• Le temps n’a point pâli ta souveraine image

     

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     Charles GUÉRIN 

     

    Recueil : "L'homme intérieur" 

     

     

     

    Le temps n’a point pâli ta souveraine image :

     Telle qu’un jour d’été, jadis, tu m’apparus,

     Debout, battant du linge au bord d’un sarcophage,

     Je te revois, fille aux bras nus.

     

    C’est dans une prairie où la chaleur frissonne,

     Où, comme un brasier vert, l’herbe s’incline au vent.

     Un platane robuste à la belle couronne

     T’abrite du soleil brûlant.

     

    Je t’observe à travers les branches d’une haie.

     Sur l’auge de granit tu presses tes genoux ;

     Du bruit de ton battoir l’écho prochain s’égaie,

     Et l’eau rejaillit sous tes coups.

     

    La palette de bois s’abat, et tu te penches ;

     Ton bras monte, une part de ta gorge le suit,

     Et dans ce mouvement ta chemise sans manches

     Découvre l’aisselle qui luit.

     

    Un rayon de soleil mystérieux se traîne

     Sous le feuillage où flotte un tendre clair-obscur.

     Les toiles que tes mains trempent dans la fontaine

     Sortent ruisselantes d’azur.

     

    Et moi, le front soumis à l’immense lumière,

     J’assiste avec un plein transport de volupté

     Aux gestes que tu fais dans l’ombre, lavandière

     Ignorante de ta beauté.

     

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    Silence

     

    Poète : Albert Samain (1858-1900)

     

    Recueil : Au jardin de l'infante (1893).

     

     

    Le silence descend en nous, 

    Tes yeux mi-voilés sont plus doux ; 

    Laisse mon cœur sur tes genoux.

     

    Sous ta chevelure épandue 

    De ta robe un peu descendue 

    Sort une blanche épaule nue.

     

    La parole a des notes d'or ; 

    Le silence est plus doux encor, 

    Quand les cœurs sont pleins jusqu'au bord.

     

    Il est des soirs d'amour subtil, 

    Des soirs où l'âme, semble-t-il, 

    Ne tient qu'à peine par un fil...

     

    Il est des heures d'agonie 

    Où l'on rêve la mort bénie 

    Au long d'une étreinte infinie.

     

    La lampe douce se consume ; 

    L'âme des roses nous parfume. 

    Le Temps bat sa petite enclume.

     

    Oh ! s'en aller sans nul retour, 

    Oh ! s'en aller avant le jour, 

    Les mains toutes pleines d'amour !

     

    Oh ! s'en aller sans violence, 

    S'évanouir sans qu'on y pense 

    D'une suprême défaillance...

     

    Silence !... Silence !... Silence !...

    Albert Samain. 

     


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    Silence et nuit des bois

     

    Poète : René-François Sully Prudhomme (1839-1907)

     

    Recueil : Les solitudes (1869).

     

     

    Il est plus d'un silence, il est plus d'une nuit, 

    Car chaque solitude a son propre mystère : 

    Les bois ont donc aussi leur façon de se taire 

    Et d'être obscurs aux yeux que le rêve y conduit.

     

    On sent dans leur silence errer l'âme du bruit, 

    Et dans leur nuit filtrer des sables de lumière. 

    Leur mystère est vivant : chaque homme à sa manière 

    Selon ses souvenirs l'éprouve et le traduit.

     

    La nuit des bois fait naître une aube de pensées ; 

    Et, favorable au vol des strophes cadencées, 

    Leur silence est ailé comme un oiseau qui dort.

     

    Et le cœur dans les bois se donne sans effort : 

    Leur nuit rend plus profonds les regards qu'on y lance, 

    Et les aveux d'amour se font de leur silence.

     

    René-François Sully Prudhomme. 

     


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    Paroles dans l'ombre

     

     

    Elle disait : C'est vrai, j'ai tort de vouloir mieux ; 

    Les heures sont ainsi très doucement passées ; 

    Vous êtes là ; mes yeux ne quittent pas vos yeux, 

    Où je regarde aller et venir vos pensées. 

