jette son cri perçant.

     

     

    Comme un double ruban la caravane ondoie,

     

    Bruit étrangement, et par le ciel déploie

     

    Son grand triangle ailé qui va s’élargissant.

     

     

     

     

    Mais leurs frères captifs répandus dans la plaine,

     

    Engourdis par le froid, cheminent gravement.

     

    Un enfant en haillons en sifflant les promène,

     

    Comme de lourds vaisseaux balancés lentement.

     

    Ils entendent le cri de la tribu qui passe,

     

    Ils érigent leur tête ; et regardant s’enfuir

     

    Les libres voyageurs au travers de l’espace,

     

    Les captifs tout à coup se lèvent pour partir.

     

    Ils agitent en vain leurs ailes impuissantes,

     

    Et, dressés sur leurs pieds, sentent confusément,

     

    A cet appel errant se lever grandissantes

     

    La liberté première au fond du coeur dormant,

     

    La fièvre de l’espace et des tièdes rivages.

     

    Dans les champs pleins de neige ils courent effarés,

     

    Et jetant par le ciel des cris désespérés

     

    Ils répondent longtemps à leurs frères sauvages.

     

     


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  • La grand-mère

     

    Poète : Sophie d'Arbouville (1810-1850)

     

    Recueil : Poésies et nouvelles (1840).

     

     

     

     

    Dansez, fillettes du village, 

    Chantez vos doux refrains d'amour : 

    Trop vite, hélas ! un ciel d'orage 

    Vient obscurcir le plus beau jour.

     

    En vous voyant, je me rappelle 

    Et mes plaisirs et mes succès ; 

    Comme vous, j'étais jeune et belle, 

    Et, comme vous, je le savais. 

    Soudain ma blonde chevelure 

    Me montra quelques cheveux blancs... 

    J'ai vu, comme dans la nature, 

    L'hiver succéder au printemps.

     

    Dansez, fillettes du village, 

    Chantez vos doux refrains d'amour ; 

    Trop vite, hélas ! un ciel d'orage 

    Vient obscurcir le plus beau jour.

     

    Naïve et sans expérience, 

    D'amour je crus les doux serments, 

    Et j'aimais avec confiance... 

    On croit au bonheur à quinze ans !

    Une fleur, par Julien cueillie, 

    Était le gage de sa foi ; 

    Mais, avant qu'elle fût flétrie, 

    L'ingrat ne pensait plus à moi !

     

    Dansez, fillettes du Village, 

    Chantez vos doux refrains d'amour ; 

    Trop vite, hélas ! un ciel d'orage 

    Vient obscurcir le plus beau jour.

     

    À vingt ans, un ami fidèle 

    Adoucit mon premier chagrin ; 

    J'étais triste, mais j'étais belle, 

    Il m'offrit son cœur et sa main. 

    Trop tôt pour nous vint la vieillesse ; 

    Nous nous aimions, nous étions vieux... 

    La mort rompit notre tendresse... 

    Mon ami fut le plus heureux !

     

    Dansez, fillettes du village, 

    Chantez vos doux refrains d'amour ; 

    Trop vite, hélas ! un ciel d'orage 

    Vient obscurcir le plus beau jour.

     

    Pour moi, n'arrêtez pas la danse ; 

    Le ciel est pur, je suis au port, 

    Aux bruyants plaisirs de l'enfance 

    La grand-mère sourit encor. 

    Que cette larme que j'efface 

    N'attriste pas vos jeunes cœurs : 

    Le soleil brille sur la glace, 

    L'hiver conserve quelques fleurs.

     

    Dansez, fillettes du village, 

    Chantez vos doux refrains d'amour, 

    Et, sous un ciel exempt d'orage, 

    Embellissez mon dernier jour !

    Sophie d'Arbouville. 

     

     

     


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    Boreal owl (Štěpán Strádal)

     

     

     

     

     

    Chaque soir, près de chez nous,

    Vient percher un vieux hibou :

    En sentinelle de garde,

    Il est là qui nous regarde.

     

    Il veille sur nous la nuit,

    Sans sourciller et sans bruit;

    De sa prunelle immobile,

    Il nous contemple, tranquille.

