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Par lambinettedestmande le 20 Août 2016 à 14:33
Le temps n’a point pâli ta souveraine image
Charles GUÉRIN
Recueil : "L'homme intérieur"
Le temps n’a point pâli ta souveraine image :
Telle qu’un jour d’été, jadis, tu m’apparus,
Debout, battant du linge au bord d’un sarcophage,
Je te revois, fille aux bras nus.
C’est dans une prairie où la chaleur frissonne,
Où, comme un brasier vert, l’herbe s’incline au vent.
Un platane robuste à la belle couronne
T’abrite du soleil brûlant.
Je t’observe à travers les branches d’une haie.
Sur l’auge de granit tu presses tes genoux ;
Du bruit de ton battoir l’écho prochain s’égaie,
Et l’eau rejaillit sous tes coups.
La palette de bois s’abat, et tu te penches ;
Ton bras monte, une part de ta gorge le suit,
Et dans ce mouvement ta chemise sans manches
Découvre l’aisselle qui luit.
Un rayon de soleil mystérieux se traîne
Sous le feuillage où flotte un tendre clair-obscur.
Les toiles que tes mains trempent dans la fontaine
Sortent ruisselantes d’azur.
Et moi, le front soumis à l’immense lumière,
J’assiste avec un plein transport de volupté
Aux gestes que tu fais dans l’ombre, lavandière
Ignorante de ta beauté.
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Par lambinettedestmande le 18 Août 2016 à 11:23
Silence
Poète : Albert Samain (1858-1900)
Recueil : Au jardin de l'infante (1893).
Le silence descend en nous,
Tes yeux mi-voilés sont plus doux ;
Laisse mon cœur sur tes genoux.
Sous ta chevelure épandue
De ta robe un peu descendue
Sort une blanche épaule nue.
La parole a des notes d'or ;
Le silence est plus doux encor,
Quand les cœurs sont pleins jusqu'au bord.
Il est des soirs d'amour subtil,
Des soirs où l'âme, semble-t-il,
Ne tient qu'à peine par un fil...
Il est des heures d'agonie
Où l'on rêve la mort bénie
Au long d'une étreinte infinie.
La lampe douce se consume ;
L'âme des roses nous parfume.
Le Temps bat sa petite enclume.
Oh ! s'en aller sans nul retour,
Oh ! s'en aller avant le jour,
Les mains toutes pleines d'amour !
Oh ! s'en aller sans violence,
S'évanouir sans qu'on y pense
D'une suprême défaillance...
Silence !... Silence !... Silence !...
Albert Samain.
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Par lambinettedestmande le 16 Août 2016 à 11:04
Silence et nuit des bois
Poète : René-François Sully Prudhomme (1839-1907)
Recueil : Les solitudes (1869).
Il est plus d'un silence, il est plus d'une nuit,
Car chaque solitude a son propre mystère :
Les bois ont donc aussi leur façon de se taire
Et d'être obscurs aux yeux que le rêve y conduit.
On sent dans leur silence errer l'âme du bruit,
Et dans leur nuit filtrer des sables de lumière.
Leur mystère est vivant : chaque homme à sa manière
Selon ses souvenirs l'éprouve et le traduit.
La nuit des bois fait naître une aube de pensées ;
Et, favorable au vol des strophes cadencées,
Leur silence est ailé comme un oiseau qui dort.
Et le cœur dans les bois se donne sans effort :
Leur nuit rend plus profonds les regards qu'on y lance,
Et les aveux d'amour se font de leur silence.
René-François Sully Prudhomme.
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Par lambinettedestmande le 14 Août 2016 à 10:52
Paroles dans l'ombre
Elle disait : C'est vrai, j'ai tort de vouloir mieux ;
Les heures sont ainsi très doucement passées ;
Vous êtes là ; mes yeux ne quittent pas vos yeux,
Où je regarde aller et venir vos pensées.
Vous voir est un bonheur ; je ne l'ai pas complet.
Sans doute, c'est encor bien charmant de la sorte !
Je veille, car je sais tout ce qui vous déplaît,
À ce que nul fâcheux ne vienne ouvrir la porte ;
Je me fais bien petite, en mon coin, près de vous ;
Vous êtes mon lion, je suis votre colombe ;
J'entends de vos papiers le bruit paisible et doux ;
Je ramasse parfois votre plume qui tombe ;
Sans doute, je vous ai ; sans doute, je vous vois.