     

    Vous voir est un bonheur ; je ne l'ai pas complet. 

    Sans doute, c'est encor bien charmant de la sorte ! 

    Je veille, car je sais tout ce qui vous déplaît, 

    À ce que nul fâcheux ne vienne ouvrir la porte ; 

     

    Je me fais bien petite, en mon coin, près de vous ; 

    Vous êtes mon lion, je suis votre colombe ; 

    J'entends de vos papiers le bruit paisible et doux ; 

    Je ramasse parfois votre plume qui tombe ; 

     

    Sans doute, je vous ai ; sans doute, je vous vois. 

    La pensée est un vin dont les rêveurs sont ivres, 

    Je le sais ; mais, pourtant, je veux qu'on songe à moi. 

    Quand vous êtes ainsi tout un soir dans vos livres, 

     

    Sans relever la tête et sans me dire un mot, 

    Une ombre reste au fond de mon coeur qui vous aime ; 

    Et, pour que je vous voie entièrement, il faut 

    Me regarder un peu, de temps en temps, vous-même. 

     

     

     

    Victor Hugo

     Les contemplations

     

     


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    L'abeille

     

    Poète : Louise Ackermann (1813-1890)

     

    Recueil : Contes et poésies (1863).

     

     

    Quand l'abeille, au printemps, confiante et charmée, 

    Sort de la ruche et prend son vol au sein des airs, 

    Tout l'invite et lui rit sur sa route embaumée. 

    L'églantier berce au vent ses boutons entr'ouverts ; 

    La clochette des prés incline avec tendresse 

    Sous le regard du jour son front pâle et léger.

     

    L'abeille cède émue au désir qui la presse ; 

    Elle aperçoit un lis et descend s'y plonger. 

    Une fleur est pour elle une mer de délices. 

    Dans son enchantement, du fond de cent calices 

    Elle sort trébuchant sous une poudre d'or. 

    Son fardeau l'alourdit, mais elle vole encor. 

    Une rose est là-bas qui s'ouvre et la convie ; 

    Sur ce sein parfumé tandis qu'elle s'oublie, 

    Le soleil s'est voilé. Poussé par l'aquilon, 

    Un orage prochain menace le vallon. 

    Le tonnerre a grondé. Mais dans sa quête ardente 

    L'abeille n'entend rien, ne voit rien, l'imprudente ! 

    Sur les buissons en fleur l'eau fond de toute part ; 

    Pour regagner la ruche il est déjà trop tard. 

    La rose si fragile, et que l'ouragan brise, 

    Referme pour toujours son calice odorant ; 

    La rose est une tombe, et l'abeille surprise 

    Dans un dernier parfum s'enivre en expirant.

     

    Qui dira les destins dont sa mort est l'image ? 

    Ah ! combien parmi nous d'artistes inconnus, 

    Partis dans leur espoir par un jour sans nuage, 

    Des champs qu'ils parcouraient ne sont pas revenus ! 

    Une ivresse sacrée aveuglait leur courage ; 

    Au gré de leurs désirs, sans craindre les autans, 

    Ils butinaient au loin sur la foi du printemps. 

    Quel retour glorieux l'avenir leur apprête ! 

    À ces mille trésors épars sur leur chemin 

    L'amour divin de l'art les guide et les arrête : 

    Tout est fleur aujourd'hui, tout sera miel demain. 

    Ils revenaient déjà vers la ruche immortelle ; 

    Un vent du ciel soufflait, prêt à les soulever. 

    Au milieu des parfums la Mort brise leur aile ; 

    Chargés comme l'abeille, ils périssent comme elle 

    Sur le butin doré qu'ils n'ont pas pu sauver.

    Louise Ackermann. 

     


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    Titre : Le Silence

     

    Poète : Maurice Rollinat (1846-1903)

     

    Recueil : Les névroses (1883).

     

     

    À Mademoiselle A. H.