     

    Puis soudain en hululant,

    Tel un fantôme volant,

    Il s'élance, oiseau funèbre,

    Et se noie dans les ténèbres.

     

     

     

    Béatrice Gangi

     

    A western screech owl (Tara Tanaka)

     

     

     

     


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    Dans les nuits d’automne, errant par la ville,

     Je regarde au ciel avec mon désir,

     Car si, dans le temps qu’une étoile file,

     On forme un souhait, il doit s’accomplir.

     

    Enfant, mes souhaits sont toujours les mêmes :

     Quand un astre tombe, alors, plein d’émoi,

     Je fais de grands voeux afin que tu m’aimes

     Et qu’en ton exil tu penses à moi.

     

    A cette chimère, hélas ! je veux croire,

     N’ayant que cela pour me consoler.

     Mais voici l’hiver, la nuit devient noire,

     Et je ne vois plus d’étoiles filer.

     

    François Coppée, L’Exilée (1877)

     


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  • Petit poème sans prétention inspiré par ce vers célèbre d'Agrippa d'Aubigné (qui est un homme malgré son prénom féminin !), par les sentiments qui m'animent pour le moment et par les roses du jardin qui me plaisent d'autant plus qu'elles sont peu nombreuses et ont un air fragile... 

     

     

     

    Toute ressemblance avec une personne etc. etc. ... ne serait pas purement fortuite. Mais qu'on se le dise, ceci est un clin d'oeil malicieux, plein de tendresse au fond ...

     

     

     

    "Une rose d'automne est plus qu'une autre exquise"

     Belle métaphore de Monsieur d'Aubigné !

     Quel homme d'expérience ! Quel poète éclairé !

     Quel très fin connaisseur ! Mon Dieu, il m'a conquise !

     Cela me plait assez... Je vous tairai mon âge !

     Mais sachez que les ans ne m'ont pas rendue sage...

     

     

    Même si votre avis est différent du sien

     (Que vous soyez séduit par jeunesse ou tendron

     Ou que vous soyez, vous, jeune fille, oisillon),

     Vous conviendrez sans peine que, dans votre jardin,

     La rose de septembre a ceci de magique

     Qu'elle se fait rare et frêle, ce qui la rend unique !

     

     

    Elle a un charme fou en cet été qui fuit...

     Dans un beau contre-jour de lumière automnale

     Ou parée des perles des bruines matinales,

     Frémissant, frissonnant ou ployant sous la pluie.

     De bonne volonté, toutes éclairent mes jours !

     Je vous laisse apprécier leur grâce, à votre tour...

     

     

     

     

     

     


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  • Amour secret

     

    Poète : Victor Hugo (1802-1885)

     

    Recueil : Toute la lyre (1888 et 1893).

     

     

    Ô toi d'où me vient ma pensée, 

    Sois fière devant le Seigneur ! 

    Relève ta tête abaissée, 

    Ô toi d'où me vient mon bonheur !

     

    Quand je traverse cette lieue 

    Qui nous sépare, au sein des nuits, 

    Ta patrie étoilée et bleue 

    Rayonne à mes yeux éblouis.

     

    C'est l'heure où cent lampes en flammes 

    Brillent aux célestes plafonds ; 

    L'heure où les astres et les âmes 

    Échangent des regards profonds.

     

    Je sonde alors ta destinée, 

    Je songe à toi, qui viens des cieux, 

    A toi, grande âme emprisonnée, 

    A toi, grand coeur mystérieux !

     

    Noble femme, reine asservie, 

    Je rêve à ce sort envieux 

    Qui met tant d'ombre dans ta vie, 

    Tant de lumière dans tes yeux

     

    Moi, je te connais tout entière 

    Et je te contemple à genoux ; 

    Mais autour de tant de lumière 

    Pourquoi tant d'ombre, ô sort jaloux ?

     

    Dieu lui donna tout, hors l'aumône 

    Qu'il fait à tous dans sa bonté ; 

    Le ciel qui lui devait un trône 

    Lui refusa la liberté.

     

    Oui, ton aile, que le bocage, 

    Que l'air joyeux réclame en vain, 

    Se brise aux barreaux d'une cage, 

    Pauvre grande âme, oiseau divin !