La pensée est un vin dont les rêveurs sont ivres,
Je le sais ; mais, pourtant, je veux qu'on songe à moi.
Quand vous êtes ainsi tout un soir dans vos livres,
Sans relever la tête et sans me dire un mot,
Une ombre reste au fond de mon coeur qui vous aime ;
Et, pour que je vous voie entièrement, il faut
Me regarder un peu, de temps en temps, vous-même.
Victor Hugo
Les contemplations
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Par lambinettedestmande le 12 Août 2016 à 11:38
L'abeille
Poète : Louise Ackermann (1813-1890)
Recueil : Contes et poésies (1863).
Quand l'abeille, au printemps, confiante et charmée,
Sort de la ruche et prend son vol au sein des airs,
Tout l'invite et lui rit sur sa route embaumée.
L'églantier berce au vent ses boutons entr'ouverts ;
La clochette des prés incline avec tendresse
Sous le regard du jour son front pâle et léger.
L'abeille cède émue au désir qui la presse ;
Elle aperçoit un lis et descend s'y plonger.
Une fleur est pour elle une mer de délices.
Dans son enchantement, du fond de cent calices
Elle sort trébuchant sous une poudre d'or.
Son fardeau l'alourdit, mais elle vole encor.
Une rose est là-bas qui s'ouvre et la convie ;
Sur ce sein parfumé tandis qu'elle s'oublie,
Le soleil s'est voilé. Poussé par l'aquilon,
Un orage prochain menace le vallon.
Le tonnerre a grondé. Mais dans sa quête ardente
L'abeille n'entend rien, ne voit rien, l'imprudente !
Sur les buissons en fleur l'eau fond de toute part ;
Pour regagner la ruche il est déjà trop tard.
La rose si fragile, et que l'ouragan brise,
Referme pour toujours son calice odorant ;
La rose est une tombe, et l'abeille surprise
Dans un dernier parfum s'enivre en expirant.
Qui dira les destins dont sa mort est l'image ?
Ah ! combien parmi nous d'artistes inconnus,
Partis dans leur espoir par un jour sans nuage,
Des champs qu'ils parcouraient ne sont pas revenus !
Une ivresse sacrée aveuglait leur courage ;
Au gré de leurs désirs, sans craindre les autans,
Ils butinaient au loin sur la foi du printemps.
Quel retour glorieux l'avenir leur apprête !
À ces mille trésors épars sur leur chemin
L'amour divin de l'art les guide et les arrête :
Tout est fleur aujourd'hui, tout sera miel demain.
Ils revenaient déjà vers la ruche immortelle ;
Un vent du ciel soufflait, prêt à les soulever.
Au milieu des parfums la Mort brise leur aile ;
Chargés comme l'abeille, ils périssent comme elle
Sur le butin doré qu'ils n'ont pas pu sauver.
Louise Ackermann.
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Par lambinettedestmande le 10 Août 2016 à 14:05
Titre : Le Silence
Poète : Maurice Rollinat (1846-1903)
Recueil : Les névroses (1883).
À Mademoiselle A. H.
Le silence est l'âme des choses
Qui veulent garder leur secret.
Il s'en va quand le jour paraît,
Et revient dans les couchants roses.
Il guérit des longues névroses,
De la rancune et du regret.
Le silence est l'âme des choses
Qui veulent garder leur secret.
À tous les parterres de roses
Il préfère un coin de forêt
Où la lune au rayon discret
Frémit dans les arbres moroses :
Le silence est l'âme des choses.
Maurice Rollinat.
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Par lambinettedestmande le 3 Août 2016 à 12:40
Georges RODENBACH (1855-1898)
Toute une vie en nous, non visible, circule
Toute une vie en nous, non visible, circule
Et s'enchevêtre en longs remous intermittents ;
Notre âme en est variable comme le temps ;
Tantôt il y fait jour et tantôt crépuscule,
Selon de brefs et de furtifs dérangements
Tels que ceux du feuillage et des étangs dormants.
Pourquoi ces accès d'ombre et ces accès d'aurore
Dans ces zones de soi que soi-même on ignore ?