     

     

    Le silence est l'âme des choses 

    Qui veulent garder leur secret. 

    Il s'en va quand le jour paraît, 

    Et revient dans les couchants roses.

     

    Il guérit des longues névroses, 

    De la rancune et du regret. 

    Le silence est l'âme des choses 

    Qui veulent garder leur secret.

     

    À tous les parterres de roses 

    Il préfère un coin de forêt 

    Où la lune au rayon discret 

    Frémit dans les arbres moroses : 

    Le silence est l'âme des choses.

    Maurice Rollinat. 

     


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    Georges RODENBACH   (1855-1898)

     

     

    Toute une vie en nous, non visible, circule

     

     

     

    Toute une vie en nous, non visible, circule 

     

    Et s'enchevêtre en longs remous intermittents ; 

     

    Notre âme en est variable comme le temps ; 

     

    Tantôt il y fait jour et tantôt crépuscule, 

     

    Selon de brefs et de furtifs dérangements 

     

    Tels que ceux du feuillage et des étangs dormants. 

     

    Pourquoi ces accès d'ombre et ces accès d'aurore 

     

    Dans ces zones de soi que soi-même on ignore ? 

     

    Qu'est-ce qui s'accomplit, qu'est-ce qui se détruit ? 

     

    Mais, qu'il fasse aube ou soir dans notre âme immobile, 

     

    La même vie occulte en elle se poursuit, 

     

    Comme la mer menant son oeuvre sous une île !

     

     

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    Charles VAN LERBERGHE (1861-1907)

     

    Recueil : La chanson d'Eve

     

     

     

     

     

     

    Dans un parfum de roses blanches 

     

    Dans un parfum de roses blanches 

    Elle est assise et songe ; 

    Et l'ombre est belle comme s'il s'y mirait un ange.

     

    Le soir descend, le bosquet dort ; 

    Entre ses feuilles et ses branches, 

    Sur le paradis bleu s'ouvre un paradis d'or.

     

    Sur le rivage expire un dernier flot lointain. 

    Une voix qui chantait, tout à l'heure, murmure. 

    Un murmure s'exhale en haleine, et s'éteint.

     

    Dans le silence il tombe des pétales.....

     

     

     

     

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  •  Tristan Klingsor – La Fleur sèche

     

        J’avais ouvert un vieux bouquin poudreux

    De Poèmes anciens et romanesques, ce matin,

    À la page marquée d’une fleur sèche de thym,

    Que nous avons, chère souris, souvent lue tous deux.

     

    Je rêvais doucement de celle

    Que tu sais bien et qui partit je ne sais où,

    Séduite sans doute par l’escarcelle

    D’un vieil amoureux radoteur et fou.

     

    Je regardais la lune au travers des branches

    D’un cerisier mort qu’on n’a pas abattu,

    Quand la bise, je crois, ou ma manche

    Tourna la page rongée par tes dents pointues.

     

    Est-ce le simple froissement du papier,

    Ou quelque autre mystérieuse cause,

    Qui te fit sauver ainsi, à pieds

    Légers, à pieds fourrés de bas gris et roses ?

     

    Est-ce cela vraiment ? Ou d’avoir vu la lumière

    Hésitante du jour qui se lève,

    Qui te fit fuir, chère souris coutumière,

    Comme mon rêve, comme mon rêve...

     

     

     

     

     


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  • Sabine,

    je t'ai piqué ta photo

    pas le temps d'en chercher une autre

    suis débordée

    j'ai trop de boulot...

    suis encore en travaux dans mon appartement

    et cette fois , nous partons jusqu'à début aout habiter chez notre fille pendant qu'elle est en vacances...

    (à 20 mètres de chez nous) 

    bisous à tous et toutes

    à bientôt peut être...(si je résiste...)

     

     


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    Georges RODENBACH (1855-1898)

     

    Recueil : Le miroir du ciel natal

     

     

     

    La lampe dans la chambre ...