     

    Bel ange, un joug te tient captive, 

    Cent préjugés sont ta prison, 

    Et ton attitude pensive, 

    Hélas, attriste ta maison.

     

    Tu te sens prise par le monde 

    Qui t'épie, injuste et mauvais. 

    Dans ton amertume profonde 

    Souvent tu dis : si je pouvais !

     

    Mais l'amour en secret te donne 

    Ce qu'il a de pur et de beau, 

    Et son invisible couronne, 

    Et son invisible flambeau !

     

    Flambeau qui se cache à l'envie, 

    Qui luit, splendide et clandestin, 

    Et qui n'éclaire de la vie 

    Que l'intérieur du destin.

     

    L'amour te donne, ô douce femme, 

    Ces plaisirs où rien n'est amer, 

    Et ces regards où toute l'âme 

    Apparaît dans un seul éclair,

     

    Et le sourire, et la caresse, 

    L'entretien furtif et charmant, 

    Et la mélancolique ivresse 

    D'un ineffable épanchement,

     

    Et les traits chéris d'un visage, 

    Ombre qu'on aime et qui vous suit, 

    Qu'on voit le jour dans le nuage, 

    Qu'on voit dans le rêve la nuit,

     

    Et les extases solitaires, 

    Quand tous deux nous nous asseyons 

    Sous les rameaux pleins de mystères 

    Au fond des bois pleins de rayons ;

     

    Purs transports que la foule ignore, 

    Et qui font qu'on a d'heureux jours 

    Tant qu'on peut espérer encore 

    Ce dont on se souvient toujours.

     

    Va, sèche ton bel oeil qui pleure, 

    Ton sort n'est pas déshérité. 

    Ta part est encor la meilleure, 

    Ne te plains pas, ô ma beauté !

     

    Ce qui manque est bien peu de chose 

    Quand on est au printemps vermeil, 

    Et quand on vit comme la rose 

    De parfums, d'ombre et de soleil.

     

    Laisse donc, ô ma douce muse, 

    Sans le regretter un seul jour, 

    Ce que le destin te refuse 

    Pour ce que te donne l'amour !

    Victor Hugo. 

     

     

     


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  • Quand le fil de ma vie

     

    Poète : Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859)

     

    Recueil : Élégies (1830).

     

     

    Quand le fil de ma vie (hélas ! il tient à peine ) 

    Tombera du fuseau qui le retient encor ; 

    Quand ton nom, mêlé dans mon sort, 

    Ne se nourrira plus de ma mourante haleine ; 

    Quand une main fidèle aura senti ma main 

    Se refroidir sans lui répondre ; 

    Quand mon dernier espoir, qu'un souffle va confondre, 

    Ne trouvera plus ton chemin, 

    Prends mon deuil : un pavot, une feuille d'absinthe, 

    Quelques lilas d'avril, dont j'aimai tant la fleur ; 

    Durant tout un printemps qu'ils sèchent sur ton cœur, 

    Je t'en prie : un printemps ! cette espérance est sainte ! 

    J'ai souffert, et jamais d'importunes clameurs 

    N'ont rappelé vers moi ton amitié distraite ; 

    Va ! j'en veux à la mort qui sera moins discrète, 

    Moi, je ne serai plus quand tu liras : « Je meurs. »

     

    Porte en mon souvenir un parfum de tendresse ; 

    Si tout ne meurt en moi, j'irai le respirer. 

    Sur l'arbre, où la colombe a caché son ivresse, 

    Une feuille, au printemps, suffit pour l'attirer.

     

    S'ils viennent demander pourquoi ta fantaisie 

    De cette couleur sombre attriste un temps d'amour, 

    Dis que c'est par amour que ton cœur l'a choisie ; 

    Dis-leur que l'amour est triste, ou le devient un jour. 

    Que c'est un vœu d'enfance, une amitié première ; 

    Oh ! dis-le sans froideur, car je t'écouterai ! 

    Invente un doux symbole où je me cacherai : 

    Cette ruse entre nous encor . . . c'est la dernière.