Qu'est-ce qui s'accomplit, qu'est-ce qui se détruit ?
Mais, qu'il fasse aube ou soir dans notre âme immobile,
La même vie occulte en elle se poursuit,
Comme la mer menant son oeuvre sous une île !
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Par lambinettedestmande le 29 Juillet 2016 à 19:30
Charles VAN LERBERGHE (1861-1907)
Recueil : La chanson d'Eve
Dans un parfum de roses blanches
Dans un parfum de roses blanches
Elle est assise et songe ;
Et l'ombre est belle comme s'il s'y mirait un ange.
Le soir descend, le bosquet dort ;
Entre ses feuilles et ses branches,
Sur le paradis bleu s'ouvre un paradis d'or.
Sur le rivage expire un dernier flot lointain.
Une voix qui chantait, tout à l'heure, murmure.
Un murmure s'exhale en haleine, et s'éteint.
Dans le silence il tombe des pétales.....
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Par lambinettedestmande le 26 Juillet 2016 à 17:27
Tristan Klingsor – La Fleur sèche
J’avais ouvert un vieux bouquin poudreux
De Poèmes anciens et romanesques, ce matin,
À la page marquée d’une fleur sèche de thym,
Que nous avons, chère souris, souvent lue tous deux.
Je rêvais doucement de celle
Que tu sais bien et qui partit je ne sais où,
Séduite sans doute par l’escarcelle
D’un vieil amoureux radoteur et fou.
Je regardais la lune au travers des branches
D’un cerisier mort qu’on n’a pas abattu,
Quand la bise, je crois, ou ma manche
Tourna la page rongée par tes dents pointues.
Est-ce le simple froissement du papier,
Ou quelque autre mystérieuse cause,
Qui te fit sauver ainsi, à pieds
Légers, à pieds fourrés de bas gris et roses ?
Est-ce cela vraiment ? Ou d’avoir vu la lumière
Hésitante du jour qui se lève,
Qui te fit fuir, chère souris coutumière,
Comme mon rêve, comme mon rêve...
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Par lambinettedestmande le 12 Juillet 2016 à 11:08
Sabine,
je t'ai piqué ta photo
pas le temps d'en chercher une autre
suis débordée
j'ai trop de boulot...
suis encore en travaux dans mon appartement
et cette fois , nous partons jusqu'à début aout habiter chez notre fille pendant qu'elle est en vacances...
(à 20 mètres de chez nous)
bisous à tous et toutes
à bientôt peut être...(si je résiste...)
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Par lambinettedestmande le 9 Juillet 2016 à 14:20
Georges RODENBACH (1855-1898)
Recueil : Le miroir du ciel natal
La lampe dans la chambre ...
La lampe dans la chambre est une rose blanche
Qui s'ouvre tout à coup au jardin gris du soir ;
Son reflet au plafond dilate un halo noir
Et c'est assez pour croire un peu que c'est dimanche.
La lampe dans la chambre est une lune blanche
Qui fait fleurir dans les miroirs des nénuphars ;
On ne sait plus quel jour il est, ni s'il est tard,
Sauf qu'on est doux comme à la fin d'un beau dimanche.
Sourire de la lampe en sa dentelle blanche
Qu'on dirait une coiffe où dorment des cheveux ;
Lampe amicale aux lents regards d'un calme feu
Qui donne à l'air de chaque soir l'air du dimanche.
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Par lambinettedestmande le 5 Juillet 2016 à 19:16
Félix ARVERS (1806-1850)
Recueil : Mes heures perdues
Sonnet
Mon âme a son secret, ma vie a son mystère,
Un amour éternel en un moment conçu :
Le mal est sans espoir, aussi j'ai dû le taire,
Et celle qui l'a fait n'en a jamais rien su.
Hélas ! j'aurai passé près d'elle inaperçu,
Toujours à ses côtés, et pourtant solitaire.
Et j'aurai jusqu'au bout fait mon temps sur la terre,
N'osant rien demander et n'ayant rien reçu.
Pour elle, quoique Dieu l'ait faite douce et tendre,
Elle suit son chemin, distraite et sans entendre
Ce murmure d'amour élevé sur ses pas.
À l'austère devoir, pieusement fidèle,
Elle dira, lisant ces vers tout remplis d'elle
" Quelle est donc cette femme ? " et ne comprendra pas.