     

    La lampe dans la chambre est une rose blanche

    Qui s'ouvre tout à coup au jardin gris du soir ;

    Son reflet au plafond dilate un halo noir

    Et c'est assez pour croire un peu que c'est dimanche.

     

    La lampe dans la chambre est une lune blanche

    Qui fait fleurir dans les miroirs des nénuphars ;

    On ne sait plus quel jour il est, ni s'il est tard,

    Sauf qu'on est doux comme à la fin d'un beau dimanche.

     

    Sourire de la lampe en sa dentelle blanche

    Qu'on dirait une coiffe où dorment des cheveux ;

    Lampe amicale aux lents regards d'un calme feu

    Qui donne à l'air de chaque soir l'air du dimanche.

     

     

     

     


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    Félix ARVERS (1806-1850)

     

    Recueil : Mes heures perdues

     

     

     

     

    Sonnet

     

    Mon âme a son secret, ma vie a son mystère,

    Un amour éternel en un moment conçu :

    Le mal est sans espoir, aussi j'ai dû le taire,

    Et celle qui l'a fait n'en a jamais rien su.

     

    Hélas ! j'aurai passé près d'elle inaperçu,

    Toujours à ses côtés, et pourtant solitaire.

    Et j'aurai jusqu'au bout fait mon temps sur la terre,

    N'osant rien demander et n'ayant rien reçu.

     

    Pour elle, quoique Dieu l'ait faite douce et tendre,

    Elle suit son chemin, distraite et sans entendre

    Ce murmure d'amour élevé sur ses pas.

     

    À l'austère devoir, pieusement fidèle,

    Elle dira, lisant ces vers tout remplis d'elle

    " Quelle est donc cette femme ? " et ne comprendra pas.

     

     

     

     

     

     


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  •  NUIT SEREINE

     

     

     

                  Le soleil se consume sur l’horizon jaunâtre, rejetant pour un temps la nuit de velours noir. Un vol de sansonnets, en rondes infernales, dessine sur le ciel des arabesques folles. Hallucinant ballet, errance vaine, à contre jour.

     

                Le crépuscule naissant chasse les importuns. L’obscurité se fait, et la lune, en maraude, glisse un œil indiscret sur la terre qui s’endort. Goguenarde, elle se gausse des étoiles coquines qui de loin la hèlent sans pudeur. Le silence s’impose, royal !

     

                Les ombres de la nuit, inquiétantes, envahissent l’espace

     

                Une chouette, éperdue, entonne sa complainte tandis que le rossignol, à la voix cristalline, lui répond et lance ses trilles et triolets. Discret, le vent chantonne doucement et fait bruire les feuilles du grand chêne séculaire. Dans la mare voisine, une grenouille enrouée coasse à contretemps. Enamourée, elle attend son Prince Charmant. Solitaire et hargneux, le crapaud siffle sa réprobation.

     

                Un bref glapissement ! Le renard part en chasse. Dans le lointain, avec des cris déchirants, des matous en rut s’affrontent pour une belle, tandis qu’un chien mal éveillé hurle à la lune.

     

     

     

                     Tout n’est que bruissements, murmures, chuchotements, babillages, soupirs, gémissements. Mais,

     

     

     

     Les étoiles, déjà, une à une, s’éteignent. Les joyeux noctambules, harassés, se taisent.

     

                Dans son lit de nuages diaprés par les premiers rayons du soleil la lune va se reposer.

     

                Le jour est là !

     

     

     

                                                               Marcelle Betbeder

     


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  • Le jardin mouillé

     

    La croisée est ouverte; il pleut

    Comme minutieusement,

    À petit bruit et peu à peu,

    Sur le jardin frais et dormant. 

     

    Feuille à feuille, la pluie éveille

    L'arbre poudreux qu'elle verdit;

    Au mur, on dirait que la treille

    S'étire d'un geste engourdi. 

     

    L'herbe frémit, le gravier tiède

    Crépite et l'on croirait là-bas

    Entendre sur le sable et l'herbe

    Comme d'imperceptibles pas. 