     

    Dis qu'un jour, dont l'aurore avait eu bien des pleurs, 

    Tu trouvas sans défense une abeille endormie ; 

    Qu'elle se laissa prendre et devint ton amie ; 

    Qu'elle oublia sa route à te chercher des fleurs. 

    Dis qu'elle oublia tout sur tes pas égarée, 

    Contente de brûler dans l'air choisi par toi. 

    Sous cette ressemblance avec pudeur livrée, 

    Dis-leur, si tu le peux, ton empire sur moi.

     

    Dis que l'ayant blessée, innocemment peut-être, 

    Pour te suivre elle fit des efforts superflus ; 

    Et qu'un soir accourant, sûr de la voir paraître, 

    Au milieu des parfums, tu ne la trouvas plus. 

    Que ta voix, tendre alors, ne fut pas entendue ; 

    Que tu sentis sa trame arrachée à tes jours ; 

    Que tu pleuras sans honte une abeille perdue ; 

    Car ce qui nous aima, nous le pleurons toujours.

     

    Qu'avant de renouer ta vie à d'autres chaînes, 

    Tu détachas du sol où j'avais dû mourir 

    Ces fleurs, et qu'à travers les plus brillantes scènes, 

    De ton abeille encor le deuil vient t'attendrir.

     

    Ils riront : que t'importe ? Ah ! sans mélancolie, 

    Reverras-tu des fleurs retourner la saison ? 

    Leur miel, pour toi si doux, me devint un poison : 

    Quand tu ne l'aimas plus, il fit mal à ma vie.

     

    Enfin, l'été s'incline, et tout va pâlissant : 

    Je n'ai plus devant moi qu'un rayon solitaire, 

    Beau comme un soleil pur sur un front innocent 

    Là-bas . . . c'est ton regard : il retient à la terre !

    Marceline Desbordes-Valmore. 

     

     

     


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  • Blog 24-10-15 1

     

     

     

     

    Le pic-vert est très délicat.

    Il frappe quatre coups de bec.

    Le ver répond qu’il n’est pas là.

    Le pic s’entête et d’un coup de bec

    Gobe le petit ver qui n’est pas là.

     

    Claude Roy

     

     

     

    Blog 24-10-15 2

     

     

    Tap-Tap, le pivert.

     

    - Quand cesseras-tu de taper sur les arbres, Pivert ?

     

    Tu tapes l'été, tu tapes l'hiver. Toute l'année, tu tapes.

     

    Et toujours avec ton bec.

     

    - L'hiver, je tape sur les pommes de pin pour en faire sortir les graines. 

     

    L'été, je tape sur les troncs pour chasser les chenilles qui dévorent l'écorce des arbres.

     

    C'est au printemps que je suis le plus occupé : je cherche des trous pour faire un nid à mes petits. 

     

    Je joue du tambour sur les arbres secs, pour rendre jaloux mes compagnons.

     

    Tu vois, je travaille toute l'année.

     

     

     

    D'après un conte russe de Nicolas Stadkov ' Les murmures de la forêt '

     

     


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  • Frappes régulières,

    Caché derrière

    Branches nourricières,

    Pas de mystère,

    Bonjour pic-vert !

    Posé par terre,

    Vert militaire,

    Plus ou moins clair,

    Tête rouge altière,

    C’est mon pic-vert !

    Bec long très fier

    Sûr comme des serres,

    Il exaspère

    Les fourmilières,

    Mon beau pic-vert !

    Puis il s’affaire,

    Pour son dessert,

    Sur un tronc vert,

    La queue en l’air…

    Salut pic-vert !

     

    Mon beau pic-vert posé par terre.

     

     

    Mon beau pic-vert sur un tronc.

     


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  • FAIRE FACE À LA RÉALITÉ

    Plusieurs d’entre nous restons parfois longtemps dans la phase enfantine, où nous souhaitons inconsciemment que d’autres que nous prennent les décisions à notre place, gèrent les problèmes pour nous, et règlent les difficultés comme nos parents le faisaient pour nous dans notre enfance.