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Par lambinettedestmande le 4 Juillet 2016 à 11:13
NUIT SEREINE
Le soleil se consume sur l’horizon jaunâtre, rejetant pour un temps la nuit de velours noir. Un vol de sansonnets, en rondes infernales, dessine sur le ciel des arabesques folles. Hallucinant ballet, errance vaine, à contre jour.
Le crépuscule naissant chasse les importuns. L’obscurité se fait, et la lune, en maraude, glisse un œil indiscret sur la terre qui s’endort. Goguenarde, elle se gausse des étoiles coquines qui de loin la hèlent sans pudeur. Le silence s’impose, royal !
Les ombres de la nuit, inquiétantes, envahissent l’espace
Une chouette, éperdue, entonne sa complainte tandis que le rossignol, à la voix cristalline, lui répond et lance ses trilles et triolets. Discret, le vent chantonne doucement et fait bruire les feuilles du grand chêne séculaire. Dans la mare voisine, une grenouille enrouée coasse à contretemps. Enamourée, elle attend son Prince Charmant. Solitaire et hargneux, le crapaud siffle sa réprobation.
Un bref glapissement ! Le renard part en chasse. Dans le lointain, avec des cris déchirants, des matous en rut s’affrontent pour une belle, tandis qu’un chien mal éveillé hurle à la lune.
Tout n’est que bruissements, murmures, chuchotements, babillages, soupirs, gémissements. Mais,
Les étoiles, déjà, une à une, s’éteignent. Les joyeux noctambules, harassés, se taisent.
Dans son lit de nuages diaprés par les premiers rayons du soleil la lune va se reposer.
Le jour est là !
Marcelle Betbeder
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Par lambinettedestmande le 27 Juin 2016 à 16:58
Le jardin mouillé
La croisée est ouverte; il pleut
Comme minutieusement,
À petit bruit et peu à peu,
Sur le jardin frais et dormant.
Feuille à feuille, la pluie éveille
L'arbre poudreux qu'elle verdit;
Au mur, on dirait que la treille
S'étire d'un geste engourdi.
L'herbe frémit, le gravier tiède
Crépite et l'on croirait là-bas
Entendre sur le sable et l'herbe
Comme d'imperceptibles pas.
Le jardin chuchote et tressaille,
Furtif et confidentiel;
L'averse semble maille à maille
Tisser la terre avec le ciel.
Il pleut, et les yeux clos, j'écoute,
De toute sa pluie à la fois,
Le jardin mouillé qui s'égoutte
Dans l'ombre que j'ai faite en moi.
Henri de Régnier
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Par lambinettedestmande le 22 Juin 2016 à 12:57
La rose
Imitation de Walter-Scott
Aux derniers feux du jour, solitaire et pensive,
J'errais sur le rivage, et mon oeil incertain
Suivait au loin, des flots la course fugitive,
Image du destin.
Entre mes doigts distraits une rose pressée
S'échappe, et roule au sein du torrent écumeux;
Bientôt la tendre fleur, sur l'onde balancée,
S'éloigne de mes yeux.
Elle fuit, elle fuit; cette douce victime
Glisse sans résister et sans prévoir son sort;
Doit-elle, hélas! périr dans un profond abîme,
Ou rencontrer un port?
Un jeune coeur, ainsi se livre à la tendresse,
Et suit les mouvements dont il est agité.
L'infortuné se croit conduit par son ivresse
A la félicité.
Mais la rose, bientôt par le torrent brisée,
Sur de funestes bords se fane sans retour.
Et la jeune beauté, triste et désabusée,
Déplore son amour.
Juin 1822 (à l'âge de 17 ans)
LUCIE PIGACHE COUEFFIN
(1805 -1887)
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Par lambinettedestmande le 14 Juin 2016 à 17:06
La Chanson du feuillage
Gabriel Monavon — La Muse des familles (1857)
Je suis la riante couronne,
Le voile frais et parfumé
Dont le front des bois s’environne
Aux rayons du soleil de mai.