     

    Le jardin chuchote et tressaille,

    Furtif et confidentiel;

    L'averse semble maille à maille

    Tisser la terre avec le ciel. 

     

    Il pleut, et les yeux clos, j'écoute,

    De toute sa pluie à la fois,

    Le jardin mouillé qui s'égoutte

    Dans l'ombre que j'ai faite en moi.

     

    Henri de Régnier


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  • La rose

     

     

     

    Imitation de Walter-Scott

     

     

     

    Aux derniers feux du jour, solitaire et pensive,

     

    J'errais sur le rivage, et mon oeil incertain

     

    Suivait au loin, des flots la course fugitive,

     

    Image du destin.

     

     

     

    Entre mes doigts distraits une rose pressée

     

    S'échappe, et roule au sein du torrent écumeux;

     

    Bientôt la tendre fleur, sur l'onde balancée,

     

    S'éloigne de mes yeux.

     

     

     

    Elle fuit, elle fuit; cette douce victime

     

    Glisse sans résister et sans prévoir son sort;

     

    Doit-elle, hélas! périr dans un profond abîme,

     

    Ou rencontrer un port?

     

     

     

    Un jeune coeur, ainsi se livre à la tendresse,

     

    Et suit les mouvements dont il est agité.

     

    L'infortuné se croit conduit par son ivresse

     

    A la félicité.

     

     

     

    Mais la rose, bientôt par le torrent brisée,

     

    Sur de funestes bords se fane sans retour.

     

    Et la jeune beauté, triste et désabusée,

     

    Déplore son amour.

     

     

     

    Juin 1822 (à l'âge de 17 ans)

     

     LUCIE PIGACHE COUEFFIN 

    (1805 -1887)

     


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  • La Chanson du feuillage

     

      

     

     

     

    Gabriel Monavon — La Muse des familles (1857)

     

     

     

     

     

    Je suis la riante couronne,

     Le voile frais et parfumé

     Dont le front des bois s’environne

     Aux rayons du soleil de mai.

     

    Je suis la verte chevelure

     Qui, sur les branchages mouvants,

     Se joue, ondoyante parure,

     Aux caprices ailés des vents

     

    Avec moins de charme et de grâce

     Flottent, sur un cou virginal,

     Les longues tresses où s’enlace

     La fleur de l’hymen ou du bal

     

    Dans mes roseaux, lyre sonore

     Qui s’anime au souffle des airs

     Les voix du soir et de l’aurore

     S’exhalent en divins concerts

     

    Qu’ils sont enchanteurs les murmures

     Que je chuchote à petit bruit,

     Alors qu’à travers les ramures

     La brise voltige et s’enfuit !...

     

    Non, Philomèle qui soupire

     Sa romance au tomber du jour

     Et dont chaque note respire

     La mélancolie et l’amour,

     

    Ne fait pas, à sa voix touchante

     Vibrer de plus charmants échos

     Que le rameau touffu qui chante

     Au vent du soir avec les eaux.

     

    Tantôt ces rumeurs étouffées,

     Ces frémissements passagers

     Rappellent la ronde des fées,

     Ou le vol des sylphes légers ;

     

    Tantôt à l’oreille attentive,

     On dirait le faible soupir

     D’une ombre affligée et craintive

     Qui sollicite un souvenir

     

    Et quelle puissante harmonie

     Sort des chênes ou des sapins

     Balançant leur plainte infinie,

     Pareille au bruit des flots lointains !

     

    À ce roulis qui se prolonge

     Et résonne avec majesté,

     L’âme se recueille et se plonge

     Dans des rêves d’immensité

     

    Je suis le mobile feuillage

     Qui, sur l’onde au limpide azur,

     Jette ses mystères d’ombrage

     Comme un voile sur un front pur

     

    J’arrondis en voûtes discrètes

     Les berceaux gracieux et frais,

     Dômes riants, calmes retraites,

     Vertes alcôves des forêts...