    Mais voilà, nous ne sommes plus des enfants! Notre difficulté parfois à faire face à la réalité est empreinte de peurs irraisonnées, comme si le fait de nous assumer pleinement et de devenir enfin adultes allait créer un raz-de marée dans notre vie! Nous craignons que si nous osons prendre enfin notre place, les autres ne nous aimeront plus, qu’ils seront en colère, que nous allons perdre quelque chose.

    Au contraire, nous ne perdrons jamais rien à prendre notre place, à faire face à la réalité et à nous affirmer : c’est en ne le faisant pas que nous perdons le plus : nous NOUS perdons! Il est impossible d’être vraiment authentiques si nous n’osons pas nous affirmer. Il est impossible d’être nous-mêmes si nous n’osons pas prendre notre place. Et il est impossible d’être heureux si nous n’affrontons pas notre réalité.

    Car aussi loin que nous essayons de fuir notre réalité, de ne pas y faire face, de ne pas l’assumer, elle nous rattrape TOUJOURS. Et plus nous longtemps nous la fuyons, plus douloureuses sont les retrouvailles!

    Prendre notre place, nous affirmer et faire face à la réalité demandent du courage, certes. Mais pourtant, ce n’est JAMAIS aussi pire que ce que nos peurs, alimentées par notre ego, essaient de nous faire croire. Ce n’est pas ce mur immense que nous imaginons devoir franchir, c’est tellement beaucoup plus simple que cela.

    Car il s’agit en fait d’un premier pas, un tout petit premier pas à poser pour que nous apprenions enfin à nous tenir debout. Commençons par nous affirmer devant des situation banales, prenons notre place dans les événements peu importants, entraînons notre esprit à faire face aux réalités simples et nous développerons petit à petit le muscle du courage que nous avons laissé s’atrophier depuis trop longtemps, parfois depuis toujours.

    Et puis un jour, nous nous tiendrons debout face à la réalité, entièrement, complétement et authentiquement. Nous saurons alors, au plus profond de nous, que rien ne peut jamais nous détruire sans notre accord. C’est ce jour-là que nous ferons le plus grand pas pour être enfin nous-mêmes!

     Diane Gagnon - Auteur, Coach, Conférencière.

     

     


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  • 2 longues branches percent le ciel en ramures qui serpentent, de mille cloches rouges ! Des grains en cerises ! Des fleurs en boutons ! Des baies de fruits rouges allant de la groseille à la mure sauvage, dans les couleurs gourmandes, éclatantes, de candeurs acidulées et de fraîcheurs reposantes ! Les berges d'un lac, dormeur et dormant ! Les rives bordées de près, par des haies en facines ! Au loin, le charme songeur engagé, d'un lointain coquin, nous fait de l'œil ! Un regard attentionné, mi provocateur, mi raisonné ! Un soleil chante le coucher ! Un soleil se couche en chantonnant, discret et timide, en codes secrets ! L'astre baisse d'intensité ! Là bas, dans le lointain, des ombres se posent sur une surface liquide en miroir jusqu'à nous éprouver, nous émouvoir, nous interpeler ! L'ambre tenace argentée est une richesse en concert ! Le soleil en tenue orange se meurt jusqu'au sang ! Et nous saluons les larmes de ses bons sentiments ! Un étang sans mouvement ! Un trop plein de soleil couchant ! Des regards sombres et lumières en rouge intrigant ! Le bocage d'un lieu naturel fait la part belle à ce soleil reluisant ! Passeport d'oubli contre l'ennui ! Entretien d'un soir ! Confidence en confiance d'une belle unité ! Le coeur se remplit de joie et de douces sensations ! Un temps palpitant bascule et l'on voudrait que la vie qui circule face sa ponctuation, en points virgules ! En majuscules ! En tendres caresses de bien être minuscules ! Que les cigales se congratulent ! Que les oiseaux en repères loin de toutes répètes stridulent ! Que les touristes en émoi abandonnent leurs fascicules ! Que les ânes deviennent mules ! Que nombre de funambules s'abandonnent en somnambules ! Car la nature est belle et splendide comme papillon et libellule en histoire tonitruante qui fabule ! Bonne nuit Amis du soir ! Bonsoir joli soleil adoré ! Bonne fin de soirée a tous, en conciliabules !

     Marc Herranz.

     

     


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