Je suis la verte chevelure
Qui, sur les branchages mouvants,
Se joue, ondoyante parure,
Aux caprices ailés des vents
Avec moins de charme et de grâce
Flottent, sur un cou virginal,
Les longues tresses où s’enlace
La fleur de l’hymen ou du bal
Dans mes roseaux, lyre sonore
Qui s’anime au souffle des airs
Les voix du soir et de l’aurore
S’exhalent en divins concerts
Qu’ils sont enchanteurs les murmures
Que je chuchote à petit bruit,
Alors qu’à travers les ramures
La brise voltige et s’enfuit !...
Non, Philomèle qui soupire
Sa romance au tomber du jour
Et dont chaque note respire
La mélancolie et l’amour,
Ne fait pas, à sa voix touchante
Vibrer de plus charmants échos
Que le rameau touffu qui chante
Au vent du soir avec les eaux.
Tantôt ces rumeurs étouffées,
Ces frémissements passagers
Rappellent la ronde des fées,
Ou le vol des sylphes légers ;
Tantôt à l’oreille attentive,
On dirait le faible soupir
D’une ombre affligée et craintive
Qui sollicite un souvenir
Et quelle puissante harmonie
Sort des chênes ou des sapins
Balançant leur plainte infinie,
Pareille au bruit des flots lointains !
À ce roulis qui se prolonge
Et résonne avec majesté,
L’âme se recueille et se plonge
Dans des rêves d’immensité
Je suis le mobile feuillage
Qui, sur l’onde au limpide azur,
Jette ses mystères d’ombrage
Comme un voile sur un front pur
J’arrondis en voûtes discrètes
Les berceaux gracieux et frais,
Dômes riants, calmes retraites,
Vertes alcôves des forêts...
De ses pleurs l’aube printanière
Me verse l’humide trésor,
Perles d’argent que la lumière
Métamorphose en perles d’or.
Mol essaim, troupe blanche et douce,
Les songes d’or, sous mes arceaux,
Se bercent en des nids de mousse
À côté du nid des oiseaux.
De mes éventails de verdure
Pleut une sereine douceur,
Qui rend l’allégresse plus pure
Et moins amère la douleur.....
Et la divine poésie,
Manne enchanteresse du ciel,
En pures gouttes d’ambroisie,
Pend aux rameaux avec le miel !...
Au printemps, je suis d’un vert tendre ;
L’été vient hâler ma couleur ;
La pâle automne me fait prendre
Les mille tons de sa pâleur.....
Et l’hiver, de sa froide haleine,
Bien loin des bois découronnés,
Disperse et chasse dans la plaine
Mes débris errants et fanés.
Homme ! en moi tu trouves l’image
De ton éphémère destin.....
Ainsi qu’une oasis d’ombrage,
Ta vie est belle à son matin ;
Elle rit aux saisons fertiles.....
Puis viennent l’automne et l’hiver
Effeuillant ses rameaux débiles
Au sentier de débris couvert.....
Et la dernière feuille tombe
De la couronne de tes jours.....
C’en est fait !... le vent de la tombe
Te touche et t’abat pour toujours !.....
Ainsi l’homme, ainsi le feuillage
Jonchent ensemble le chemin,
Emportés au souffle de l’âge,
Hélas ! entre hier et demain !
Mais bientôt avril, à la terre,
Va rendre ses verts ornements,
Aux bois leurs tranquilles mystères,
Aux doux nids leurs abris charmants.....
Et de nouveau, sur la feuillée,
Mille reflets vont resplendir.....
Tandis que ta vie effeuillée,
Ô mortel ! ne peut reverdir !.....
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Par lambinettedestmande le 14 Juin 2016 à 11:30
Solitude
Solitude, sais-tu pourquoi je t'aime ?
Solitude, sais-tu pourquoi je t'attends ?
Solitude, sais-tu pourquoi je t'espère ?
Solitude, sais-tu pourquoi je t'ai apprise ?
En toi, je trouve le refuge face au regard étranger,
En toi, je trouve le silence face à l'inexplicable,
En toi, je trouve la paix face à l'épuisement,
En toi, je trouve celle que je suis devenue.
Avec toi, j'ai parcouru des chemins inconnus,
Avec toi, j'ai parcouru l'espoir et la désespérance,
Avec toi, j'ai parcouru la vie et sa souffrance,
Avec toi, j'ai appris à tout réapprendre.