     

    De ses pleurs l’aube printanière

     Me verse l’humide trésor,

     Perles d’argent que la lumière

     Métamorphose en perles d’or.

     

    Mol essaim, troupe blanche et douce,

     Les songes d’or, sous mes arceaux,

     Se bercent en des nids de mousse

     À côté du nid des oiseaux.

     

    De mes éventails de verdure

     Pleut une sereine douceur,

     Qui rend l’allégresse plus pure

     Et moins amère la douleur.....

     

    Et la divine poésie,

     Manne enchanteresse du ciel,

     En pures gouttes d’ambroisie,

     Pend aux rameaux avec le miel !...

     

    Au printemps, je suis d’un vert tendre ;

     L’été vient hâler ma couleur ;

     La pâle automne me fait prendre

     Les mille tons de sa pâleur.....

     

    Et l’hiver, de sa froide haleine,

     Bien loin des bois découronnés,

     Disperse et chasse dans la plaine

     Mes débris errants et fanés.

     

    Homme ! en moi tu trouves l’image

     De ton éphémère destin.....

     Ainsi qu’une oasis d’ombrage,

     Ta vie est belle à son matin ;

     

    Elle rit aux saisons fertiles.....

     Puis viennent l’automne et l’hiver

     Effeuillant ses rameaux débiles

     Au sentier de débris couvert.....

     

    Et la dernière feuille tombe

     De la couronne de tes jours.....

     C’en est fait !... le vent de la tombe

     Te touche et t’abat pour toujours !.....

     

    Ainsi l’homme, ainsi le feuillage

     Jonchent ensemble le chemin,

     Emportés au souffle de l’âge,

     Hélas ! entre hier et demain !

     

    Mais bientôt avril, à la terre,

     Va rendre ses verts ornements,

     Aux bois leurs tranquilles mystères,

     Aux doux nids leurs abris charmants.....

     

    Et de nouveau, sur la feuillée,

     Mille reflets vont resplendir.....

     Tandis que ta vie effeuillée,

     Ô mortel ! ne peut reverdir !.....

     


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  •  Solitude

     

     

     

    Solitude, sais-tu pourquoi je t'aime ?

     

    Solitude, sais-tu pourquoi je t'attends ?

     

    Solitude, sais-tu pourquoi je t'espère ?

     

    Solitude, sais-tu pourquoi je t'ai apprise ?

     

     

     

    En toi, je trouve le refuge face au regard étranger,

     

    En toi, je trouve le silence face à l'inexplicable,

     

    En toi, je trouve la paix face à l'épuisement,

     

    En toi, je trouve celle que je suis devenue.

     

     

     

    Avec toi, j'ai parcouru des chemins inconnus,

     

    Avec toi, j'ai parcouru l'espoir et la désespérance,

     

    Avec toi, j'ai parcouru la vie et sa souffrance,

     

    Avec toi, j'ai appris à tout réapprendre.

     

     

     

    Alors, Solitude, quand ma main tu lâcheras 

     

    Et qu'une main nouvelle viendra se tendre,

     

    Alors, Solitude, vers toi mon cœur reviendra,

     

    Car pour Aimer, il faut savoir attendre.

     

     

     

    Elisabeth LAFONT

     

     

     

     

     

    Un merveilleux poème sur la solitude...Je l'ai lu et relu...et je le partage car il est aussi un message d'espoir...

     

     

    une jolie pivoine qui sert d'oreiller (profite petit, le patron est parti)

     


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  • Je méditais; soudain le jardin se révèle

    Et frappe d'un seul jet mon ardente prunelle.

    Je le regarde avec un plaisir éclaté;

    Rire, fraîcheur, candeur, idylle de l'été!

    Tout m'émeut, tout me plaît, une extase me noie,

    J'avance et je m'arrête; il semble que la joie

    Etait sur cet arbuste et saute dans mon coeur!