Alors, Solitude, quand ma main tu lâcheras
Et qu'une main nouvelle viendra se tendre,
Alors, Solitude, vers toi mon cœur reviendra,
Car pour Aimer, il faut savoir attendre.
Elisabeth LAFONT
Un merveilleux poème sur la solitude...Je l'ai lu et relu...et je le partage car il est aussi un message d'espoir...
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Par lambinettedestmande le 11 Juin 2016 à 18:20
Je méditais; soudain le jardin se révèle
Et frappe d'un seul jet mon ardente prunelle.
Je le regarde avec un plaisir éclaté;
Rire, fraîcheur, candeur, idylle de l'été!
Tout m'émeut, tout me plaît, une extase me noie,
J'avance et je m'arrête; il semble que la joie
Etait sur cet arbuste et saute dans mon coeur!
Je suis pleine d'élan, d'amour, de bonne odeur,
Et l'azur à mon corps mêle si bien sa trame
Qu'il semble brusquement, à mon regard surpris,
Que ce n'est pas ce pré, mais mon oeil qui fleurit
Et que, si je voulais, sous ma paupière close
Je pourrais voir encor le soleil et la rose.
"Les Eblouissements"
Anna de Noailles
(1876-193 Après trois ans)
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Par lambinettedestmande le 11 Juin 2016 à 10:54
Histoire D'amour Impossible
Mon Dieu qu'il est difficile de vivre au quotidien
Garder le secret de ce bel amour lointain
Mon cœur est partagé entre Bonheur et Chagrin
Et ne peut ignorer qu'il est sans lendemain
Personne ne peut imaginer l'Amour que j'ai pour Lui
Mes larmes je ne peux retenir, j'ai si peur qu'il m'oublie
L'Amour est si beau quand on le vit à Deux
Ce n'est pas notre cas - Comment être heureux
J'aimerai vivre à ses côtés ce grand Amour
Le posséder et le chérir pour toujours
Mais Impossible de vivre avec Lui
Et Impossible de vivre sans Lui
Mon Amour mes pensées te sont dédiées
Saches que nos destins sont à jamais liés
Tu es mon Inspiration - Tu es ma Folie
Mais cet Amour fou a bouleversé ma vie
Nous ne pourrons Jamais nous aimer au grand jour
Pourtant tu es ma Vie -mon véritable amour
Ce sentiment me remplit de Bonheur
Mais, mon coeur à cette frustration, pleure
Pourtant ton Cœur a su me prendre
De lui, je ne peux m'en défendre
Ton âme a su me faire écrire
Tous ces Mots que je ne peux te dire
Il faut que j'arrête de pleurer
De penser que la vie est un miroir Brisé
Je ne veux pas que cet Amour ne soit qu'un rêve
Mon Dieu - Accordez nous une trêve
Comment faire pour qu'il devienne Réalité
Pour nous permettre Enfin de nous aimer
Auteur(e) Josephe Copywright
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Par lambinettedestmande le 27 Mai 2016 à 15:06
À une robe rose.
Émaux et Camées (1852).
À une robe rose.
Que tu me plais dans cette robe
Qui te déshabille si bien,
Faisant jaillir ta gorge en globe,
Montrant tout nu ton bras païen !
Frêle comme une aile d'abeille,
Frais comme un coeur de rose-thé,
Son tissu, caresse vermeille,
Voltige autour de ta beauté.
De l'épiderme sur la soie
Glissent des frissons argentés,
Et l'étoffe à la chair renvoie
Ses éclairs roses reflétés.
D'où te vient cette robe étrange
Qui semble faite de ta chair,
Trame vivante qui mélange
Avec ta peau son rose clair ?
Est-ce à la rougeur de l'aurore,
A la coquille de Vénus,
Au bouton de sein près d'éclore,
Que sont pris ces tons inconnus ?
Ou bien l'étoffe est-elle teinte
Dans les roses de ta pudeur ?
Non ; vingt fois modelée et peinte,
Ta forme connaît sa splendeur.
Jetant le voile qui te pèse,
Réalité que l'art rêva,
Comme la princesse Borghèse
Tu poserais pour Canova.
Et ces plis roses sont les lèvres
De mes désirs inapaisés,
Mettant au corps dont tu les sèvres
Une tunique de baisers.
Théophile Gautier (1811-1872).
4 commentaires
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