    Je suis pleine d'élan, d'amour, de bonne odeur,

    Et l'azur à mon corps mêle si bien sa trame

    Qu'il semble brusquement, à mon regard surpris,

    Que ce n'est pas ce pré, mais mon oeil qui fleurit

    Et que, si je voulais, sous ma paupière close

    Je pourrais voir encor le soleil et la rose.

    "Les Eblouissements"

     

     

    Anna de Noailles

    (1876-193 Après trois ans)

     


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  •  Histoire D'amour Impossible

     

     

     

     Mon Dieu qu'il est difficile de vivre au quotidien 

     

     

    Garder le secret de ce bel amour lointain

     

     

    Mon cœur est partagé entre Bonheur et Chagrin 

    Et ne peut ignorer qu'il est sans lendemain

     

     

    Personne ne peut imaginer l'Amour que j'ai pour Lui 

    Mes larmes je ne peux retenir, j'ai si peur qu'il m'oublie

     

     

    L'Amour est si beau quand on le vit à Deux 

    Ce n'est pas notre cas - Comment être heureux

     

    J'aimerai vivre à ses côtés ce grand Amour 

    Le posséder et le chérir pour toujours

     

     

    Mais Impossible de vivre avec Lui 

    Et Impossible de vivre sans Lui

     

     

    Mon Amour mes pensées te sont dédiées 

    Saches que nos destins sont à jamais liés

     

     

    Tu es mon Inspiration - Tu es ma Folie 

    Mais cet Amour fou a bouleversé ma vie

     

     

    Nous ne pourrons Jamais nous aimer au grand jour 

    Pourtant tu es ma Vie -mon véritable amour

     

     

    Ce sentiment me remplit de Bonheur 

      Mais, mon coeur à cette frustration, pleure

     

     

    Pourtant ton Cœur a su me prendre 

    De lui, je ne peux m'en défendre

     

     

    Ton âme a su me faire écrire

    Tous ces Mots que je ne peux te dire

     

     

    Il faut que j'arrête de pleurer 

     

     

    De penser que la vie est un miroir Brisé

     

     

    Je ne veux pas que cet Amour ne soit qu'un rêve 

    Mon Dieu - Accordez nous une trêve

     

     

    Comment faire pour qu'il devienne Réalité 

     

    Pour nous permettre Enfin de nous aimer

     

     

     

     

     

    Auteur(e)  Josephe  Copywright

     


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  •  

    À une robe rose.

     

    •  À une robe rose......

     

     

    Émaux et Camées (1852).

    À une robe rose.

    Que tu me plais dans cette robe 

    Qui te déshabille si bien, 

    Faisant jaillir ta gorge en globe, 

    Montrant tout nu ton bras païen !

     

     

     

    Frêle comme une aile d'abeille, 

    Frais comme un coeur de rose-thé, 

    Son tissu, caresse vermeille, 

    Voltige autour de ta beauté.

     

     

     

    De l'épiderme sur la soie 

    Glissent des frissons argentés, 

    Et l'étoffe à la chair renvoie 

    Ses éclairs roses reflétés.

     

     

     

    D'où te vient cette robe étrange 

    Qui semble faite de ta chair, 

    Trame vivante qui mélange 

    Avec ta peau son rose clair ?

     

     

     

    Est-ce à la rougeur de l'aurore, 

    A la coquille de Vénus, 

    Au bouton de sein près d'éclore, 

    Que sont pris ces tons inconnus ?

     

     

     

    Ou bien l'étoffe est-elle teinte 

    Dans les roses de ta pudeur ? 

    Non ; vingt fois modelée et peinte, 

    Ta forme connaît sa splendeur.

     

     

     

    Jetant le voile qui te pèse, 

    Réalité que l'art rêva, 

    Comme la princesse Borghèse 

    Tu poserais pour Canova.

     

     

     

    Et ces plis roses sont les lèvres 

    De mes désirs inapaisés, 

    Mettant au corps dont tu les sèvres 

    Une tunique de baisers.

     

     

     

     Théophile Gautier (1811-1872).

     


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